I messaghji d’Edmond Simeoni

Avvene

Le monde de demain ne peut être celui d’avant. En l’espace de deux mois, il nous a fallu l’admettre. Le Premier Ministre l’a dit lui-même, « il va falloir apprendre à vivre avec le virus ». Mieux encore, le 30 mars dernier, le président de la République appelait à « changer de monde », à « balayer nos certitudes »… « Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché, […], c’est que la santé gratuite, […] notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. »

Sincérité ? Une part sans aucun doute. Capacité d’en tirer toutes les conséquences ? Il faudra attendre de voir. En tout état de cause, cette remise en question ne peut pas être uniquement tourné vers des concepts économiques et sociaux, ou même environnementaux. C’est toute l’approche politique qu’il faut repenser. Edmond Simeoni en rabâchait la nécessité dans l’espoir de voir d’autres rapports s’établir entre la Corse et Paris. Ils sont nécessairement les signes de ce « nouveau monde » à bâtir ensemble et dans lequel nous aurons à prendre notre part. Le 6 novembre 2015, Edmond indiquait a strada di l’avvene dans une lettre à la jeunesse corse.

 

 

«Les faits sont brutaux : la Corse est une terre de pauvreté – INSEE –, de précarité, de spéculation, de violences criminelles, d’absence de démocratie et de faiblesse du développement. Or cette terre a des ressources naturelles et humaines majeures, une épargne conséquente – 10 milliards d’euros d’épargne – un peuple courageux, ici et dans la diaspora. La France et le clanisme, son allié structurel, doivent assumer seuls l’état préoccupant de note Pays qu’ils ont cogéré sans partage depuis Pontenovu ; le peuple corse lui-même n’étant pas cependant exempt de reproches.

Nous avons pris conscience, dès 1960, de cette situation et jeté, avec d’autres, les bases de l’analyse de la situation coloniale de la Corse ; nous avons, avec notre lot d’erreurs, impulsé ou accompagné toutes les luttes économiques, sociales et culturelle pour empêcher, enrayer les méfaits du colonialisme. Sans la passion, le courage, la ténacité et les sacrifices des militants nationalistes, sans l’implication de nombreuses forces de progrès et le soutien de la diaspora, sans le Riacquistu qui a redonné vie à notre culture, sans les forces écologiques qui ont apporté une contribution décisive à la protection de la terre et des rivages, le peuple corse serait mort et enterré. Depuis longtemps.

Il est nié, reste très menacé dans son existence, son patrimoine, sa culture mais il a des richesses qui lui permettent de construire un avenir prometteur.

Nous avons, surtout vous avez, l’occasion de détruire, sans violence aucune, tous les liens de la sujétion. Le peuple corse a un droit imprescriptible à la vie, à la liberté, à la maîtrise de son destin, à la démocratie, à la paix. Il sera libre parce que sa démarche est conforme à l’Histoire et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il se développera dans le cadre de la Méditerranée et de l’Union Européenne

La Corse a un besoin vital de sa jeunesse, de ses filles et garçons, de ses jeunes enfants dont plus de 40.000 à l’école primaire, pour s’émanciper et construire la Nation. Elle sera au rendez-vous, j’en suis certain, parce qu’elle partage avec toutes et tous, Corses d’origine ou d’adoption, Corses d’ici ou de la diaspora, cette passion de l’île, cette exigence de liberté et de dignité, sa soif d’humanisme qui, adossées au Droit, ne peuvent que triompher. Dumane… »