Enfin une planche de salut pour l’Intérieur.

Comité de Massif

Evisa accueillait une nouvelle réunion du Comité de Massif, avant que la Collectivité Territoriale de Corse n’adopte ces jours prochains le « Schéma d’Aménagement, de Développement et de Protection de la Montagne Corse ». Il est des affluences et des échanges avec la salle qui ne trompent pas : cette démarche est mobilisatrice et porteuse d’espoirs !

 

A la Tribune quatre membres de l’Exécutif : Gilles Simeoni, son Président, Jean Félix Acquaviva, en charge du dossier, François Sargentini, Président de l’ODARC, et Fabienne Giovannini, Présidente de l’Agence de l’Urbanisme et de l’Energie, et, pour le compte de l’Etat qui co-préside le Comité, le Secrétaire Général aux Affaires Corses, Benoît Bonnefoi.

À la Tribune du Comité de massif (de dr. à g.) : Jean-Jacques Gianni, maire d’Èvisa ; Gilles
Simeoni, Président du conseil Exécutif ; Jean Félix Acquaviva, Président du Comité de
Massif ; François Sargentini, Président de l’Odarc ; Fabienne Giovannini, Présidente de
l’Agence de l’aménagement durable, de l’urbanisme et de l’énergie.

Dès les années 90, le Massif Central, les Vosges, le Jura, les Alpes et les Pyrénées ont mis en place leurs comités de massif respectifs, qui découlent de la loi-montagne de 1985. En Corse, cela était resté lettre morte, et quand la responsabilité a associé les autorités régionales à partir de 2002, il avait été alors décidé alors que c’était la Collectivité Territoriale de Corse qui ferait office de Comité de Massif.

Résultat mécanique : le Massif de la montagne corse n’a jamais bénéficié d’aucune politique cohérente, ni d’aucun espace dédié aux acteurs d’un intérieur en grande difficulté économique et sociale.

Il y avait urgence à y remédier, et, dès juillet 2016, le Comité de Massif de la Corse a été enfin installé, avec vingt années de retard. Cela était dans le programme électoral des nationalistes, et cela a été réalisé dans les six mois qui ont suivi l’élection. Et, un an après, le document-cadre d’une politique en faveur de la montagne va être présenté à l’Assemblée de Corse. La réunion d’Evisa avait pour objet d’en présenter les grandes lignes aux acteurs impliqués dans le développement de l’Intérieur, élus, acteurs économiques, et associations.

Le premier des objectifs était de dégager des moyens nouveaux. En effet, la dotation transférée à la Collectivité Territoriale de Corse en 2002 au titre des crédits montagne du FNADT est à peine symbolique : 150.000 € par an. Aussi, l’Exécutif a-t-il proposé, et obtenu du gouvernement, que le reliquat de la dotation de Continuité Territoriale soit utilisable pour les investissements routiers et ferroviaires internes et « pour soutenir les investissements liés aux politiques publiques de l’intérieur et de la montagne ». Cela a été obtenu par un amendement à la loi des finances votée en décembre 2016, et cela ouvre des possibilités réelles d’accompagnement financier pour une relance de la politique de revitalisation de l’intérieur.

Parallèlement, la nouvelle « loi-montagne » du 28 décembre 2016 a reconnu la spécificité de la situation « d’île-montagne » de la Corse. De son côté le PADDUC a défini un Plan Montagne qui fixe un diagnostic des zones les plus contraintes par leur altitude ou leur éloignement, ou par leur faible niveau d’accès aux services publics, et qui donc doivent bénéficier d’un soutien accru.

Le Schéma de Développement de la Montagne prend en compte ce document, liste plusieurs mesures, et pré-affecte des lignes de crédit pour les projets qui seront nécessaires aux territoires les plus défavorisés de la Corse.

Ainsi en sera-t-il du réseau routier, notamment suite aux intempéries des dernières semaines, pluie et neige, qui ont fragilisé toutes ces routes très anciennes. Et aussi pour doter les collectivités de moyens de déneigement de type fraiseuses qui ont fait tellement défaut lors de la dernière tempête.

Même démarche pour les besoins en électrification, en téléphonie mobile et le numérique, à travers l’affectation réservée d’une partie de la Taxe sur les consommations d’électricité, qui sera transférée des départements à la CTC à compter du 1er janvier 2018.

Autres domaines abordés : l’eau et l’assainissement, pour lesquels la CTC viendra apporter un concours au PEI pour accompagner les projets des collectivités trop faibles financièrement ; l’énergie, notamment les énergies renouvelables, où il sera procédé à des appels à projets réservés aux territoires de montagne.

L’éducation et les autres services de base (santé, formation, etc…) font l’objet également de propositions, notamment via le numérique (e-collège), les classes d’immersion linguistique et les classes vertes, le développement des maisons de santé pluridisciplinaires pour consolider le tissu médical dans l’intérieur, attractivité pour des médecins avec la possibilité de financer des études en Italie pour des élèves situés immédiatement après le numérus clausus dans les cursus hexagonaux, aide complémentaire aux déplacements des médecins, maintien du réseau des pharmacies rurales, etc…

Le développement économique est indispensable au renouveau de l’Intérieur. Le Schéma prévoit la prise en charge d’urgence, sur maîtrise d’ouvrage CTC de la rénovation des refuges du GR 20 qui est le produit phare de l’attractivité touristique de la montagne corse et qui souffre d’infrastructures indignes de recevoir des clientèles. Valorisation de localités touristiques pluriactives (Ascu, Ghisoni, Aitone, …), approfondir le potentiel du thermalisme, sentiers patrimoniaux, sites naturels, culturels et historiques, dynamisation de la politique de promotion de l’Offre des territoires de Montagne, voilà pour le tourisme.

Pour l’agriculture, l’agrément est mis sur les bergeries et estives avec la rénovation de 30 bergeries sur 11 massifs d’estive, création d’infrastructures agricoles d’intérêt « massif corse », avec des actions portant sur l’abattage, l’irrigation de montagne, actions de mises en valeur menées à travers des Associations foncières pastorales, …

15 fiches-opérations accompagnent ce schéma de développement. L’ambition portée par ce plan a été communicative tout au long de la préparation du schéma qui sera soumis au vote de la Collectivité Territoriale de Corse cette semaine.

Un vent d’espoir soufflait à Evisa le 16 février. Certes des points ont été débattus, de façon contradictoire pour les orientations agricoles, des problèmes sensibles ont laissé les participants sur leur faim, comme, dans cette région d’Evisa, l’avenir du Paisolu d’Aitone fermé depuis des années et dont le projet de relance n’est pas encore suffisamment mûr, mais l’ambition affichée par l’Exécutif a emporté sans difficulté l’adhésion de tous. Passer des promesses aux actes, ce sera tout l’enjeu des prochaines années. Mais la volonté est là, et les moyens suivent. Restera à (re)mettre les outils en ordre de marche et les projets sur pied, avec les bons choix qui feront que l’intérieur s’inscrive dans une perspective de développement durable.

Chiche !

François ALFONSI