En Corse, entre passions et dérives, les choses peuvent très vite prendre des proportions folles qu’il est parfois difficile de réparer. Dans notre culture agro-sylvo-pastorale, si proche de la nature, il est inconcevable que l’on puisse fermer abusivement une piste en montagne, qui plus est piste communale utilisée par les services de secours Incendie, et les bergers qui partent en estives. Et pourtant ! C’est ce qui s’est passé il y a quelques semaines dans la région de la Gravona et du Prunelli. La piste reliant le col de la Scalella à trois estives de bergers, le Verdanese, i Purcilelli è u Puzzolu, a été clandestinement vandalisée à l’aide d’une pelle mécanique, occasionnant de graves dommages, bloquant l’accès également de rochers, détruisant même un réservoir d’eau ! Pire, ces dégradations s’accompagnent de lettres de menaces au maire de Tavera et aux bergers à l’encontre de leurs bergeries ou de leurs troupeaux pour le cas où la piste serait reconstruite. Chjìbba !
Rassemblement de soutien, communiqués de condamnation… mais le Conseil municipal a délibéré pour annoncer qu’il ne reconstruirait pas la piste… Les on-dits dénoncent une «mafia des montagnes », des « tentatives de privatisation » et autres rumeurs aussi inquiétantes que scandaleuses. Difficile d’en savoir plus, mais une chose est sûre il y a des intérêts divergents qui se jouent là-haut.
Le Président du Conseil Exécutif a reçu les bergers ce 29 juin avec le Président de l’Odarc, et des élus de la majorité, dont Marcel Cesari, syndicaliste à Via Campagnola et conseiller territorial Femu a Corsica. À la sortie de cette réunion, Gilles Simeoni a souligné « l’urgence absolue » pour les bergers et « le risque d’impact ruineux sur leur exploitation ». Une réunion à son initiative sera organisée dans les plus brefs délais avec les élus de la commune de Tavera et les bergers pour obtenir que la piste soit « réouverte pour la saison et que les bergers puissent normalement aller vers leurs estives ». La Collectivité de Corse s’impliquera « afin que les choses s’apaisent pour que femmes et hommes qui vivent dignement de leur travail puissent le faire sans être sous le coup de quelque menace que ce soit ».
Les bergers étaient heureux de cette prise de position ferme. «On se sent moins seuls, les élus sont à nos côtés et ils mettront tout en oeuvre pour ouvrir cette route, au moins pendant la période de transhumance ». Reste l’intolérable de telles exactions. Souhaitons que leurs auteurs en aient vraiment pris conscience