La tenue du premier tour des élections municipales, malgré les exigences de confinement de la population face à la propagation du Covid-19, a été une décision incongrue d’un gouvernement inconséquent. Elle a amené de nombreux Présidents de Régions, dont Gilles Simeoni, à en demander avec insistance le report le soir-même avant l’ouverture des bureaux de vote. Ce climat exceptionnel, entre anxiété et volonté de report, a pesé sur la participation, et sans doute sur les résultats. Le report « sine die » du second tour ajoute encore à la confusion.
Aiacciu, Bastia, Portivechju : les enjeux politiques principaux de cette élection étaient dans ces trois villes.
Seule Aiacciu a rendu son verdict en élisant Laurent Marcangeli au premier tour. Le voilà ainsi confirmé dans ses ambitions territoriales comme « challenger n°1 » de la majorité nationaliste présidée par Gilles Simeoni, même si l’abstention très forte (64%) atténue considérablement la portée de son succès. Les deux listes d’opposition nationalistes ont été renvoyées dos à dos avec des scores identiques ou presque, Jean André Miniconi pour Femu réussissant in extremis à devancer Jean François Casalta pour l’entente PNC-Corsica Lìbera. Les autres oppositions ont disparu ou presque, la gauche ne réussissant à sauver un élu qu’au bénéfice de la répartition proportionnelle des sièges d’une élection bouclée dès le premier tour. Elle n’aurait pas été admise à participer au second tour, loin s’en faut.
Bastia et Portivechju sont dans l’attente d’un second tour qui sera bien long à venir puisque la date envisagée pour cause d’épidémie, le 21 juin, laisse une espace-temps inédit de plus de trois mois entre les deux tours d’une même élection. Le résultat final sera déterminant.
La confirmation de la liste sortante de Pierre Savelli à Bastia est très importante pour Femu a Corsica. La faible participation et les demandes de report dues aux craintes sanitaires sur la population le 15 mars ne l’ont sans doute pas aidée, mais elle est nettement en tête du ballotage, et, quelles que soient les vicissitudes actuelles, elle bénéficiera du retrait des deux autres listes nationalistes qui ne pourront se maintenir au second tour. Face à elle la gauche bastiaise, éclatée en trois listes, s’est bien reprise, tandis que la droite bastiaise poursuit sa descente aux enfers. Le potentiel cumulé de la gauche représente une menace, mais les perspectives de rapprochement entre les trois blocs qui peuvent se maintenir au second tour semblent faibles tant les antagonismes sont grands. Mais seule une remobilisation de l’électorat Femu à Bastia peut donner une véritable garantie de victoire avec la marge nécessaire pour conforter la démarche politique regroupée autour de Gilles Simeoni.
À Portivechju la liste PNC-Corsica Lìbera conduite par Jean Christophe Angelini a supplanté au premier tour celle du maire sortant Georges Mela. Les scores sont cependant proches, et, là encore, trois mois durant, la campagne de second tour sera déterminante. Le face à face se jouera sur les thématiques porto-vecchiaises sur fond d’une crise économique dont l’impact sera maximum dans la région numéro un pour le tourisme en Corse. Mais l’enjeu politique majeur qui reste en perspective est celui des prochaines territoriales, notamment pour le PNC et son leader.
Ailleurs les élections municipales n’ont guère bouleversé la paysage politique insulaire. La prime au sortant, classique dans une élection municipale, a été au rendez-vous dans de nombreuses communes. L’abstention et le climat particulier des bureaux de vote sous haute protection sanitaire ont probablement encore renforcé cette tendance.
Cependant plusieurs résultats ont réjoui les lecteurs d’Arritti, notamment, la belle victoire de Jean Charles Giabiconi à Biguglia, la cinquième commune la plus peuplée de Corse, à l’issue d’un combat politique de grande qualité. Et aussi dans plusieurs mairies où nos militants sont désormais aux responsabilités : Julien Paolini et François Martinetti à U Pitrosu, Paul Louis Giannecchini à Quercitellu, Marcel Torracinta à Santa Riparata di Balagna, Jo Quilici à Campu, Vincent Antomarchi à Santa Lucìa di Moriani, et, bien sûr, Mathieu Ceccaldi à Marignana.
François ALFONSI
20/03/2020