«Je ne crois ni à l’angélisme, ni à la négation des évidences : l’histoire de l’humanité est remplie de violence, est-elle consubstantielle de l’espère humaine ?
Je ne le pense pas.
Médecin, humaniste, passionné par les autres, ma vie m’a précipité, en Corse, dans un tumulte, une fureur auxquels rien ne m’avait préparé ; j’ai participé à la violence et on ne peut me suspecter de chercher, a posteriori, une légitimation de mon attitude. En effet, dès 1987, j’ai fait mon autocritique, avec force mais bien esseulé…
Inefficace en apparence…
J’ai pratiqué la violence mais d’abord je l’ai fortement subie, dans ma dignité, dans mes convictions démocratiques – le suffrage universel était une serpillère – dans ma propre famille et avec mes amis quand nous avons subi 62 attentats de Francia, organisés, sous la houlette de l’État, impavide et complice, par cette officine de police parallèle.
Malgré l’injustice historique faite à la Corse et à son peuple, j’ai la conviction que le pire aurait pu être évité, plus de dix mille attentats, près de deux cents morts, la radicalisation, si la raison et le droit, matérialisés dans le dialogue, avaient prévalu une seule fois, au cours de ces cinquante années de souffrances et de drames.
L’État surtout mais aussi le système de clientèle, qui lui est inféodé, le peuple corse aussi, ont une lourde part de responsabilité dans cette faillite commune.
La voie de la non-violence ouverte par le MAN-Mouvement d’Alternatives Non Violences, empruntée par Jean-François Bernardini, la Fondation Umani, validée par des grandes consciences universelles, Gandhi, Luther King, Mandela, Camus et tant d’autres, est une voie difficile mais gratifiante : elle est la garantie, partout dans le monde, du dialogue, de la justice, du droit, exigés par la force des arguments, validés par la confrontation démocratique, assurés du large soutien des forces immenses de la conscience.
En corse, nous n’avons rien à craindre du débat ; la vérité cheminera, enflera et, à terme, nous aurons accompli, avec modestie, une part infinitésimale du nécessaire engagement collectif pour construire partout, au profit des générations futures, des sociétés mieux développées, plus apaisées, plus équitables, plus solidaires. »
Eccu quale era u Duttore Edmondu Simeoni ! Hà seguitatu tutta a so vita, a pensata di u Babbu Pasquale Paoli chì dicìa «Que penser de l’habilité d’un gouvernement qui frappe un peuple dans ce qu’il a de plus cher et lui interdit ce qu’il ambitionne d’avantage ? Aussi, quand je voulais raviver la haine de mes compatriotes contre Gênes, je remettais sous leurs yeux les décrets qui les excluaient de toutes les places ».
C’est en dénonçant lui aussi l’injustice et en louant la démocratie et la liberté qu’a vécu Edmond Simeoni. C’est pour cela qu’il est entré à ce point dans le coeur des Corses.