I messaghji d’Edmond Simeoni

Antidote à la violence

« La vie m’a précipité, en Corse, dans un tumulte, une fureur auxquels rien ne m’avait préparé » disait Edmond Simeoni sur le Blog de Mediapart en janvier 2014. Il s’exprimait à propos d’un débat lancé sur la violence et son antidote, la non-violence. Le cheminement de sa vie est un profond enseignement sur cette question douloureuse dont la Corse n’est pas encore totalement soignée. Des mots souvent cités, mais il est nécessaire de rappeler ses paroles.

 

«J’ai lu avec une grande attention les différentes contributions au nécessaire débat sur la non-violence, sur le site de Mediapart, à la rubrique « Alerter » ; j’ai été frappé par leur pertinence, leur mesure, leur bonne foi. C’est déjà un signe positif que d’échanger, avec amitié, sur un sujet controversé, la violence et son antidote la « non-violence ».

Je ne crois ni à l’angélisme, ni à la négation des évidences : l’histoire de l’humanité est remplie de violence ; est-elle consubstantielle de l’espèce humaine ? Je ne le pense pas.

Médecin, humaniste, passionné par les autres, la vie m’a précipité, en Corse, dans un tumulte, une fureur auxquels rien ne m’avait préparé ; j’ai participé à la violence et on ne peut me suspecter de chercher, à posteriori, une légitimation de mon attitude ; en effet, dès 1987, j’ai fait mon autocritique, avec force mais bien esseulé… Inefficace en apparence… J’ai pratiqué la violence mais d’abord je l’ai fortement subie, dans ma dignité, dans mes convictions démocratiques, – le suffrage universel était une serpillère – dans ma propre famille et avec mes amis quand nous avons subi 62 attentats de Francia, organisés sous la houlette de l’État, impavide et complice, par cette officine de police parallèle. Malgré l’injustice historique faite à la Corse et à son peuple, j’ai la conviction que le pire aurait pu être évité – plus de dix mille attentats, près de deux cents morts, la radicalisation – si la raison et le droit, matérialisés dans le dialogue, avaient prévalu, une seule fois, au cours de ces cinquante années de souffrance et de drames. L’État surtout mais aussi le système de clientèle, qui lui est inféodé, le peuple corse aussi, ont une lourde part de responsabilité dans cette faillite commune.

La voie de la non-violence, ouverte par le Man – Mouvement d’Alternatives non-violentes –, empruntée par Jean François Bernardini – la Fondation Umani  –, validée par des grandes consciences universelles, Gandhi, Luther King, Mandela, Camus et tant d’autres, est une voie difficile mais gratifiante : elle est la garantie – partout dans le monde – du dialogue, de la justice, du droit, exigés par la force de arguments, validés par la confrontation démocratique, assurés du large soutien des forces immenses de la conscience. En Corse, nous n’avons rien à craindre du débat ; la vérité cheminera, enflera et, à terme, nous aurons accompli, avec modestie, une part infinitésimale du nécessaire engagement collectif pour construire partout, au profit des générations futures, des sociétés mieux développées, plus apaisées, plus équitables, plus solidaires. »