Dimanche 25 novembre, s’est tenue à la salle polyvalente de Lupinu, présidée par Gilles Simeoni, la réunion de la région de Bastia-Capicorsu-Nebbiu pour mobiliser en vue de l’AG constitutive de Femu a Corsica du 2 décembre à Corti. Une centaine de personnes présentes ont entendu les explications sur les retards de cette AG et ont été invitées à faire venir du monde. La nécessité d’avoir un parti fort démocratique pour faire valoir les droits du Peuple Corse face à un État qui ne veut rien entendre a été soulignée.
Un parti démocratique fort ?
Mais qu’est que c’est un parti démocratique ? On est amené à y réfléchir tant les circonstances sont loin d’aller de soi à ce sujet.
Reprenons le fil logique d’octobre 2017 où est voté à l’unanimité la fusion Femu a Corsica des trois organisations autonomistes (PNC, Inseme, Chjama Naziunale) qu’aucune option idéologique ou stratégique ne sépare. Elle est votée à l’unanimité des plus de 1200 présents ainsi qu’une Charte Éthique et les statuts. Une commission de 30 membres est désignée (10 PNC, 10 Inseme, 10 hors structure pour l’ouverture) qui a pour mission de préparer matériellement l’AG Constitutive dans les six mois, donc avant mi-avril 2018. De prolongation en prolongation, rien ne sort. Aucune explication. Les gaz délétères des critiques et de la morosité finissent par occuper tout l’espace.
La date du 2 décembre est donnée ces derniers jours, et il reste peu de temps pour reprendre de l’élan.
L’enthousiasme d’octobre 2017 qui avait abouti en décembre, seulement deux mois après, à l’élection « historique » d’une majorité absolue, s’est volatilisé. C’est donc dans la gravité d’un enjeu important qu’il convient de réussir au mieux cette AG constitutive de Femu a Corsica.
Les statuts ont été modifiés, « finalisés » comme il est dit. Or, la Commission de coordination n’avait pas cette mission. Dans un mouvement démocratique, c’est du ressort d’une AG avec un ordre du jour unique. Finaliser ou finasser pour désamorcer les réticences du PNC qui est revenu sur la conception du parti unifié voté en octobre 2017 ?
Pour garder sa « sensibilité », il voulait une fusion, à deux avec Inseme, baptisée parti à tendances, parti fédéraliste, etc. Bien sûr il fallait de la patience, garder la perche tendue mais pas au prix de trop de temps perdu.
Les six mois écoulés, Inseme aurait dû faire savoir qu’il prendrait l’initiative le mois suivant de réunir l’AG constitutive et que d’éventuelles modifications des statuts seraient possibles dans le cadre de Femu.
Il fallait remettre les difficultés de formes ou de toute autre nature à Femu, ce parti devenu entièrement démocratique. Bref il fallait faire confiance aux militants pour aplanir les difficultés, à tous ceux qui ont la Corse au coeur sans préoccupation de mandats, sans souci de paraître.
Un parti n’existe démocratiquement que si sa base militante existe et fonctionne. Existe de partout où il y a des Corses, dans les diverses parties de sa Terre, dans la diaspora, dans les diverses activités de la société ou du moins elle doit en avoir l’ambition.
La rhétorique de parti de « gouvernement » ne convient pas me semble-t-il car on n’en a pas les attributs. Nos élus ne sont que «des élus locaux » à la tête d’une institution de gestion. Ils peuvent boucher quelques trous, éviter ou freiner des processus morbides du jacobinisme de l’État français, ils peuvent préparer des projets, les initier mais sans pouvoirs suffisants et directs, en un mot sans une autonomie pleine et entière au service d’un Peuple Corse reconnu, légalement reconnu dans ses droits. Pour l’essentiel ils restent assujettis à l’inertie et aux manoeuvres dilatoires du pouvoir jacobin. Sans disponibilités suffisantes financières, le recours aux financements croisés de l’Europe, de l’État, de la CdC, des communautés de communes, les dossiers, les feux verts pour la conformité aux lois et règlements rendent les projets plus ou moins obsolètes. Un exemple : l’État veut encourager la construction ? Et nous voilà champion de France des résidences secondaires… Il nous assure d’autre part que les lois ordinaires de la République suffisent à nous protéger contre la spéculation immobilière et les dérives maffieuses.
Il veut aider notre langue ?
Bilinguisme sans coofficialité, c’est un alibi pour une mort lente programmée.
Certes, il faut gagner les élections, ne pas laisser les mandats aux anti-natios mais c’est un pis aller. Nos trois députés natios font du bon travail, avoir constitué un groupe parlementaire élargi est déjà un exploit.
Mais sans un parti fort qui a le soutien du Peuple Corse où peuvent- ils déboucher ?
Le jacobinisme veut la disparition de notre Peuple. Il l’a déjà bien amoché. Il veut l’achever.
Le Président Jupiter l’a bien signifié lors du cérémonial de l’assassinat d’Erignac.
Nous avons pris le pas sur le clanisme dans l’institution régionale mais nous restons dans l’opposition au pouvoir central jacobin.
Où il nous cède les moyens d’être maître de notre destin de Peuple, ou il peut continuer le processus de sa disparition.
Le combat au finish se poursuit, il est indispensable de mettre en mouvement le parti capable de relever le défi, enraciné dans le Peuple. Les natios qui se disputent des mandats inopérants sont dans l’inconscience et ils ne pourront pas mobiliser l’instinct de survie du Peuple. La priorité vitale est dans ce parti démocratique.
On doit appliquer les statuts « finalisés » pour ne pas encore accumuler du retard mais il faudra mandater une commission afin de les rendre fonctionnellement vraiment démocratiques.
À quoi correspondent ces trois collèges d’élus, de militants venant de listes, et des régions, si ce n’est à démarrer avec des béquilles pour maintenir un équilibre instable ?
Quelques propos au sujet d’un parti démocratique fort de combat.
1/ Les militants pour adhérer paient une cotisation qui leur ouvre leurs droits de militants, se réunissent régulièrement dans le cadre de sections de leur territoire.
Ils échangent les informations pour mieux connaître le terrain, informer les instances, appliquer les directives, prendre des initiatives en les faisant connaître de préférence par avance à tous les niveaux des responsables de l’exécution des options prises par l’instance souveraine (Congrès ou AG). Ils est recommandé d’ouvrir une permanence pour s’y rendre afin d’être visibles en tant que groupe, pour que l’information se fasse en temps réel, pour que des tiers puissent les joindre facilement.
Les conditions de l’adhésion doivent être précisées au règlement intérieur qui est établi par le parti. De même pour être candidat à des fonctions locales, nationales, ou à des élections institutionnelles d’importance (CCI, Chambres d’Agriculture…).
2/ Les élus sont désignés par une procédure démocratique pour faire progresser les idées et les propositions du parti dans les institutions de l’État et pour sensibiliser à l’extérieur. Leurs mandats appartiennent au parti.
3/ Ils siègent de droit ou sont représentés dans toutes les réunions du parti. La double casquette est interdite. Ils y ont droit de parole mais non de vote.
Ces trois points juste pour faire comprendre la prééminence du genre de parti qu’il faudrait mettre en pool en deux ou trois AG-Congrès pour le rapport de force de vie ou de déclin qu’impose l’État jacobin à notre Peuple.
Pour conclure, un peu à la hâte : oui il faut du monde le 2 décembre, il aurait fallu commencer avec les statuts votés en octobre 2017, mais on se contentera des statuts « finalisés » avec comme objectif un parti de terrain puissant à réaliser pour avec la confiance du Peuple dans la transparence démocratique.
Une commission pour se faire doit être vite mise en place.
C’est là l’amendement que je propose publiquement.
Le 2 décembre doit nous tirer de l’ornière et nous ouvrir les portes de l’espoir pour notre Peuple. Tout dépend de nous, pas de procuration possible. Notre responsabilité de Corse est entière. Aucune excuse.