Bernard Cesari, président de A Madunnetta

« La mer est une des solutions au développement et à l’autonomie de la Corse »

Élu à la mairie de Bastia, Bernard Cesari est président de A Madunnetta et principal porte-voix de ce projet ambitieux.

Interview.

Tout d’abord, présentez-nous A Madunnetta et son ambition de valoriser le patrimoine maritime de la Corse?

L’association A Madunnetta a été créée il y a quelques années pour contribuer à refaire vivre le patrimoine maritime de Bastia et plus largement de la Corse, par le biais de la construction de bateau à voile latine.

 

Ce projet de reconstruction à l’identique de la «Galeotta» de Pasquale Paoli… c’est quand même un parti un peu fou, non?

Un peu de folie fait du bien dans le monde actuel. En fait, nous voulons remettre la mer, a nostra, au coeur du Vieux Port de Bastia qui a été pendant des siècles le poumon économique et culturel de la Corse. Nous avons oublié la mer, ou plutôt nous ne le considérons plus pour ce qu’elle a été pour Bastia et la Corse, à savoir son interface indispensable au développement, au rayonnement, à l’ouverture sur notre sphère naturelle, la sphère italique.

Et puis construire un bateau, fut-il en bois, était habituel dans le Cap Corse, à Bastia, nous avons perdu l’habitude. Le Chebec sera là pour montrer, nous l’espérons, un chemin pour notre jeunesse, un chemin à reprendre vers le monde et des métiers nobles, de charpentier à forgeron, d’électronicien à navigateur.

 

Quel est le budget nécessaire et surtout, comment êtes-vous parvenu à intéresser les partenaires d’un tel projet ?

Le budget estimé est de 8 millions d’euros.

C’est beaucoup et c’est peu à la fois, en termes de retombées directes et indirectes sur la ville et la Corse (renommée, visites du chantier, communication, rayonne ment international, redécouverte de l’histoire, création de filières et d’emplois, formation des jeunes.

 

Quelles sont les caractéristiques de ce navire ?

C’est un bateau d’origine barbaresque, peut-être de pêche, puisque le nom de chebec se rapproche de celui d’un filet en arabe. Il a remplacé les galères car il pouvait être armé de canons latéraux contrairement aux précédentes. Il avait encore des rames que l’on utilisait debout et qui permettait de se sauver ou d’attaquer même sans vent. C’est probablement le plus beau bateau de Méditerranée, fin, rapide, avec 3 mats à voile latine, un château arrière très caractéristique et une proue élancée.

 

Quelle connaissance a-t-on de l’histoire de la « Galeotta» de Pasquale Paoli?

Les sources disent que le Chebec a été offert à la révolution corse par l’ordre de Malte en 1754, dont un an avant que Pasquale Paoli ne fusse nommé général de la nation. À l’époque des négociations avaient lieu à Rome entre l’ordre de Malte et les révolutionnaires corses. Malte a offert des armes, de l’argent, et donc un chebec, probablement capturé à d’autres.

Il a été commandé par le commandant Péri, ou Peres à Malte. Du village de Peri. Grand marin au parcours un peu sinueux puisqu’il se tournera ensuite vers la France.

On sait qu’en tant que corsaire corse, il participera à la capture d’un chebec barbaresque, aidé d’un chebec maltais.

 

Outre le plaisir de vivre l’aventure d’un tel chantier, quel est son intérêt ? Pour quelle rentabilisation ?

Les intérêts sont multiples. Faire rêver, car un bateau à voile fait toujours rêver.

Lorsque l’on voit le succès de la construction de l’Hermione ou de sa visite à Bastia, on le constate ! Faire comprendre ensuite que la mer est une des solutions au développement et à l’autonomie économique de la Corse, donc une des conditions de l’autonomie politique de notre île. Rappeler enfin un passé oublié pour changer le présent et créer un avenir productif et valorisant pour notre île.

 

Ce sera un musée à quai ou bien pourra-t-il naviguer et pour quelles missions à imaginer ?

Ce ne sera pas un musée statique. Ce sera un bateau aux normes modernes, qui respectera la division des affaires maritimes (notre bureau d’études, yacht concept, a déjà défini les caractéristiques en accord avec elles) pour l’homologuer en navire de grande plaisance : 30 passagers  de jour en eaux territoriales, 12 passagers en cabines en eaux internationales. Nous financerons le fonctionnement du bateau grâce à quelques croisières organisées.

Ce bateau naviguera aussi autour de l’île à la rencontre des habitants, des lycéens, des enfants pour rappeler le passé maritime de la Corse, rappeler ce que peut apporter une économie maritime…

En fait, pour vous, ce beau projet c’est une façon d’affirmer l’identité maritime de Bastia et de la Corse ?

Exactement, dans un but de se réapproprier un passé oublié mais récent, mais dans un but de progrès, d’ouverture sur les autres et de réussite sociale durable…

 

Pour nos lecteurs, comment soutenir le projet et participer à cette aventure ?

Vous pouvez adhérer à l’association (20€/an). Mais vous pouvez aussi aller sur le site de la Fondation du patrimoine de la Corse soutenir le projet. Entreprises ou particuliers peuvent défiscaliser leurs dons. Bientôt aussi, vous pourrez parrainer des pièces du bateau.

Rendez-vous en attendant sur la page Facebook du sciabeccu A Galeotta.

https://www.facebook.com/profile.php?id=100013895619881