Plan Tourisme et green pass

Femu a Corsica hausse le ton !

Alors que la polémique politicienne enfle du côté d’un certain nombre d’élus et de professionnels du tourisme, à propos de la volonté de l’Exécutif de Corse de garantir la sécurité sanitaire du peuple corse, tout en permettant une reprise de l’activité touristique, Femu a Corsica hausse le ton et rappelle quelques vérités en commentant dans une longue publication les annonces du Plan Tourisme, le « green pass » et les propos de Jean Noël Marcellesi, businessman du tourisme, président du Cercle des Grandes Maisons de Corse.

Le Secrétaire national de Femu a Corsica, Jean-Félix Acquaviva, répond aux questions d’Arritti.

 

Femu est très critique sur les annonces du Plan Tourisme par le Premier ministre…

Nous avons fait part de nos craintes et du plus grand scepticisme quant à la réelle prise en compte, par le gouvernement, de la situation économique et sociale de la Corse. Hormis le principe affiché d’une éventuelle adaptabilité des mesures générales à certains territoires comme la Corse, les orientations du Plan sont, à ce jour, très nettement insuffisantes dans notre cas où l’économie est hyperspécialisée dans le tourisme avec une activité ultra-concentrée dans un temps saisonnier.

L’exonération de charges sociales et fiscales sur trois mois, le renforcement du recours à l’emprunt donc à l’endettement et le chômage partiel jusqu’en septembre, ne sont pas des mesures efficaces eu égard aux dégâts déjà commis sur le secteur des entreprises touristiques (cafés, restaurants, hôtels, campings, gîtes, activités de pleine nature, de transports, activités tournées vers l’événementiel et autres prestataires de services).

Du fait de la très forte dépendance au secteur touristique d’une part et du pic de population touristique d’autre part, nombreux autres secteurs et professions sont directement touchés, comme l’agriculture, la pêche, le secteur de l’agroalimentaire, de la distribution, du commerce, mais aussi les artisans du BTP, les professions libérales médicales et les indépendants, etc.

À ce jour, tous ces secteurs sont les oubliés des mesures. Et les dégâts sont colossaux…

 

D’aucuns pensent qu’il suffit de rouvrir ports et aéroports…

Non seulement le confinement individuel a empêché toute activité entre mars et mai mais il a provoqué des annulations en cascade de réservations pour le coeur de saison. Dans ce contexte, laisser croire qu’il suffirait d’ouvrir à nouveau les flux aériens et maritimes pour « rattraper » le retard et sauver les entreprises comme le font croire certains acteurs économiques, représentants politiques et élus, est proprement inconsistant et irresponsable, d’un point de vue sanitaire, économique et social.

Oui pour le redémarrage de l’activité absolument nécessaire, non pour laisser croire que cela sera une véritable «saison». Cette dernière attitude vise à leurrer la grande majorité des acteurs économiques et touristiques en essayant de limiter la grande responsabilité du gouvernement dans la définition de mesures adéquates permettant l’amortissement du choc, avant de parler de reprise, puis, à l’horizon souhaité de l’automne, de relance avec les moyens afférents.

 

Que faut-il faire pour amorcer cette reprise ?

Toutes les études sérieuses démontrent qu’un français sur deux (pour effectivement ne parler que de la clientèle accessible à une offre touristique, eu égard aux restrictions de transport à l’international) déclare ne pas vouloir partir en vacances cet été, ou bien partir dans des bassins de vie de proximité, au détriment des destinations lointaines ou semi-lointaines comme la Corse. Ceci pour deux raisons essentielles : en premier lieu, par peur du virus, de sa propagation et par peur de se retrouver confiné loin de chez soi en cas de rebond ; ensuite, par baisse du pouvoir d’achat général.

À l’instar du Conseil exécutif et de son Président, de la majorité territoriale, mais aussi à l’instar de nombreux acteurs touristiques, économiques et institutionnels responsables, il est évident qu’il faut avant toute chose rassurer et sécuriser les insulaires d’une part, les populations touristiques d’autre part, grâce à une procédure sérieuse de contrôle et d’évaluation sanitaire des personnes se rendant en Corse, appelée « green pass », sur laquelle seule peut se fonder une réelle stratégie de promotion et de commercialisation de la destination et de sa « sûreté » pour essayer d’optimiser ce redémarrage.

 

Ce green pass est un leurre selon certains…

La délivrance d’un « green pass » est une solution et non la cause de non-venue de touristes comme tentent de le développer de manière caricaturale et manipulatoire certains responsables politiques, plus attentifs aux prochaines élections municipales puis territoriales qu’à la crise historique et profonde que nous traversons, avec la responsabilité et la cohésion que celle-ci impose.

Même si en démocratie chacun a le droit de s’exprimer, parmi les voix polémiques et stériles qui se sont élevées, celle de M. Marcellesi est révélatrice de choix de développement et de société aux antipodes de nos aspirations. Cette voix excessive et cynique sert les intérêts privés de quelques-uns contre l’intérêt de l’ensemble des acteurs économiques, touristiques et de toute composante du peuple corse tout simplement.

 

Comment ça « excessive »…?

Excessive, car M. Marcellesi a choisi de cibler de manière agressive et réitérée « ad nominem» le Président du Conseil Exécutif en des termes guerriers alors que le débat sérieux enclenché ne justifie en rien cette agressivité. Ses propos ne sont pas représentatifs du monde touristique et économique jusqu’au sein de la structure qu’il préside où, fort heureusement, des voix responsables et posées divergent.

Cynique, car M. Marcellesi est suffisamment intelligent pour savoir que le risque de rebond existe et les études de probabilité démontrent que, sans contrôle, il est possible que 600 personnes positives au Covid entrent sur le territoire par tranche de 300 000 personnes.

Trois personnes contaminées ont suffi à créer le cluster ajaccien au mois de mars…

 

C’en serait alors finit de tout espoir de reprise…

En voulant ouvrir les «voiles » sans aucun contrôle outre mesure et en diabolisant le «green pass », M. Marcellesi fait sciemment le choix d’éluder la santé des Corses et des vacanciers. Il fait également le choix suicidaire d’un risque de rebond qui mettrait à terre les entreprises en redémarrage, si un reconfinement devait être imposé en août ou septembre.

Ce type de voix dangereuse et affairiste constitue un «mirage » dans le paysage actuel : champion reconnu des promotions de résidences secondaires dans l’extrême-sud, M. Marcellesi est l’archétype du choix d’une croissance exponentielle, fondée sur la vente du patrimoine foncier, nos terres, pour de surcroît permettre une spoliation et un développement d’activités locatives para-commerciales directement concurrentes de toutes nos entreprises touristiques professionnelles insulaires qu’il prétend défendre par son intervention.

La manoeuvre à court-terme est connue: il s’agit, ni plus ni moins, de défendre quelques intérêts privés immédiats dont les structures seraient vite prisées même en cette période de crise, au détriment d’une vision d’ensemble cherchant à sauver le plus grand nombre par une stratégie adaptée.

 

Un choix de société à l’encontre de celui de Femu a Corsica ?

Effectivement, notre choix de société n’est et ne sera jamais celui de M. Marcellesi et de ses supporters. Fort heureusement, nous sommes très nombreux en Corse à penser de la sorte et le Président de l’Exécutif est loin d’être isolé sur cette voie. En cette période cruciale, nous réitérons notre appel à l’unité, à la cohésion, mais aussi à la responsabilité des acteurs politiques et économiques.

Notamment et surtout pour obtenir de l’État les justes moyens pour amortir le choc et sauver le plus grand nombre. Pour adopter ensuite la voie du redémarrage d’une manière sereine, éthique, saine, socialement responsable et économiquement efficace.

Notre discours rejoint l’avis de nombreux opérateurs et de nombreuses couches du peuple corse. Il vise, non pas à « théoriser l’effondrement » comme ont pu le développer futilement certains édiles, mais à faire preuve de lucidité, de responsabilité, d’unité et de cohésion face à cet enjeu de taille. Toujours au service de l’intérêt général, au service de tous les Corses et non de quelques-uns.