20
Objectivité et passion se télescopent forcément.
L’histoire: hier une famille bastiaise aux commandes depuis plus de quarante ans, les Zuccarelli, adossée à tous les gouvernements, avec une étiquette MRG puis PRG, sans contenu idéologique véritable mais plutôt une autoproclamation monopolisante et exclusive de « défenseurs de la République », excluant tout autre parti du champ républicain par captation de la propriété intellectuelle peut-on dire. Ils sont la République à eux seuls. C’est le terrain premier de leur « idéologie».
En deux: Un système clientélaire érigé en modèle, avec des fraudes massives pouvant aller jusqu’à changer le cours de l’histoire comme le référendum de 2003; système et pratiques couverts par l’État : attributions de marché truquées, scandales financiers comme le tunnel ou le port de Toga, le cimetière de l’Ondina, mais aussi les leviers actionnés tels que le chantage à l’emploi ou l’attribution de logements par l’office HLM avec en creux l’exclusion d’ayants droit. C’est leur deuxième terrain de déploiement de leur «politique».
En trois: Un système dynastique où règne le népotisme. Voilà le triptyque affiché. Les Bastiais ne peuvent pas ne pas s’en souvenir.
En parallèle la résurgence d’une ancienne gauche Sébastiaise transgénérationnelle opportuniste et démagogue tellement altérée idéologiquement qu’on chercherait en vain les préceptes de Jaurès, altération qui facilite les mariages hétéros ou trans. On trouve enfin dans ces entrelacs opportunistes une droite, hier dite autonomocompatible, aujourd’hui aussi décomplexée qu’un camp de naturistes. Au sortir du camp elle n’a aucun mal à troquer ses habits traditionnels contre des habits tricolores. Ainsi travestis ils pensent à leur noble destin républicain, destin collectif tant que ne s’exprimeront les ambitions personnelles post électorales déjà illustrées par un expert, l’aide de camp Mr Tatti, d’ailleurs plus étrillé que trié par ses partenaires devenus méfiants.
En fait ces compagnons d’infortune répondent parfaitement au dicton: vesti un bastone, pare un barone.
Reste le candidat Morganti qui tient plus à sa singularité et son honorabilité qu’à son statut de faiseur de roi. On peut comprendre qu’il ne veuille compromettre son avenir.
Ces systèmes ne prennent pas seulement des accommodements avec les partis, mais aussi avec les principes de la république qu’ils entendent incarner, initiant des combinaisons contre nature où se fondent les turpitudes des fausses gauche et les déviances de la vraie droite dans le creuset électoral municipal.
On a voulu assimiler l’union Savelli- Milani-DeGentile à un modèle hétérogène servant d’alibi et de prétexte aux clanistes, oubliant que cette union-là ne s’est pas faite à partir de renoncements idéologiques mais sur la base d’une adhésion à un autre double paradigme: l’autonomie et l’assainissement de la vie publique pour éradiquer les pratiques clanistes dont ces trois pseudo mousquetaires au nombre de quatre, en sont précisément les archétypes.
Il n’y a aucune superposition possible entre les deux modèles. La genèse des uns n’a rien à voir avec celle des autres.
Il y a eu ceux qui ont lutté contre l’Argentella, la Montedison, la suppression du chemin de fer, la paupérisation, le scandale des vins à Aleria, le risque majeur de pollution dans les bouches de Bonifaziu, les injustices et les fraudes clanistes, l’assainissement des listes électorales, mais aussi pour une assemblée de Corse souveraine, pour la préservation de la langue et la culture, pour le Riaquistu, pour Femu quì, pour Air Corsica, pour la préservation du littoral, pour leur plus noble conquête :
l’Université, dont on voit aujourd’hui la prégnance ne fusse qu’avec le Covid.
Université qu’ils ont tant combattue.
Et puis il y a eu et il y a les autres : eux. Les absents ! Les opposants ! Où étaient-ils ces avant-gardistes qui sont allés jusqu’à oublier que nous vivions en Méditerranée, à quelques encablures de la Sardaigne et de la Toscane, plus dans le golfe de Gênes que dans celui de Gascogne, en n’ayant comme seule référence que le serment de Bastia, éblouis par le prestige d’une ancienne France royaliste décapitée et la brillance des ors de la République, sans avoir peur de concilier les deux? Où étaient-ils quand sévissaient les barbouzes de la République? Où étaient-ils eux qui ont toujours eu honte de la tête de maure?
Les avancées se sont faites grâce aux nationalistes, en constante opposition à ces défenseurs d’un statu quo obsolète et mortifère.
Et aujourd’hui ils vont nous dire qu’on va nous inventer un nouveau monde, eux qui n’ont jamais fait que copier, sans jamais rien inventer, eux qui ne se sont jamais associés à la tête de la moindre manifestation, qui n’ont jamais soutenu un groupe culturel, qui n’ont jamais tenu une bandera à la main, eux qui trouvent que leur République a raison de séquestrer nos prisonniers corses, eux qui se sont opposés à toute avancée, à la moindre réforme institutionnelle; opposition dont on voit le résultat au plan des résidences secondaires, de la mutation patrimoniale, de la décorsisation des emplois, de la captation des ressources, de l’écologie.
Si d’autres hommes ne s’étaient levés en sacrifiant tout, jusqu’à leur vie, ou en serions-nous, mais où en serions-nous ? Qu’ont-ils sacrifié eux?
À Bastia aujourd’hui, les pratiques clanistes ont disparu. Personne ne souhaite être à nouveau aliéné à une classe politique hypocrite, devoir s’agenouiller pour un emploi ou un logement ou tout simplement un droit qu’on ne leur accordera que contre un ou plusieurs bulletins.
Certes tout ne sera jamais parfait aux yeux de tout le monde, mais si un autre monde est possible, il ne sera pas incarné par des momies fussent-elles exhumées de la terre éboulée du nouveau cimetière de l’Ondina, leur plus belle réalisation.
Voter pour la liste Savelli, c’est pouvoir espérer un avenir dans la continuité du combat initié il y a cinquante ans. Un monde de paix et de liberté, d’éthique et de solidarité, d’investissement pour l’écologie notre futur grand défi.
Dr Antoine Casalta.