Ce qui manque le plus à la Corse tout au long de ces décennies d’histoire contemporaine in fine, c’est la confiance en son destin collectif. Edmond Simeoni ne manquait jamais de le rappeler à chaque occasion.
À la veille de la grande manifestation de février 2018, sous le mot d’ordre «Demucrazìa è rispettu pè u pòpulu corsu », Edmond Simeoni affirmait encore et toujours ses certitudes du chemin ouvert au peuple corse. Reste à savoir l’emprunter.
«La Corse est désormais dirigée par une majorité nationaliste, démocratique, qui réforme, agit, prend des initiatives dans tous les secteurs, dans le cadre de notre Statut ; elle s’attaque, dans la transparence aux problèmes concrets de la population (transport, précarité, développement économique, Arrêtés Miot…) ; elle s’ouvre à l’extérieur, dialogue avec l’Europe et surtout agit en toute autonomie par rapport à Paris avec lequel elle collabore naturellement dans de nombreux domaines. Le système claniste est défait. Le temps ne joue plus contre nous et nous pouvons prouver que nous sommes efficaces, intègres ; le moment viendra où Paris devra dialoguer pour trouver une issue politique raisonnable, respectueuse des intérêts légitimes des parties. Par contre, l’heure est à la mobilisation responsable, pacifique et déterminée, sans violence, pour négocier entre l’État et le peuple corse, de l’île et de la diaspora, un dialogue qui englobe tous les aspects de la problématique insulaire, économique, sociale et culturelle. Le développement économique (emploi, vie chère, logement, précarité, santé…) est et reste une priorité. Le remplacement des Arrêtés Miot, un nouveau Plan Exceptionnel d’investissement (PEI) pour le rattrapage historique, s’imposent ; bien entendu les revendications politiques portées par la majorité territoriale et notamment le sésame que constitue la Révision de la Constitution doivent être au centre du débat. Ceux qui pensent que la réussite de la Corse – son émancipation et sa construction pourrait être l’apanage des seuls Corses nationalistes commettraient une erreur grave. La tâche, immense, longue, nécessite l’implication de la majorité des Corses, de toutes opinions impliquées dans la défense de notre identité collective, de nos intérêts collectifs, avec une règle de base : la démocratie et l’éthique.
Oui, la Corse a progressé de manière majeure au niveau de la prise de conscience du peuple et de l’expression démocratique de sa volonté ; oui, nous sommes adossés à la démocratie et aux règles internationales de droit utilisées en matière de solution des conflits. La raison va prévaloir. Mais nous devons apporter une fois de plus la preuve de notre représentativité populaire – dans l’île et hors de l’île –, de notre cohésion, de notre sens des responsabilités, de notre volonté du dialogue avec l’État et de trouver une issue démocratique, – équilibrée, juste, mutuellement profitable, – à un affrontement trop long et destructeur. Aujourd’hui, doit s’amorcer la création d’un climat de confiance indispensable à la création d’une relation nouvelle entre l’État, la Corse et naturellement, ceci permettra de progresser, de manière apaisée, dans la recherche mutuelle d’une solution politique raisonnable et équitable. (…) Le peuple corse, dans toutes ses composantes, dans l’expression pacifique de sa diversité, doit montrer son véritable visage, sa détermination, sa prise de conscience. Il sera, j’en suis certain, au rendez-vous de l’espoir qui nous habite tous, de l’histoire qui s’écrit. Et du chemin de l’émancipation qui s’ouvre et s’approfondit, chaque jour inexorablement. »