Il est difficile de comparer les scores 2014 et 2019 des Verts en Corse. D’abord, le scrutin n’était pas le même : scrutin de circonscription, plus mobilisateur, en 2014.
Scrutin national en 2019, entraînant une déperdition naturelle de voix nationalistes pour celles et ceux qui n’ont pas compris la possibilité ou l’intérêt d’obtenir un député européen pour notre île.
Ensuite, en 2014, EELV et R&PS n’ont pas fait liste commune, ce qui permet d’identifier les voix nationalistes en 2014, mais Europe Écologie est divisée en 2019, avec une déperdition de voix évidente au profit d’autres listes, du fait de responsables de poids ayant rejoint La République en Marche ou ralliant la liste de Delphine Batho par exemple. Ce qui permet de mesurer plus facilement aussi l’influence nationaliste corse sur ce scrutin.
Enfin, trois partis nationalistes sur quatre ont affiché leur désintérêt, négligeant les enjeux propres à notre famille politique : renforcer la politique de la majorité territoriale par un relai à Strasbourg et Bruxelles, répondre aux agressions partisanes et provocatrices du gouvernement vis-à-vis de l’Exécutif de Gilles Simeoni.
Ceci-dit, il est intéressant tout de même de mettre les résultats en parallèle avec quelques enseignements malgré tout :
– l’appel à l’abstention des deux autres partis de la majorité (PNC et Corsica Lìbera), ou à relativiser le scrutin, de la part de Core in Fronte, a été compensé par le poids de Femu a Corsica et l’engagement très proeuropéen du Président du Conseil Exécutif.
C’est une victoire politique pour lui.
– l’augmentation de la participation est due d’une part à l’augmentation des inscrits, d’autre part à la bipolarisation du scrutin qui, comme dans l’hexagone, a profité au Front National (Rassemblement National).
Et même si son score est important, il ne manque que 5% à Femu a Corsica et EELV pour lui ravir la première place, ce qui aurait été largement à notre portée dans le cadre d’une participation de l’ensemble des nationalistes.
Et aurait changé l’impression négative de cette première place au FN.
– la campagne très active menée par François Alfonsi et ses soutiens sur le terrain a opposé une forte résistance au sentiment de désintérêt de l’Europe. Même si sa candidature perd en voix du fait de la défection nationaliste par rapport à 2014, elle s’est renforcée parallèlement, en voix aussi, par l’appui d’un électorat écologiste mais aussi de celui de très nombreux maires qui ont compris la nécessité pour la Corse de disposer d’un député européen. C’est un point très positif qui démontre la capacité d’élargir encore notre audience, y compris sur des scrutins hors sol. Pour peu que l’électorat nationaliste se discipline de son côté bien sûr, cela augure d’une capacité de progression pour la famille nationaliste.
Et cela a permis de maintenir le niveau 2014 et même de progresser de 1663 voix grâce à la campagne d’union menée entre écologistes et nationalistes en Corse.
