Catalogne

La langue de bois de la Commission européenne

Les députés européens de l’ALE avaient mis au programme de leur réunion de groupe en Catalogne un débat avec ce haut fonctionnaire qui a été aux premières loges des décisions de la Commission de se tenir à l’écart, alors que la police matraquait de simples électeurs de tous âges et de toutes conditions.

Quels messages a-t-il fait remonter à ses supérieurs, pourquoi n’ont-ils pas réagi alors que les violences policières décidées par Madrid bafouaient la démocratie européenne ?

Une autre question taraude l’assistance, c’est le choix de modifier le décor officiel de la salle de réunion jusqu’ici ornée d’un logo de la Commission surmonté de la mention, dans la seule langue catalane, « comissiò europea ».

Désormais le decorum fait la place, en plus de la langue catalane, à la langue espagnole.

Pour tous, ce détail est significatif des effets de l’article 155, et de la pression mise par Madrid pour reprendre la main sur la société catalane, et la Commission Européenne a obtempéré sans rien objecter.

Mais c’est sans compter sans la puissance de la langue de bois de la Commission et de ses dirigeants.

L’introduction de la langue espagnole, un effet des pressions de Madrid ?

Mais pas du tout, voyons ! Le responsable explique : il s’agissait juste de s’aligner sur Bruxelles où toute la signalétique de la Commission est bilingue dans les deux langues officielles de la ville, le flamand et le français.

C’est tellement peu crédible que c’en est risible.

Quant à l’absence de réaction de la Commission alors que l’Espagne violait tous les fondamentaux de la démocratie européenne, la langue de bois estampillée à Bruxelles fournit une explication pour le moins imagée. Son représentant explique que l’Europe est comme une co-propriété de 28 appartements, et «Monsieur Jean Claude » (Juncker) en est le syndic. Si l’action se passe à l’intérieur d’un de ces « appartements », la Commission n’a pas à intervenir. Ce n’est que si le désordre affecte l’ensemble de la «maison commune » que «Monsieur Jean Claude » est habilité à intervenir. Traduction concrète : un voisin fume sans mesure et intoxique sa famille, la Commission n’a pas à intervenir. Par contre, s’il jette ses mégots par la fenêtre, «Monsieur Jean Claude » lui rappelle les « bonnes manières ».

Autre interprétation : tant qu’il ne les jette pas par la fenêtre, un voisin irascible peut tabasser femmes et enfants à sa guise !

Et avec à la clef le comble de l’ironie : alors que le haut fonctionnaire multipliait les acrobaties métaphoriques pour justifier l’injustifiable inertie de la Commission Européenne, Angela Merkel rendait publique sa propre intervention pour faire arrêter les principaux excès du gouvernement Rajoy.

Pourquoi la Commission Européenne n’en a pas fait autant ? Il y a même fort à parier que ce fonctionnaire a fait remonter des appréciations plutôt sensées au plus fort de l’action. Mais le voilà aujourd’hui contraint de débiter une pitoyable langue de bois.

Décidément, l’action de la Commission en Catalogne est en train de virer au naufrage !

 François Alfonsi.

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