Sa nomination a été une surprise, par son jeune âge (31 ans à sa nomination l’an dernier), mais surtout par ses missions ! C’est la première fois en effet qu’un Exécutif Corse, et même qu’un Exécutif régional en France, souligne l’importance de la jeunesse, de l’égalité homme femme et du sport et du handicap, au point de lui dédier une Conseillère Exécutive en charge de ces questions. Pour Gilles Simeoni, la jeunesse, la femme, sont des atouts, et donc une priorité du « paese da fà » ! Il a choisi Lauda Guidicelli, jeune femme engagée, psychologue de métier, pour incarner cette priorité et cette volonté. Lauda Guidicelli revient avec Arritti sur les grands chantiers qu’elle a ouverts depuis le début de son mandat.
Interview.
Quelle est votre vision de la jeunesse corse ? Comment le Pattu, que vous portez, peut-il être une réponse adaptée aux défis que doit relever la jeunesse ?
Il est important d’appréhender avec lucidité la jeunesse tant sur la question des difficultés majeures rencontrées que sur les atouts qu’elles possèdent. Notre jeunesse évolue dans une société de plus en plus vieillissante, elle est confrontée aux problèmes de chômage, de précarité, de formation et de qualification. Elle rencontre des difficultés d’accès à la propriété, sans parler de carences en matière de mobilité. Toutefois, sans nier ces difficultés objectives et réelles, notre jeunesse possèdent des atouts indéniables. Nous avons une jeunesse engagée avec un sentiment d’appartenance à sa terre, à sa langue, à sa culture, tout simplement à son histoire.
Et surtout nous avons une jeunesse qui n’a pas peur des défis et relèvent ceux de l’innovation et de la création.
Pour ma part, vous l’aurez compris, la jeunesse corse est une force vive, une ressource et un atout essentiels pour la Corse, c’est pour cela que l’impliquer activement dans le projet collectif de transformation profonde de la société insulaire est toute l’ambition du Pattu pè a Ghjuventù.
J’ai lancé le Pattu pè a Ghjuventù dont la feuille de route a été adoptée à l’unanimité le 27 avril 2018. Le Pattu permet à la fois d’accompagner les jeunes Corses dans l’affirmation de ce qu’ils sont et veulent devenir et de favoriser leur mobilisation et leur implication citoyennes.
Les scontri di u sport ont démarré début janvier, avec comme objectif de co-construire la politique sportive par et pour le monde sportif. Ils ont été accueillis très favorablement, quelles sont les suites que vous comptez donner à cette démarche ?
Pour ce qui est de la politique sportive, j’ai travaillé sur la mise en place des Scontri di u Sport, véritable consultation du mouvement sportif au plus proche des territoires.
Consultation qui était d’ailleurs attendue depuis 2013 et que nous avions annoncée dans le programme des Territoriales de 2017 Un Paese da fà. L’ensemble de ce dispositif va nous permettre d’avoir une approche la plus précise possible des acteurs du monde sportif : associations, ligues, comités, collectivités locales, pratiquants…
Toutes les données vont être traitées et analysées afin d’aboutir à un rapport qui sera présenté devant l’Assemblée de Corse à l’automne prochain.
Le derby de football bastiais délocalisé à Aiacciu, vous trouvez ça normal ?
Non, ça n’est absolument pas normal. En ma qualité de Conseillère exécutive en charge du sport, j’ai interpellé le président de la Fédération Française de Football pour qu’il revoit sa décision, qui non seulement n’est pas opportune mais qui vient aussi mettre à mal la notion d’équité tant pour le club de l’Étoile Filante Bastiaise que pour le Sporting Club de Bastia. Je lui ai rappelé qu’en terme de sécurité le stade Armand Cesari est prêt à accueillir une telle rencontre et qu’il serait injuste que ce derby se joue ailleurs que sur le territoire du Grand Bastia, imposant ainsi une délocalisation forcée pour les deux équipes. De plus d’un point de vue sportif, pour l’une des deux équipes, en l’occurrence l’Étoile Filante Bastiaise, la question du maintien est en jeu. En conséquence, l’équité et le bon sens seraient d’organiser cette rencontre sur leur territoire. Par ailleurs en délocalisant cette rencontre on prive les commerçants bastiais d’une retombée économique non négligeable.
Je n’ai pas eu de réponse à ce jour.
Les sports de nature sont un des leviers de développement, quelles actions envisagez-vous pour encourager et valoriser leur pratique ?
Nous avons la chance de vivre sur une île propice au développement des pratiques de sports de nature qu’ils soient côté montagne ou côté mer. J’ai donc travaillé avec les services de la direction adjointe des sports à la mise en place de dispositifs « Pratiques de nature, côté montagne » et « Pratiques de nature, côté mer ». Nous travaillons également à l’organisation de la 13e édition du Raid Oxy Jeunes «A Sfida Natura » du 7 au 9 juin prochains dans le Nebbiu.
Enfin, avec le Président du Conseil exécutif de Corse, nous souhaitons proposer pour 2020 en concertation avec l’ensemble des acteurs institutionnels et de terrain un événement de grande envergure dans le domaine des sports de nature.
Je pourrai vous en dire plus dans quelques temps. De plus, dans le cadre des JO 2024, il serait intéressant que la Corse puisse être un terrain de jeu pour les équipes en proposant des stages de préparation par exemple.
Vous avez aussi la charge de l’égalité Homme- Femme au sein de l’exécutif, quelles actions avez-vous mises en place, notamment en matière d’égalité salariale, pour laquelle vous aviez annoncé qu’elle serait une priorité ?
Alors vous le rappelez, avec le Président du Conseil exécutif, nous souhaitons faire de l’égalité salariale une priorité pour notre Collectivité. La Collectivité de Corse est aussi un acteur essentiel de la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
À ce titre, je souhaite impulser la conduite du changement par le biais d’actions concrètes, tout en répondant au besoin de modernisation de la fonction publique territoriale et à l’harmonisation en cours au sein de sa structure. Au regard de son dernier bilan social (31 décembre 2018), la Collectivité de Corse, dans son rôle d’employeur, s’est manifestement déjà engagée dans un objectif de parité au sein de ses effectifs.
Vous l’aurez compris, mettre en oeuvre des actions de communication, d’information, et de sensibilisation en direction de l’ensemble des agentes et agents est primordial pour tendre vers l’objectif de parité et lutter contre les stéréotypes du genre.
La mise en oeuvre de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes dans la fonction publique territoriale est non seulement une obligation légale, mais aussi un gage de justice sociale. Par le biais de diverses propositions innovantes, je souhaite consolider l’engagement de la Collectivité de Corse pour que ce droit élémentaire devienne réalité.
Le 8 mars sera célébrée la journée internationale des femmes, que ferez-vous pour cette occasion ?
Le 8 mars prochain je signerai la Charte Européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale qui marque une prise de position publique sur cette question et cela est une première pour notre Collectivité.
J’aurai d’ailleurs l’occasion de décliner lors de la session de mars le plan d’action et les priorités découlant de la ratification de cette Charte.