Mettre fin au cloisonnement entre les territoires de Méditerranée Occidentale est un défi majeur. Il l’est pour la Corse accaparée par un tropisme qui l’aspire vers le nord parisien, mais aussi pour la Sardaigne aux connexions continentales exclusivement tournées vers l’Italie, et pour les Iles Baléares isolées de ses voisins corse et sarde et uniquement reliées à Barcelone. Le projet Isularia, porté par l’Exécutif de Corse avec le soutien de la compagnie aérienne régionale Air Corsica, engage enfin une volonté concrète d’en finir avec ce cloisonnement.
Avec l’aide des programmes européens transfrontaliers, une connexion aérienne quotidienne entre ces territoires que rien ne relie efficacement à ce jour pourra être lancée en 2019.
Pour initier un tel projet, il fallait d’abord une volonté politique. Les trois gouvernements, corse, sarde et des Baléares, l’ont rapidement construite depuis que les nationalistes ont gagné les élections corses et proposé une coopération étroite avec les gouvernements autonomes de Sardaigne et des Iles Baléares. La réponse a été enthousiaste, tant à Cagliari qu’à Palma de Mallorca.
L’Office des Transports de la Corse, sous l’impulsion de son président Jean Félix Acquaviva, a pris en charge les premières études avec le soutien d’un organisme d’études NAMA dépendant de la compagnie gestionnaire de l’aéroport de Nice. Des lignes ont été envisagées, des coûts, des fréquences, et un premier projet couché sur le papier. Il a été validé par les trois Exécutifs insulaires et présenté le 22 juin dernier par les trois Présidents des trois Exécutifs – Gilles Simeoni, Francesco Pigliaru pour la Sardaigne et Francina Armengol pour les Iles Baléares – au groupe Transports du G7 qui s’est réuni en marge du sommet des chefs d’Etat de Taormina en Sicile. La Commissaire européenne en charge des Transports, la Slovène Violetta Bulc, participait à la réunion.
Une volonté s’est exprimée, et, à travers cette réunion qui s’est tenue en Sardaigne, un chemin commence à exister.
Le projet mis sur pied par NAMA est celui d’une ligne de type «métro aérien» qui permette à un aéronef d’abord de petite capacité (20 places) de proposer une ligne avec possibilité d’embarquer et de débarquer des passagers à chaque station.
Par exemple la ligne Gênes-Bastia- Aiacciu-Olbia-Cagliari aller et retour avec cinq escales serait la première ligne ouverte dans le cadre de ce programme.
Elle reliera la Corse au continent italien tout en proposant une offre intérieure pour une clientèle d’affaires entre Aiacciu et Bastia (30 minutes en avion au lieu de trois heures en voiture). Idem entre Cagliari et Olbia. Le Sarde qui va à Paris pourrait voyager à moindre prix et avec une bien meilleure desserte en transitant par Aiacciu ou Bastia. Idem pour le Corse qui va à Rome et qui bénéficiera de la desserte soutenue qui existe entre la Sardaigne et l’Italie. Tous ces flux complémentaires accompagneront le développement de la desserte recherchée pour relier la Corse et la Sardaigne et favoriser les transports entre les deux îles. D’autres liaisons sont envisagées : avec Pisa, Roma-Aiacciu-Barcelona, ou encore Aiacciu-Palma de Mallorca d’où on peut gagner toutes les grandes villes d’Espagne et d’Europe.
Les programmes européens de coopération interrégionale Interreg peuvent financer le lancement de la ligne, les premières années, le temps de sa montée en puissance jusqu’à son point d’équilibre.
Violeta Bulc, Commissaire Européen au sein de la Commission Juncker, a pour mission de développer les transports transfrontaliers en Europe. Elle assistait en personne à la réunion du groupe de travail du G7. Le projet a pris corps désormais.
F.A.