Risque de pollution à l’acide sulfurique au large de Bastia entre Corse et Toscane

Un drôle de silence des autorités

On apprenait une semaine plus tard, grâce aux journaux italiens, que le 2 décembre dernier, un navire battant pavillon italien pris dans une tempête, perdait en mer une partie de sa cargaison (quatre semi-remorques) dont une citerne de 28.000 litres d’acide sulfurique, produit hautement toxique ! Rappelons que nous sommes à proximité ou peut-être dans le sanctuaire Pelagos de protection des cétacés, au large du Parc marin international du Cap Corse…

 

 

Les conteneurs ont coulé à quelques 900 mètres de profondeur dans une zone pas vraiment identifiée. Une enquête a été ouverte et le capitaine et l’armateur du navire Grimaldi Lines, Eurocargo Malta, ont été entendus.

Immédiatement, le député de Haute-Corse Jean Félix Acquaviva réagissait : « cette nouvelle ne peut pas ne pas éveiller dans l’esprit des Corses le souvenir des boues rouges. En tant que député de la Corse, j’interpellerai le gouvernement sur cet épisode et ses conséquences sur le plan environnemental et sur le manque d’information depuis le 2 décembre ».

Dénonçant le « défaut d’information », il ajoutait : « il est évident que nous ne pouvons pas en rester là… il faudra bien, notamment dans le processus institutionnel d’une plus grande autonomie pour la Corse, qu’en liaison avec la région Toscane, la Ligurie, la Sardaigne, sur la question transfrontalière de gestion environnementale maritime en Méditerranée et en mer Thyrénienne, il y ait des procédures, avec une participation active des collectivités territoriales pour que l’on puisse maîtriser ces dangers à l’avenir ».

Femu a Corsica faisait paraître pour sa part le communiqué ci-contre. Même réaction ferme du côté de Core in Fronte et du PNC.

 

L’acide sulfurique est un produit dangereux, corrosif et irritant pour la peau, les yeux, le système respiratoire ou digestif. Il réagit violemment avec l’eau, générant de la chaleur et un risque d’incendie ou d’explosion en fonction des quantités où il se dilue. Il y a différents types d’acide sulfurique, il faudrait en savoir plus sur la dangerosité de celui qui a été perdu. Le risque surtout, si le produit se répand, c’est une augmentation de l’acidité de l’eau qui sera forcément nocive pour la vie marine, animaux, poissons, algues, environnement en général. Compte tenu de la profondeur, on peut imaginer que la citerne ne sera pas récupérée… quel suivi ? quel danger ? La question reste entière. « Aujourd’hui, il faut gérer l’urgence, s’assurer qu’il n’y a pas de risques forts sur l’environnement marin… et demander les mesures en cas de danger. Pour la suite nous posons cette question dans le cadre institutionnel des coopérations transfrontalières avec nos partenaires immédiats parce que c’est l’avenir de la Corse de se positionner en tant que tel » a commenté encore Jean Félix Acquaviva. C’est d’autant plus important (pour ceux qui s’interrogeraient encore de l’utilité d’un pouvoir autonome) que les autorités françaises ont fait savoir que, l’incident ne s’étant pas produit dans les eaux territoriales françaises, il n’y avait pas d’utilité à « produire une communication commune avec les autorités italiennes ». Le même raisonnement qui a prévalu (toute proportion gardée en termes de conséquences) lors du passage du nuage radioactif de Tchernobyl supposé s’arrêter aux frontières du pays !

En même temps, l’importance du trafic maritime dans cette zone et plus généralement dans le Canal de Corse, ne permet pas de donner une priorité à l’environnement sur les intérêts économiques. Et c’est bien là le problème. L’environnement n’est jamais la priorité ! •

F.G.

 


 

La réaction de Femu a Corsica

 

« La presse italienne annonce qu’un cargo aurait perdu en mer, entre la Toscane et la Corse, possiblement dans le périmètre du sanctuaire des Cétacés, un container contenant 28.000 litres d’acide sulfurique.

Cette nouvelle, inquiétante, suscite de multiples interrogations :

– Comment cet incident a-t-il pu se produire ?

– ⁠Comment se fait-il que les autorités étatiques italiennes et françaises n’aient pas communiqué sur cet événement potentiellement très grave ?

– ⁠Quels sont les risques de pollution et quelles sont les mesures envisagées ?

Femu a Corsica rappelle que la Méditerranée est notre patrimoine commun et que sa protection est un enjeu majeur. Nous interpellons les États italien et français aux fins qu’ils rendent publics tous les éléments sur cette affaire et qu’ils mettent en œuvre tous les moyens de nature à éviter toute pollution.

Enfin, nous considérons impensable et inacceptable qu’à l’heure où les îles de Méditerranée vivent sous un statut d’autonomie, la Corse et les Corses soient réduits à apprendre par la presse ce qui se passe à quelques dizaines de kilomètres de leurs côtes, sans que les institutions de la Corse ne soient destinataires de la moindre information, alors que cet incident serait survenu le 2 décembre, soit il y a huit jours. » •