Salute

Pour un Centre Hospitalier Universitaire

Lancée par le docteur François Benedetti, une pétition pour la création d’un Centre Hospitalier Universitaire en Corse a recueilli près de 4000 signatures. Un Collectif de médecins et autres professions médicales, de Corse ou de la Diaspora, s’est constitué pour l’obtention de cette revendication.
Une demande récurrente en Corse depuis de nombreuses années, de la militante communiste, Josette Risterucci, aux nationalistes, toutes tendances confondues. La conseillère exécutive en charge de la Santé, Bianca Fazi, le martèle. Le président de l’Assemblée de Corse Jean Guy Talamoni est récemment intervenu sur le sujet. La revendication figure au plan pour la santé du Conseil Exécutif présidé par Gilles Simeoni. Le député Paul André Colombani a défendu cette demande en mars dernier au Palais Bourbon. Danielle Antonini, élue Femu a Corsica, présidente de la Commission Santé de l’Assemblée de Corse, y travaille. La Corse est la seule région en France qui ne dispose pas de CHU. Il faut remédier à cette carence !

 

Pour le Dr François Benedetti, également maire de Lugu di Nazza et Conseiller territorial Corsica Lìbera, « la constitution d’un CHU en Corse permettrait d’une part de fédérer et de conforter les moyens hospitaliers existants, d’autre part d’offrir à la jeunesse corse des formations complètes, notamment dans le domaine sanitaire, et des perspectives d’emplois. Cela permettrait également de développer et de transformer, au sein de l’Université de Corse, l’institut universitaire de santé en un pôle d’enseignement et de recherche fondé sur les spécificités insulaires. Un CHU n’apporte pas que les soins. La partie universitaire est très importante avec la recherche et la formation. »

Qu’est-ce qu’un Centre Hospitalier Universitaire ? Il s’agit d’un « plateau » technique et scientifique qui peut être réparti sur plusieurs sites, permet de regrouper des disciplines de santé qu’on ne trouve pas systématiquement dans une structure hospitalière classique, offrant aux étudiants les meilleures conditions de formation, et aux malades, une possibilité de diagnostic des plus performante pour une région, particulièrement quand il s’agit d’une île. Les CHU sont en relation plus poussée avec tous les instituts de recherche, comme l’Inserm, le CNRS, ce qui est très important aussi pour les étudiants-chercheurs, et pour l’Université de Corse qui peut optimiser son offre de formation. C’est le moyen aussi pour toutes les professions de santé de développer dans l’intérêt des patients des travaux d’intérêt public, là où un hôpital n’a ni les moyens financiers, ni la compétence pour agir, concernant par exemple les maladies rares, les centres anti-poison, la cancérologie, ou tout autre spécialisation qui requiert de développer la recherche.

 

Il y a 32 CHU en France, et la Corse est la seule région à ne pas en disposer, malgré son statut d’île, sa dépendance très forte avec le continent, la distance qui est un handicap aux soins pour la population corse, le surcoût de prise en charge pour les incessants déplacements de patients, la revendication qui n’a cessé de croître depuis des années pour réparer cette injustice.

« La faiblesse démographique de la Corse ne peut être un frein au projet, affirme le Dr Benedetti. Notre île recense 350 000 habitants mais 950 000 de mai à septembre, avec 3 millions de touristes sur 5 mois ! La Martinique possède 350 000 habitants, la Guadeloupe tout autant, et les deux disposent d’un CHU. De même, l’agglomération nîmoise, 270 000 habitants, a un CHU alors que la ville n’est qu’à 50 km de Montpellier et à 1h de Marseille, deux villes qui disposent de deux des plus grands CHU de France. »

Pour la Conseillère exécutive en charge de la santé, Bianca Fazi, « il y a 30 ans de retard à rattraper dans l’offre de soin. » Et pour y parvenir, « la création d’un Centre Hospitalier Universitaire est cruciale. »

Certaines régions disposent de deux CHU, comme Provence Alpes Côtes d’Azur (à Marseille et à Nice) ou le Languedoc Roussillon (Nîmes et Montpellier). Rhône Alpes compte trois CHU à Grenoble, Saint-Etienne et Lyon, et la Bretagne en compte cinq ! (un à Nantes, deux à Rennes, et deux autres à Brest)

« Alors que la crise sanitaire que nous venons de vivre a fait trembler les services d’urgences qui ont fait un travail remarquable et que je salue, ce ne sont pas les quelques exemples spectaculaires d’évacuation des patients par bateau de guerre qui pourraient occulter la problématique des carences hospitalières insulaires et françaises. Si demain nous sommes confrontés à une épidémie plus grave en période estivale où la population passe à plus d’un million d’habitants sur plusieurs mois, que ferions-nous ? L’accès aux soins doit être égal pour tous, c’est la responsabilité de l’État et des agences régionales de santé », dit encore le Dr Benedetti pour le Collectif.

 

Pouvoir faire face aux difficultés du territoire, comme nous venons de le vivre avec la crise sanitaire mondiale liée au Covid19, développer les offres de soins dont nous avons besoin, renforcer notre système sanitaire, moderniser nos structures hospitalières, freiner la fuite des étudiants en ouvrant des formations, viser l’excellence en matière de santé, voilà ce que pourrait permettre un CHU.

Bianca Fazi est une fervente avocate de cette revendication. Pour la Conseillère exécutive en charge de la Santé dans l’île, « en France, l’offre de soin a fortement diminué depuis 1995. Tout le monde s’est acharné à faire disparaitre l’hôpital public, nous avons pu mesurer les conséquences de cela durant la crise. Il faut aller vers un autre modèle de santé avec notamment un CHR et un CHRU à terme parce que nous avons une trop petite capacité sanitaire. »

Fabiana Giovannini.

 

Pour signer la pétition : ici