Arritti poursuit ses entretiens avec les élus Femu a Corsica pour comprendre leur rôle et l’action conduite par le groupe à la construction du « paese da fà ». Anne-Laure Santucci est enseignante. Elue depuis décembre 2017, elle siège dans plusieurs organismes, préside le Conseil des Rivages qui gère le Conservatoire du Littoral, mais aussi la commission violence à l’Assemblée de Corse.
Elle s’implique aussi fortement sur son territoire, Luri è u Capicorsu. Interview.
Comment le groupe Femu a Corsica a-t-il participé aux différentes initiatives pour faire face à l’épidémie ?
Les élus du Groupe Femu A Corsica se sont investis dès les premières heures, chacun dans ses compétences et dans ses prérogatives.
Les actions ont été diverses, que ce soit à travers le monde associatif, à travers des mandats d’élus locaux ou d’autres à travers la présidence de structures comme Air Corsica, les Chemins de Fer de la Corse, l’Office HLM, la SEM Corse Bois Energie, le SIS2B…
Aides aux populations les plus précaires, accompagnement et soutien des plus anciens, acheminement de masques, remise en route des moyens de transports collectifs, autant d’actions et de modes opérationnels différents pour tenter d’endiguer le phénomène et permettre d’atténuer les conséquences désastreuses pour les populations.
Les élus du groupe ont également participé financièrement à l’achat de masques chirurgicaux et de respirateurs aux côtés du Parti Femu A Corsica. Ces protections étant ensuite reversées aux différentes associations. Une action plurielle qui s’est appuyée sur la solidarité et le maillage du territoire.
On a beaucoup parlé des enseignants. Durant le confinement d’abord pour assurer la continuité pédagogique. Pour préparer le déconfinement ensuite. Votre sentiment ?
De la maternelle à la Terminale, les enseignants ont été du jour au lendemain engagés dans un enseignement en distanciel. Il faut saluer fortement leur capacité d’adaptation, leur ingéniosité, car enseigner à distance est extrêmement complexe pour qui n’y est pas formé.
Grâce à ce travail quotidien, même imparfait, on peut dire que les élèves et leurs parents ont pu bénéficier d’un accompagnement total.
Le lien ne s’est jamais rompu et à cette occasion les familles ont redécouvert combien le métier est un métier d’expert, combien il est essentiel dans nos sociétés de savoir, de connaissance et de socialisation. Ce confinement a permis de tisser des liens de confiance particulièrement dans le premier degré, entre tous les partenaires du monde éducatif, entre les co-éducateurs que sont les parents et les enseignants. Toutefois reste un dernier bémol, à cette occasion nous avons pu constater combien la fracture numérique a rendu ce confinement insupportable pour certaines familles.
Il nous faut nous atteler à diminuer la précarité numérique après le confinement.
De quelles façons avez-vous surmonté cette difficulté ?
Le Conseil Exécutif de Corse a été très actif sur ce sujet en souscrivant 350 abonnements internet destinés à des élèves qui en était dépourvus et ce afin de leur permettre de suivre l’enseignement à distance.
Le débat est vif : fallait-il rouvrir les écoles ?
La responsabilité du choix ou non de réouverture des établissements scolaires a été donnée aux maires. Même si pour chacun d’entre eux l’école est prioritaire leur responsabilité pénale était fortement engagée.
Certains se sont interrogés sur la pertinence du protocole sanitaire, très contraignant en particulier dans les classes de maternelle.
Manque de temps pour la mise en oeuvre des mesures sanitaires de l’État, difficulté d’application dans un grand nombre d’écoles, tout cela additionné à une ambiance générale très anxiogène, autant de facteurs qui n’ont pas permis un retour en présentiel dans de bonnes conditions. Cela est d’autant plus dommageable que la question de l’accueil des enfants les plus vulnérables se pose encore aujourd’hui.
Vous êtes très présente dans votre commune, quelles initiatives avez-vous pu prendre durant ces deux mois ?
Notre action, avec beaucoup d’autres a été un accompagnement des personnes âgées et des publiques les plus fragiles. A ce sujet chaque administré de plus de 70 ans a été doté en masque chirurgical de façon à appréhender le déconfinement dans les meilleures conditions possibles.
Comment le groupe appréhende-t-il les conséquences économiques et sociales de cette pandémie ?
Le groupe Femu A Corsica s’est réuni dès les premiers jours du confinement. Au-delà des actions de chacun sur son propre territoire, les commissions organiques de l’Assemblée de Corse, présidées par le groupe de la majorité, se sont mises au travail. Commission des Finances, de l’Économie, commission Santé et celle oeuvrant sur les problématiques de la violence ont travaillé, auditionné, échangé et partagé des analyses. Un très grand nombre d’acteurs économiques, associatifs, des chambres Consulaires, l’ensemble des structures qui composent notre société a été entendu. Les conclusions de ce travail d’analyse et de prospective ont été envoyées au Conseil Exécutif. Plusieurs dispositifs de soutien sont d’ores et déjà en place. Nous nous battons pour que la saison touristique puisse exister, c’est pourquoi le Green pass doit être mis en place. Il permettra à la fois de sécuriser notre territoire tout en accueillant les voyageurs en toute confiance, sans mettre en danger les capacités hospitalières de la Corse.
Sur le plan économique, le dispositif Sustegnu en co-construction avec les Chambres de Commerce et d’Industrie est une première réponse à l’urgence. Le Conseil Exécutif en proposera d’autres dans les semaines à venir.
Comment abordez-vous l’après confinement ?
Le travail continu, des sessions en présentiel vont maintenant être mises en place. Nous restons fortement impliqués au service des institutions de la Corse, des territoires et surtout de toutes les forces vives pour remettre notre pays en ordre de marche sans jamais oublier ceux qui vont subir les conséquences de cette crise économique. Ils sont aussi notre priorité.
Pour conclure plutôt que d’être en réaction face au cataclysme que nous venons de vivre, notre objectif est d’être dans une démarche proactive : ne pas chercher des causes aux circonstances du moment mais se placer dans une démarche politique initiatrice qui innove et qui incite. Agir sur des faits plutôt que de les subir, tel est notre ambition.