Voilà des mois et des mois que le Collectif Zeru Frazu sillonne la Corse pour sensibiliser au tri de nos déchets. Conférences, témoignages, Zeru Frazu invite les ambassadeurs des bonnes pratiques, comme Jacques Muller, Paul Connett, Rossano Ercolini… La Corse est une île de reliefs, les méthodes de traitement qui ont cours sur le continent nous sont difficiles, la Corse ne peut sacrifier des centaines d’hectares au tout enfouissement !
La solution la meilleure est le tri maximal à la source. C’est une évidence que seul un comportement citoyen peut comprendre et mettre en œuvre. N’attendez donc pas le voisin. N’espérez pas une solution miracle qui pourra faire disparaître votre poubelle du soir comme par enchantement. Ne vous défaussez pas vers des leurres, entre incinération et exportation… Une seule solution : le tri, sérieusement fait par chacun, chaque jour. Un pli facile à prendre. Une simplicité détonante. La nature au service de la nature. Triez !
Nous ne sommes pas seuls !
Le monde entier est soumis à la problématique du traitement des déchets. Dans une société d’hyperconsommation, règne de l’emballage et du tout-jetable, seules les bonnes résolutions permettront de trouver une issue à l’amoncellement de déchets que nous produisons chaque année. Bien des villes, des régions, et mêmes des pays tout entier, ont pris le problème à bras le corps en répondant à des questions tellement évidentes : pourquoi incinérer ou enfouir de l’eau ? Car les fermentescibles (déchets de table les plus nocifs et nauséabonds lorsqu’ils se mélangent à d’autres déchets), c’est de l’eau, entre 70 et 80% d’eau! Récupérés à la source, de manière propre, sans mélange avec des déchets toxiques, c’est de l’humus en devenir, de l’excellent terreau ! Plus communément appelé compost. Enterrer ou brûler cette matière dont nos sols ont besoin pour se régénérer, faire fructifier plantes et fleurs de nos jardins, n’est-ce pas stupide ? La stratégie « zéro déchets » en France, « no waste » dans le monde, « zeru frazu » en Corse, est une démarche qui n’est pas marginale, et qui n’a rien de l’utopie. C’est une nécessité pour aujourd’hui comme pour demain. Cessons d’être égoïstes en laissant faire le voisin, ou les associations écologistes à notre place, mettons-nous au tri, tous !
Capannori, San Francisco, l’Alsace, la Californie, l’Allemagne, l’Australie… et bien d’autres, quelle que soit leur population, ont connu des « crises » bien plus graves que les nôtres, mais ont su prendre les bonnes résolutions. La Collectivité Territoriale de Corse a fait elle aussi ses choix. À chacun de se les approprier désormais et de mettre en œuvre le tri sélectif comme il se doit. La CTC et son Office de l’Environnement sont là pour vous y aider. Chiche ?
Nous sommes riches !
Dans nos smartphones, nos téléviseurs, nos appareils ménagers, il y a non seulement des produits hautement toxiques, mais aussi des matières de grande valeur (cuivre, plomb, argent, or !). La ferraille, le bois, le linge, les cartons, les papiers, le verre, le plastique, tout se recycle… mais pourquoi diable jeter ces produits hautement valorisables ? Tout simplement parce qu’on a pris le pli du tout mélange pour le jeter dans un sac plastique le soir en sortant le chien ! Trois poubelles à la maison plutôt qu’une, est ce si compliqué ? Les collectivités vous distribuent même des sacs à trois compartiments désormais pour vous rendre plus facilement aux points de tri. Le tri, c’est un avantage à tout point de vue : moins onéreux pour les dépenses publiques, pourvoyeur d’emploi local, bénéfique pour notre environnement et donc pour notre santé, mais aussi pour une vie en société plus sereine. Les composteurs de proximité recréent du lien social là où il disparaît dans nos villes et villages.
Il y a 10, 20 ans, le prétexte du « c’est impossible chez nous, nous sommes des latins ! » pouvait encore jouer… mais aujourd’hui, à l’éclairage de ce que nous renvoie le monde comme expériences multiples, seule notre mauvaise volonté est en cause !
En 2008, il n’y a pas si longtemps que ça, Naples et sa région croulait sous des milliers de tonnes de déchets, accumulés dans les rues avec rats et cafards qui ne prenaient même plus peur au passage des piétons ! À quelques kilomètres, près de Pise, prenant le taureau par les cornes, la commune de Capannori, 46.000 habitants, s’est alors organisée. Objectif : zéro déchet. Dès le début des années 90, elle met en place le tri à la source, la collecte en porte-à porte, le compostage collectif, des unités de recyclages, une tarification incitative, mais aussi des entreprises de tri qui emploie localement, des épiceries de gros pour éviter les emballages, et tout le monde s’y met ! Et aujourd’hui, non seulement Capannori est un exemple cité dans toute l’Europe son «miracle vert » et ses taux de tri et de valorisation des déchets mais elle a « fait des petits » !
Plus de 200 villes italiennes, dont Naples, suivent aujourd’hui l’exemple de Capannori !
Pourquoi jeter toute cette richesse potentielle en Corse ?
Félicitons les militants du Collectif Zeru Frazu, mais surtout, emboitons leur le pas ! Mettons-nous tous au tri. Vite ! Exigeons des collectivités et en premier lieu du Syvadec la mise en place des vrais méthodes gagnantes : le tri à la source, la collecte séparée des différentes catégories de déchets recyclables et en particulier des biodéchets ou fermentescibles, la tarification incitative, le traitement de ces biodéchets par compostage et la valorisation matière !
Aiò Chi hè ora !
Fabiana Giovannini.