AG du PNC

Les pages que l’on tourne

Dimanche 24, la « dernière AG du PNC» s’est tenue dans l’amphithéâtre Landry de l’Université de Corse, accueillant plusieurs centaines de militants et sympathisants qui ont acté la décision de se fondre dans Femu a Corsica.

En quinze années d’existence, le PNC a accompli sa part de chemin. Il a été déterminant dans la « virage démocratique » que le nationalisme a accompli au tournant de la décennie.

Créé en 2002, il est alors issu de la fusion de l’UPC, parti historique de l’autonomisme corse dont François Alfonsi était le Secrétaire National, et de Mossa Naziunale, sigle créé durant la campagne électorale 1999 par d’anciens responsables du MPA – notamment Xavier Luciani et Nadine Nivaggioni – et d’autres militants nationalistes, dont Jean Christophe Angelini, alors jeune leader du mouvement étudiant à Corti, qui sera élu Secrétaire National de la nouvelle formation.

Le « nationalisme modéré » est alors au creux de la vague, éreinté par ses propres divisions car ayant présenté trois listes concurrentes aux dernières élections territoriales, si bien qu’il n’est pas représenté à l’Assemblée de Corse, aucune de ces trois listes n’ayant franchi la barre de 5 %.

Lionel Jospin est alors premier ministre, et le processus de Matignon se déroule avec Corsica Nazione comme seul interlocuteur, occupant tout l’espace médiatique lors des réunions à Paris comme à l’Assemblée de Corse avec ses deux leaders, Jean Guy Talamoni et Paul Quastana.

 

Le Partitu di a Nazione Corsa réussit cependant à reprendre pied dans le paysage politique, à asseoir une structure solide qui, entre autres, préserve l’héritage de l’UPC, notamment le journal Arritti et son réseau de contacts européens de l’Alliance Libre Européenne, avec, en 2009, le gain d’un siège au Parlement Européen par François Alfonsi, en alliance avec Europe Ecologie. Le PNC avait par ailleurs retrouvé des élus à l’Assemblée de Corse – Jean Christophe Angelini, Nadine Nivaggionien 2004, dans le cadre de la liste Unione Naziunale conduite par Edmond Simeoni.

En 2008, Unione Naziunale se fissure, et les élections territoriales de 2010 se profilent avec un débat très disputé parmi les « nationalistes modérés » : faut-il rester dans l’Union avec Corsica Lìbera,

alors que la clandestinité maintient ses structures et ses objectifs, ou bien faut-il aller vers une offre politique clarifiée, avec deux listes bien différenciées ?

À Bastia, à l’occasion des élections municipales de 2008, Gilles Simeoni a alors créé avec succès Inseme per Bastia qui deviendra Inseme Pè a Corsica. Le PNC est résolument pour une offre politique séparée, Inseme est beaucoup plus hésitant.

En rassemblant à l’automne 2009 une Assemblée Générale sous un chapiteau comble qui s’engage résolument pour faire liste à part, les centaines de militants et sympathisants du PNC font alors basculer la décision. Entre décembre 2009 et janvier 2010, les discussions entre le PNC et Inseme aboutissent à la création de Femu a Corsica qui, en regroupant 25 % des voix au second tour, affirme son leadership à travers le score de la liste conduite en binôme par Gilles Simeoni et Jean Christophe Angelini.

 

Cette dynamique ne fait ensuite que se développer, de scrutin en scrutin : cantonales en 2011 à Portivechju (victoire de Jean Christophe Angelini sur Camille de Rocca Serra), législatives en 2012, victoire de Gilles Simeoni aux municipales à Bastia en mars 2014.

Au lendemain des élections bastiaises, en juin 2014, le FLNC décide de renoncer à la violence. Cette décision ouvre la voie à la fusion des listes Femu a Corsica et Corsica Libera entre les deux tours de l’élection territoriale en décembre 2015, qui conduira à la victoire, puis à l’élection de trois députés sur quatre en juin 2017. Logiquement, cette Union Pè a Corsica a été reconduite pour le scrutin de décembre 2017.

La démarche d’union électorale Femu a Corsica de 2010 était en débat depuis de longs mois pour évoluer vers une seule structure politique, un « parti de gouvernement » rassemblant les militants des deux structures d’origines, et de nombreuses adhésions nouvelles.

Arritti s’en est fait l’écho à de nombreuses occasions, notamment lors de la manifestation organisée à l’occasion d’i sò cinquant’anni. Dimanche 24 septembre 2017, l’AG du PNC a levé les dernières hésitations et décidé de tourner la page de son histoire de 15 années.

 

La conférence de presse du FLNC du 22 octobre est elle aussi la confirmation d’une page qui se tourne. Certes le decorum fait toujours le support de la « une » de la presse, mais il a été volontairement « démilitarisé », aucune arme n’étant apparente. Et le discours a été celui d’une confirmation de l’arrêt des attentats et de la confiance à la démarche d’Union Pè a Corsica. Pour les années qui viennent, la feuille de route est claire: un mouvement autonomiste plus puissant et mieux organisé, une union des nationalistes qui assure la stabilité politique et qui conduise progressivement à l’abandon définitif de la clandestinité, et un dialogue avec l’Etat pour que l’inscription de la Corse dans la Constitution avec son statut d’autonomie intervienne dans la décennie qui s’ouvre.

Lors de son anniversaire des cinquant’anni, Arritti pourra alors saluer l’aboutissement de la revendication autonomiste de ses origines. Fussi ella puru !

 

ARRITTI