Une fois de plus, le 30 juin 2017, Edmond Simeoni publiait cet appel sur son blog, sous le titre «Démocratie et Éthique »* ; appel à garder la ligne qu’il a tracé par son parcours et son message sans cesse renouvelé. Sa connaissance des difficultés de la lutte, des obstacles qui l’entravent, des provocations de l’État, des coups bas même parfois vécus dans nos rangs, l’engageait à le marteler. Tous les fondamentaux indispensables à l’émancipation salvatrice du peuple corse, à la construction apaisée d’une société corse démocratique, figurent dans ce texte. La foi inébranlable en la démocratie, l’indispensable éthique, la soif de liberté, l’ouverture vitale sur la base de ces valeurs. C’est l’expression d’une conviction profonde, d’un encouragement qu’il ne cessait de lancer aux forces militantes, d’un espoir qu’il voulait insuffler au peuple corse, et notamment à sa jeunesse. « Il vaut mieux perdre le pouvoir ou une élection dans la clarté… que de le conserver de manière bancale » disait-il. Rendons-nous compte de la force et du sens initiatique de cet appel.
«La Corse est arrivée au bord du gouffre sur tous les plans – terre, culture, identité, gestion calamiteuse, destruction du lien social, du droit et de la paix publique. Les responsables sont l’État, associé séculaire avec le clanisme – ils ont géré l’île sans partage depuis deux siècles –, mais aussi les Corses, dans une moindre mesure bien entendu, victimes, mais aussi trop souvent consentants.
L’horizon insulaire commence à peiner à s’éclaircir. La rééducation du civisme sera longue, douloureuse.
Il est normal, en démocratie, qu’il y ait différentes options, des ambitions, des antagonismes, des conflits, des critiques ; les choix électoraux déterminent la durée des mandatures, elles passagères, tandis que les garanties de survie du peuple corse vont s’échelonner pendant des décennies.
Quels que soient les projets, les protagonistes, – respectables et dont il faut convaincre les électeurs –, les piliers fondateurs de l’avenir, avec une identité ouverte, un développement équitable, solidaire et responsable, dans les cadres de l’Union Européenne, de la Méditerranée, du monde sont et seront, sous peine d’échec, la démocratie et l’éthique, dans la transparence.
Il vaut mieux perdre le pouvoir ou une élection dans la clarté et préserver l’idée irremplaçable de liberté et d’émancipation que de le conserver ou de gagner de façon bancale ou encore demain avec des partenaires qui piétineraient ces exigences de base.
Il n’y a pas d’alternative car c’est la survie de notre peuple et de notre terre qui sont en jeu. Nous serons au rendez-vous de l’Histoire, écrite par tous nos prédécesseurs. Sans compromission et avec conviction.
On ne transige pas avec la liberté et la démocratie ».
* Paru également dans son livre « Corse, l’inéluctable liberté », aux Editions Alain Piazzola.