I messaghji d'Edmond Simeoni

Denegu

Le 5 février 2018, agacé par les mensonges de l’État qui relativisait la participation au lendemain de la grande manifestation du 3 février, Edmond Simeoni écrivait ce texte, insistant encore et toujours sur la confiance indispensable à bâtir pour parvenir à un dialogue plus serein entre la Corse et Paris. Au regard de la gestion de la crise actuelle, ce n’est pas davantage ce gouvernement qui jouera la confiance hélas ! Tamanta strada da fà !

 

Denegu

«La confiance est l’ingrédient de base, fondamental, irremplaçable des sociétés démocratiques et des rapports entre les individus, les sociétés, les États, les nations. Sans elle, il ne peut y avoir de dialogue, fructueux, de partenariats fiables, d’accords pérennes, dans le strict respect des intérêts légitimes des parties ; privés de ce socle, de ce viatique essentiel, les échanges puis les éventuelles négociations engendreraient frustrations, réticences, méfiance, avec l’échec en prime.

Manuel Vals avait dit lors d’un voyage officiel en Corse dont la portée n’a pas été mesurée ni par l’État ni par les Corses eux-mêmes ; « les Corses ont perdu confiance dans l’État ». Aveu terrible. Dur raccourci qui enjambe deux siècles d’aliénation pour, peut-être, hypothéquer l’avenir ?

La manifestation de samedi 3 février 2018, à Aiacciu a, malgré les manoeuvres, les intempéries, réuni une foule dense, paisible, responsable, à la conduite irréprochable et disciplinée ; il est de tradition, en France surtout, de donner des chiffres de participation, variant du simple au double et l’État donne le la. On peut minimiser ce jeu, en rire, le considérer comme inévitable mais on se trompe et ici, on nous trompe, sciemment ; on nous ment.

Hier, les Corses savent, par une longue expérience en la matière, que, même avec une évaluation minimaliste, la foule était supérieure à 20.000 personnes.

Immédiatement, l’État a décrété qu’il y avait six mille personnes et a tenté d’imposer-heureusement en vain- sa version de l’évènement qu’il feint de considérer comme un échec.

(…) Comment peut-on faire confiance à un État, quand ses représentants mentent publiquement de manière aussi éhontée ? Quand nous disent-ils la vérité alors que toutes leurs décisions importantes concernant la Corse sont prises et appliquées dans un huis-clos institutionnalisé et donc dans un silence de contrainte et de climat opaque, imposé et efficace. La politique de déni de la réalité, de la véritable situation de la Corse et de son peuple, du refus général de l’exigence de dignité, d’identité, de démocratie, de transparence et de justice, sont en fait les ingrédients d’une politique coloniale dont la persistance pourrait conduire à des évolutions préoccupantes. Les Corses, d’origine ou d’adoption, ne renonceront jamais à être euxmêmes, sur leur terre.

Nier la volonté des Corses, de l’île et de la diaspora, adossés à des convictions communes probantes et largement partagées, à des choix validés par le suffrage universel, n’utilisant que les armes pacifiques du dialogue et de la mesure, revendiquant la démocratie comme moyen et comme objectif en excluant la violence, est attentatoire au droit imprescriptible et universel de l’homme à la liberté. Le droit doit primer la force, et le dialogue la contrainte. L’État doit s’en persuader. Là est la voie de la confiance qui permettra la naissance d’une Corse nouvelle, moderne, plus juste, éprise d’humanisme et respectueuse des intérêts légitimes de parties par un nouveau contrat avec l’État, dans une Europe démocratique et aussi dans notre berceau naturel, la Méditerranée. Nous ne renoncerons pas à être nous-mêmes, avec tous les autres, modestement, au milieu des autres peuples du monde. Dans la fraternité et la paix. La raison commune l’emportera, in fine et ouvrira la porte à la justice et à la réconciliation. »