I messaghji d'Edmond Simeoni

Pè a lingua

De g. à dr. : Sébastien Simoni, Edmond Simeoni, Jacques Mattei et Pierre Paul Gori.

Comme Président de Corsica Diaspora, Edmond Simeoni nous interpellait le 5 octobre 2018 pour rendre publique un courrier adressé la veille à la rectrice Julie Benetti, au sujet de l’ouvrage de la langue corse « L’âge de lire – U tempu di a lettura » de Paul-Michel Castellani, méthode d’apprentissage dans nos écoles qu’avait validé le 14 décembre 2012 le recteur Michel Barat au moyen d’une Convention avec l’éditeur. Malheureusement, malgré cet engagement officiel, aucune suite n’y a été donnée. «Depuis la défaite de Ponte Novu, en 1769, la tutelle française a déraciné systématiquement, la langue et la culture corses et a imposé à l’île une francisation forcenée. Elle sait que la langue est un élément structurant majeur du peuple corse et de la nation corse » écrivait Edmond. « En s’accommodant de leurs petites explications non recevables, de l’État, nous devenons involontairement complices de leur politique néfaste et ce, d’autant plus qu’il s’affirme en toute occasion, très attaché à la défense et à la promotion de la langue et de la culture corses. Comble de l’hypocrisie ! U troppu stroppià ! (…)

Les Corses de l’île et de la diaspora qu’ils soient d’origine ou d’adoption doivent comprendre que seul un engagement organisé et constant aura raison de cet ostracisme. » interpellait-il alors.

Deux mois plus tard, il nous quittait. Jusqu’à son dernier souffle il a mené le combat pour l’avenir de la langue corse.

 

«Madame la Rectrice,

J’avais sollicité un rendez-vous au mois de juin 2018 et vous m’aviez reçu quelques jours après.

Je vous avais expliqué, de façon complète, documentée et chronologique, la création d’un ouvrage de langue corse intitulé « L’âge de lire – U tempu di a lettura » dont l’auteur est Paul-Michel Castellani, l’éditeur Alain Royer et moi-même en charge de la communication en tant que Président de Corsica Diaspora.

J’avais adressé, au Recteur Lacombe, un courrier – que vous pourrez consulter, (voir la pièce jointe) – ; mais il n’a pas trouvé le temps de me recevoir en deux ans d’exercice de son mandat. Ce courrier lui rappelait pourtant toute la problématique de la démarche. Je ne l’ai pas incriminé ni le mépris, ni le laxisme, car j’avais compris que l’État, avec la nouvelle direction de Mr Macron, avait durci son attitude.

Après ma rencontre avec vous, deux mois se sont écoulés, en dépit des relances fréquentes à votre chef de cabinet Mr Nesi ; il ne m’a pas été possible de concrétiser notre dialogue. À ce jour, personne de votre cabinet (ou de vos services) n’a été en capacité de m’expliquer clairement les raisons pour lesquelles ce dossier stagne et n’aboutit pas, ni de façon positive, ni négative.

Or, cette saga dure depuis 2011 et il faudrait une singulière mauvaise foi pour attribuer cette décennie de retard à des causes mineures. Je vous rappelle que l’engagement de l’État à travers le Recteur Michel Barat avait été concrétisé par la signature d’une Convention en date du 14 décembre 2012, (Cf. en P.J) et en présence de la presse locale (https://www.corsenetinfos.corsica/Une-convention-pour-L-age-de-lire-adapteen- Corse_a2262.html) ; de plus ce projet a été financé par la Collectivité de Corse qui s’y était engagée.

J’ajouterai que l’éditeur Mr Royer avait fait éditer le livre et le cahier qui l’accompagne à des milliers d’exemplaires.

À part une quelconque explication dilatoire et peu crédible, le fait central demeure : l’État a manqué à sa parole, nous créant ainsi un véritable préjudice ainsi qu’à tous les locuteurs et enseignants de la langue Corse et in fine les élèves, sans oublier l’importante demande des Corses de la Diaspora désireux de la sauver et de l’apprendre à leurs enfants et petits-enfants. Il s’agit d’un outil majeur pour apprendre ou améliorer l’usage de la langue en Corse à l’extérieur.

Je ne ferai pas de forcing, je considère donc, que de notre côté, (l’auteur, l’éditeur et Corsica Diaspora), cette carence décennale nous autorise à reprendre notre liberté.

Chacun prendra donc ses responsabilités. »