Le Parlement catalan issu des élections du 21 décembre 2017 a élu Qim Torra comme nouveau Président de la Generalitat de Catalunya. Il succède à Carles Puigdemont qui avait conduit la liste Junts per Catalunya arrivée en tête des listes qui forment la majorité indépendantiste que les électeurs catalans ont reconduit aux responsabilités.
Carles Puigdemont était le leader naturel de cette majorité, candidat à sa propre succession.
Mais la répression politico-judiciaire contre le mouvement démocratique catalan a fini par l’empêcher d’être candidat en le contraignant à l’exil en Belgique, puis en Allemagne. Un autre dirigeant du même mouvement, Joaquim Forn, ancien ministre de l’intérieur, après avoir présenté sa candidature, et rassemblé 66 voix au premier tour, a été aussitôt incarcéré par la justice madrilène avant de pouvoir être élu au second tour à la majorité relative.
Cette répression politique totalement inédite en Europe vise une trentaine de dirigeants démocratiquement élus, dont la moitié est incarcérée ou contrainte à l’exil au titre de leur participation à l’organisation du referendum d’autodétermination du 1er octobre 2017. Poursuivis pour « rébellion » et « sédition », ils subissent une justice arbitraire, instrumentalisée par le pouvoir politique madrilène. Pour sortir de l’impasse, et préserver le résultat de l’élection de décembre 2017 gagnée par les forces indépendantistes au grand dam de Mariano Rajoy, il fallait investir un candidat situé en dehors du périmètre de ceux que le juge Llarena a inculpé au titre de leur participation à la précédente Generalitat. C’est ainsi que Qim Torra, nouvel élu issu de la société civile, a été choisi pour se substituer à Carles Puigdemont, ce qui permettra aux indépendantistes de retrouver la maîtrise des puissantes institutions catalanes.
Qim Torra sait que son mandat sera très politique, et qu’il devra travailler en étroite collaboration avec le « Président légitime » Carles Puigdemont. Il promet de se consacrer à la rédaction de la constitution de la future « République catalane », et à affronter les prochains bras de fer avec l’État.
L’un d’entre eux sera le grand procès politique qui aura lieu à l’automne contre Carles Puigdemont, Oriol Junqueras, et tous leurs amis. Ayant stabilisé leur majorité, et retrouvé la faveur des sondages après le «passage à vide » d’une période de désarroi et de désaccords internes, les mouvements catalans envisagent même, comme le leur permet le statut d’autonomie de la Catalogne, de convoquer de nouvelles élections pendant le procès à venir pour dénoncer, avec l’appui de la population, les atteintes à la démocratie perpétrées par Madrid.
Le peuple catalan poursuit sa route pour law reconnaissance de son droit à l’autodétermination.
L’Europe devra bien, un jour ou l’autre, le prendre en compte.
F.A