Fiction !!!

Le discours qu’aurait tenu un Président à la hauteur des enjeux

C’est article a été écrit quelques heures après le discours d’Emmanuel Macron, il n’est nullement le fruit d’un rêve ou d’un espoir, il tente juste de démontrer le fossé qui existe entre le discours qu’un Président à la hauteur des enjeux aurait tenu et la réalité du discours de Macron.

 

Le peuple corse existe et sa place est dans la République ». C’est par ces mots que le Président français a conclu son discours prononcé hier à Bastia et très longuement applaudi.

Le Président de la République y a décliné sa vision des relations entre le peuple corse et la République, de la place de la Corse dans la Méditerranée, en France et en Europe tout en rappelant la place de la France en Corse, en Europe et dans le monde.

Lors d’un discours fleuve, de près d’1h30, Emmanuel Macron a non seulement répondu point par point aux revendications de l’Exécutif de Corse mais il a aussi pris le temps de détailler son «pacte girondin» qui s’apparente désormais en une véritable «doctrine Macron ».

Sur l’amnistie, probablement le point le plus dur, étonnamment Emmanuel Macron ne l’a pas exclue mais… ne l’a pas validée non plus. Il a pris au mot le Président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni, en lui répondant que «si tous les conflits s’achevaient par une loi d’amnistie », ce ne pouvait être «qu’un point final qui parachèverait un processus de réconciliation ».

Il a fait remarquer que pendant 3 ans il n’y aurait pas d’élections en France et en Corse, hors élections européennes ou locales, et que si les Corses faisaient « leur part du chemin » vers la réconciliation, l’État ferait la sienne avant la fin de la mandature corse en 2021.

Sur le statut de résident, autre point compliqué, Emmanuel Macron a rappelé son opposition personnelle à ce dispositif mais a souligné qu’en tant que « girondin » il respectait le choix du peuple corse qui avait été proposé par une majorité de gauche et avait été reprise par l’actuelle majorité nationaliste.

Il a donc proposé à Gilles Simeoni de l’accompagner à Bruxelles pour discuter des modalités de mise en oeuvre d’un tel statut, s’engageant à défendre le projet négocié avec la Commission européenne.

 

Sur l’inscription de la Corse dans la Constitution française, là encore, Emmanuel Macron a été habile, il a exclu l’hypothèse de l’article 74 qui ferait de la Corse une Nouvelle-Calédonie mais a reconnu que la «Corse n’était pas sa Picardie natale » et qu’un nouvel article propre à la Corse serait inséré entre l’article 72 et 73. Les «délais pour la révision constitutionnelle étant courts », premier semestre 2018, il a proposé que la déclinaison du statut «d’autonomie de plein exercice et de plein droit » défendu par les nationalistes soit renvoyée à une loi organique négociée au second semestre entre le gouvernement français et l’Exécutif de Corse.

 

Enfin, le Président de la République s’est engagé à faire ratifier la charte des langues régionales et minoritaires et à faire du corse « la seconde langue officielle dans l’île ». « La France défend la diversité culturelle et linguistique en Europe et dans le monde, notamment à travers l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), il serait incohérent qu’elle ne le fasse pas en France» at- il déclaré. «Les francophones de Suisse, de Belgique, du Canada ou d’ailleurs sont heureux de pouvoir jouir de leurs droits linguistiques et du soutien de la France. Il devra en être autant pour les Corses en Corse. »

 

Juste avant de conclure, il a décliné son «pacte girondin » en insistant sur le fait que le cas corse était un cas particulier, «non pas parce que les spécificités de la Corse seraient supérieures à celles d’un autre territoire mais parce qu’ici le peuple corse s’est exprimé démocratiquement, pacifiquement et à plusieurs reprises pour cela» a-t-il annoncé avant d’ajouter «à chaque fois qu’un territoire exprimera démocratiquement de telles demandes, l’État français aura une obligation de dialogue et d’écoute pour répondre au mieux aux votes des peuples qui composent la République. »

 

Après son discours, les réactions ont été unanimes, le Président de la République a été « à la hauteur des enjeux » répondant aux revendications des nationalistes pour la majorité territoriale. Cette dernière a été mise en face de ses responsabilités (accrues) pour l’opposition, «prête à travailler avec les nationalistes pour que cette réconciliation soit un succès» a déclaré Jean Martin Mondoloni.

Un jour après la commémoration de l’assassinat du Préfet Claude Erignac, Emmanuel Macron a ouvert un nouveau chapitre des relations entre le peuple corse et l’État français. Pourvu que « l’esprit du 7 février » demeure pour longtemps !

 

Roccu Garoby,

Vice-président de l’ALE Jeune.

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