Que se passe-t-il dans la Vallée de la Gravona et du Prunelli, sur le chemin des estives pastorales ?
Début mai, d’importantes dégradations ont été causés sur la piste menant au Col d’A Scalella, itinéraire des trois estives du Verdanese, i Purcilelli et u Puzzollu sur les communes de Bucugnà, Tavera, Bastèlica. Destruction d’un réservoir d’eau, obstruction de la piste communale par des blocs de rochers et des amas de terre, travaillés par une pelle mécanique laissée sur place… le tout dans une ambiance délétère avec lettres anonymes adressées aux éleveurs, les menaçant d’autres agressions comme l’empoisonnement de leurs bêtes ou l’incendie de leurs bergeries s’ils tentaient de réparer la piste… Via Campagnola et Casgiu Casanu appelaient ce 16 juin à un rassemblement à Tavera qui a rassemblé plusieurs dizaines de personnes. Core in Fronte a dénoncé ces « agissements, qui relèvent de la pratique mafieuse ou des dragonnades françaises et génoises d’un autre siècle ». Pour Femu a Corsica qui appelle à « un dénouement durable et serein » et propose un travail de réflexion en profondeur, ce sont « des actes inqualifiables qui remettent en cause non seulement l’occupation des bergers mais aussi l’occupation collective de la montagne corse ». L’Odarc était représenté par Marcellu Cesari, élu Femu a Corsica, pastore, maire et syndicaliste.
Quelles peuvent être les motivations de tels actes ? On a noté l’absence du maire au rassemblement. Et pour l’heure personne n’a porté plainte.
Paul André Fluxia, porte-parole de Via Campagnola, répond aux questions d’Arritti.
Quel est ce délétère qui règne dans les Vallées de la Gravona et du Prunelli prenant pour cible nos bergers ?
Paul André Fluxia : Il y a de véritables tensions à Tavera, depuis longtemps déjà… mais ici ce sont des bergers qui sont empêchés d’exercer leur métier et de plus qui sont menacés si ils tentent de vouloir réaménager la piste qui les conduits à leurs estives.
Le soutien qui s’est exprimé ce week-end aux côté de Via Campagnola et Casgiu Casanu fait du bien ?
Bien entendu que, humainement comme professionnellement, ces bergers ont besoin d’un soutien inconditionnel de tous, agriculteurs, élus et populations comme l’ensemble de la société civile, ils ont été touchés par ce rassemblement mais attendent surtout de débloquer la situation et enfin de pouvoir travailler sans pression ni menaces.
A vita di pastore, dinù oghje, ferma un travagliu diffìciule… è di sulitùdine ?
U pastore hà sempre vestutu a Corsica, i so lochi, a so storia, a so cultura è e so tradizioni, certi s’onorèghjanu d’avè avutu antenati pastori, mà da sempre u pastore he statu à l’orlu di a sucietà.
U solu a cunnosce i strazzii è i strapazzi di a natura, qualchi volta ancu à a risa di u paese… Noi simu fieri, quantu à i nostrivechji di fà questu u mistieru è d’avè quessa a passione, mà oghje sottumessu à tutte ste règule, à tutti sti cambiamenti climàtichi è sucietali, avemu u bisognu di u sustegnu di tutti per pudè cuntinuà à tramandà i nostri sapè fà… cume quellu di a muntagnera per esempiu !
Comment mieux soutenir notre agriculture de montagne ?
Il faut travailler à son développement et arrêter d’en parler ! Il faut inscrire dans le marbre nos usages locaux pour ne pas qu’ils disparaissent ou qu’ils soient foulés au pied par le droit privé comme ici ! nous avons demandé à la Collectivité de Corse la mise en place d’une commission des usages locaux qui codifierait tout çà, on nous a dit que c’était une très bonne idée…. cela fait 2 ans et demi…
Vous en appelez à « une gestion raisonnée, partagée et respectueuse de la montagne par tous et pour tous »… comment l’impulser ?
Une fois le cadre règlementaire et traditionnel posé il faut établir des objectifs précis de développement de la montagne: qui ? quoi ? où? comment ? pourquoi ? Après,0 les discussions partagées doivent écrire la mise en oeuvre avec tous les acteurs et utilisateurs concernés.
Votre message au lendemain de ce rassemblement de Tavera ?
Un petit gout amer… la solidarité des politiques n’est pas la même à Ghisunaccia pour des agrumes arrachés que à Tavera pour des bergers menacés…. Là des Présidents institutionnels et politiques, ici des représentants de ces derniers… Nous déplorons au passage l’absence des chambres et des représentants des FDSEA toujours très prompts à donner des leçons en terme d’union et de solidarité et qui seront probablement présents lors des réunions prévues avec les institutionnels.
Notre message : tenite bonu amichi pastori, certi Corsi sò sempre à fiancu à voi ancu sè u terrore è a paura vestenu u verdanese.