Michel Castellani

L’assurance tranquille de 50 ans d’histoire

Suite de la présentation de nos députés au Palais Bourbon. Docteur es Sciences Économiques, Michel Castellani est un militant des premières heures de l’ARC, le mouvement nationaliste des années du Riacquistu. Ce bouillonnement culturel et social a sonné u culombu de la conscience des Corses. Lingua, terra, pòpulu, la revendication s’est affirmée au fil des décennies… Michè Castellani est le représentant de toute cette riche histoire. Porté par elle, il affiche l’assurance tranquille d’un combat juste qui ne peut qu’aboutir.

 

Le nationalisme corse contemporain c’est déjà 60 années d’histoire, de sacrifices, d’investissement sur tous les terrains de luttes. Il est des hommes qui illustrent ce combat dans cette durée et une exceptionnelle constance dans leurs positionnements et leur engagement, Edmond ou Max Simeoni, par exemple. Ils sont au démarrage de la prise de conscience qui nous a porté jusqu’à aujourd’hui et qui a sensibilisé, formé, nourri tant et tant de militants à leurs suites. Ils laisseront leur nom à l’Histoire et leur flamme continue, et continuera encore longtemps d’éclairer la route de générations de militants. C’est la force du nationalisme corse. Et la force de tous les combats de peuple. La conscience collective et la capacité qu’ont des hommes à se lever pour la défendre.

 

Michel Castellani, malgré sa discrétion naturelle et sa propension presque à s’excuser d’être là, est lui aussi de ces personnalités qui incarnent un parcours, tant le leur est calqué sur les luttes de tous les instants.

Présent depuis les premières heures de l’ARC, puis de l’UPC, puis d’Inseme pè a Corsica, puis de Femu a Corsica et maintenant de Pè a Corsica, sa grande taille et son grand coeur surtout, ont toujours accompagné nos avancées. Son parcours brillant au niveau professionnel –docteur en Économie– lui a permis d’enseigner cette matière au coeur de toutes les évolutions des sociétés humaines, bien au-delà de l’Università di Corti, et très régulièrement en Italie, au Maghreb, et jusqu’à la Sorbonne à Paris !

Sans parler des innombrables conférences données de par l’Europe et le monde. Il s’est passionné de l’évolution de la démographie et, pour la survivance d’un peuple, elle est fondamentale. Il a aussi –déjà !– impressionné ses collègues députés des autres groupes en s’exprimant au sein de la Commission des Finances du Palais Bourbon sur ces problématiques et sur l’évolution catastrophique du budget de la France. Un Corse venant donner quelques leçons d’économie, ça a dû faire un choc ! Il est donc en première ligne dans cette commission pour faire passer nos messages. «Nous sommes investis par la majorité territoriale, dit-il, et nous venons de l’être par la majorité des Corses. Nous avons toute légitimité pour parler aux chefs de groupes de l’Assemblée nationale, travailler en commission, poser des amendements, voir les ministres quand il le faut, et le président de la République au besoin. La démocratie c’est ça. Nous sommes ultra-majoritaires en Corse et le gouvernement doit en tenir compte».

 

Il a toujours été un ardent défenseur de la langue et de la culture corse. «Mes parents n’ont jamais parlé français à la maison »… Rappelons aussi que son frère, Carlu Castellani, a fondé Scola Corsa di Bastia, un pionnier en matière de renaissance de notre langue. Tout jeune, dans les années 60, Michè était à ses côtés, lorsque Carlu combattait inlassablement pour que la langue corse soit intégrée à la loi Deixonne (votée en 1951), c’est-à-dire qu’elle accède à l’enseignement facultatif comme les autres langues identitaires en France, ce à quoi nous n’avions même pas droit ! Ce sera fait en 1972, point de départ d’un long chemin pour arracher des avancées pour notre langue, jusqu’à la délibération de l’Assemblée de Corse pour un statut de coofficialité.

Michel y était d’ailleurs, dans l’hémicycle, élu du groupe Femu a Corsica, pour voter cette motion historique en 2011! Il était le benjamin en 1981 lors de la toute première Assemblée de Corse, octroyée par le statut Deferre. En 2007 il est élu dans l’opposition à la mairie de Bastia avec Gilles Simeoni puis réélu en 2014, cette fois pour la victoire sur le « système Zuccarelli » contre qui il aura combattu toute sa vie militante. Il est depuis adjoint au maire en charge de l’urbanisme à essayer de rattraper le temps perdu par la ville.

 

Michè, c’est aussi une figure du monde sportif, un supporter acharné du Sporting Club de Bastia pour lequel il a été de toutes les campagnes. Et ça rajoute à sa grande popularité parmi le peuple bleu, et parmi les jeunes. Car il est très aimé des centaines d’étudiants séduits au long de sa carrière par ses démonstrations passionnantes à l’Université.

En juin dernier, il est choisi par les militants pour se présenter à l’élection législative et fait une campagne intense, visitant tous les villages aux côtés de sa suppléante, Juliette Ponzevera, toute jeune promue en politique, très investie sur le terrain social dans sa région du Nebbiu. Tous deux représentent la continuité du nationalisme corse. Lui, dès les premières heures, Juliette à la relève: un beau duo qui a largement convaincu l’électorat avec 60,81% des voix! Un résultat qui restera dans les mémoires à Bastia !

Il l’explique par « notre façon de poser la question corse, notre volonté d’avancer de façon pragmatique sur des bases que les gens apprécient, le fondement démocratique et le respect de la personne humaine.»

Là encore, il exprime mieux que quiconque ce nationalisme humain, profondément enraciné dans ses convictions, mais ouvert et accueillant: «Le peuple corse c’est un peuple qui se construit et qui s’est construit jour après jour en accueillant des gens de toutes origines qui se sont fondus dans un sentiment d’appartenance, c’est le sentiment d’appartenance qui fait notre spécificité. » dit-il encore avec une foi inébranlable en l’avenir.

Et c’est communicatif !

 

ARRITTI.