Pétroliers en feu dans le détroit d’Ormuz

Bravo, Donald Trump !

On se souvient du précédent de la guerre d’Irak lancée en 2003 par George Bush sur la base d’informations bidon diffusées par Colin Powell depuis les estrades de l’ONU. On en sait les conséquences, y compris l’irruption de Daech, des millions de morts et déportés en Irak et en Syrie, jusqu’aux attentats survenus en France, en Belgique ou en Allemagne. Jusqu’où nous emmènera la crise iranienne générée par le nouveau boutefeu de la Maison Blanche, Donald Trump ? Malgré les experts internationaux qui avaient unanimement validé le respect par l’Iran de l’accord sur le nucléaire, malgré l’avis contraire de l’Union Européenne et des autres puissances, il a décidé unilatéralement de dénoncer l’accord signé par son prédécesseur et d’engager le bras de fer avec l’Iran, en plein accord avec ses alliés d’Arabie Saoudite et d’Israël. Depuis, le pire est devenu possible.

 

Par le jeu des sanctions économiques décrétées au niveau mondial pour interdire toute exportation de pétrole iranien, les états Unis ont décidé de jouer de leur suprématie économique pour écraser le régime au pouvoir à Téhéran.

La réponse à cette escalade est venue ces jours derniers : en s’attaquant à des pétroliers naviguant dans le détroit d’Ormuz au large de l’Iran, des groupes armés probablement iraniens sont en train de bloquer le trafic des tankers qui exportent par cette route maritime un quart du pétrole consommé dans le monde. Ce n’est pas tant l’ampleur de ces attaques – aucun des bateaux visés n’a été coulé – qui crée le chaos, mais leurs conséquences économiques sur le coût des assurances nécessaires pour continuer à naviguer dans cette zone, ce qui vise à dissuader les armateurs de continuer à l’emprunter. Le pays le plus affecté par le blocus de fait que les attentats de ces jours derniers visent à instaurer est bien sûr l’Arabie Saoudite dont la plus grande partie de la production pétrolière emprunte cette route qui longe plusieurs centaines de kilomètres de côtes iraniennes. Sécuriser une telle distance de mer le long des côtes, alors qu’il suffit d’une simple embarcation pour commettre l’attentat en apposant une mine magnétique sur la coque du navire, semble impossible.

Terrorisme économique contre guerre économique : où cela peut-il mener ? Que nous réserve Donald Trump pour sortir de son bras de fer avec l’Iran ? Le pire est à prévoir, comme pour le précédent de l’Irak.

 

Pourtant, l’accord international sur le nucléaire iranien, signé en 2015 du temps de Barack Obama, avait apporté une perspective de stabilité, sur la base des engagements pris par l’Iran de renoncer à devenir une puissance nucléaire, engagements dont le respect a été régulièrement validé par le groupe d’experts internationaux en charge d’en surveiller l’application. En contrepartie, l’Iran a pu développer son économie avant que Donald Trump ne décide d’un tweet de tout arrêter. Depuis c’est l’escalade diplomatique, et désormais c’est devenu l’escalade de la violence.

C’est de l’Arabie Saoudite qu’il faut craindre dans l’immédiat un nouveau cran dans l’escalade car ses intérêts économiques sont touchés de plein fouet. D’autant qu’elle est en conflit ouvert avec l’Iran par Yemen interposé où la rébellion houthie, armée par les Iraniens, est en passe de contrôler la zone maritime qui sert de porte d’entrée à la Mer Rouge et au Canal de Suez que ces tankers doivent ensuite emprunter pour approvisionner l’Europe.

Iran et Arabie Saoudite mènent l’un et l’autre désormais un conflit de forte intensité, même si c’est par groupes alliés interposés comme au Yémen. Au nom de son soutien à l’Arabie Saoudite, elle même engagée dans une alliance qui inclut Israël, Donald Trump multiplie les attitudes va-t’en guerre et les surenchères guerrières.

L’Iran est très affaibli par les sanctions économiques, mais il garde un pouvoir de nuisance considérable et il s’appuie sur des alliés qui pèsent dans la région, comme les Houthis au Yémen ou le Hezbollah au Liban.

La situation est devenue très dangereuse et instable. Bravo Donald Trump !

 

François Alfonsi.

1 Trackback / Pingback

  1. Stampa Corsa, informations corses – Bravo, Donald Trump !

Les commentaires sont fermés.