Lundi 22 octobre 2018, Le 26 mai prochain, les Barcelonais seront appelés à élire le prochain ‘‘alcalde’’ de Barcelone, le Maire de la ville. Manuel Valls souhaite être celui-ci mais pour l’instant, c’est plutôt une déroute qu’un triomphe qui l’attend.
‘‘La bataille de Barcelone’’
Manuel Valls, dont la carrière politique semble s’être terminée en France, a décidé de se relancer, ‘’chez lui’’, à Barcelone, sa ville natale, afin d’en devenir le nouvel Alcalde. Au-delà des incohérences du personnage sulfureux qui n’a jamais réussi à s’imposer dans son parti, battu 2 fois lors des primaires socialistes, ni dans le pays, il est l’un des hommes politiques les plus détestés de France juste après Marine Le Pen, le voir se présenter aux élections à Barcelone est une bonne chose.
Certes, on ne comprend pas bien pourquoi le ‘‘républicain’’ français qui ne jurait que par les valeurs de la France qu’il avait choisies à 20 ans, l’unité de la République et l’impossibilité de reconnaître une autre langue, a choisi de retourner dans sa ville natale qui est multiculturelle, tolérante, non-violente et ouverte, l’opposé de son parcours politique et de son tempérament, mais le fait de se présenter dans un autre pays, fût-il natal, démontre que l’Europe se construit petit à petit.
Ce retour, qui s’apparente plutôt à un sauvetage en catastrophe ou à un parachutage d’un homme qui ne veut pas décrocher de la politique, a lancé la ‘‘bataille de Barcelone’’. Le 26 mai, tous les électeurs et les électrices du Royaume d’Espagne seront appelés à élire leur Maire, le jour des élections européennes. 1 an et demi après le référendum catalan, et les violences policières dans les rues catalanes, tous les regards vont se tourner vers Barcelone, la Ville, la Capitale Catalane, le Cœur économique de l’Espagne, l’épicentre de l’élection européenne.
Vers une raclée pour Manuel Valls
Un premier sondage vient de sortir et serait une véritable gifle pour Manuel Valls. Sa liste soutenue par Ciudadanos (Libéral-jacobin et partenaire européen de La République en Marche) n’obtiendrait que 7 sièges sur 41 ! Comparé aux 5 sièges obtenus la dernière fois, cela pourrait être considéré comme une progression mais le principal partenaire de Ciudadanos, le Partido Popular (PP, droite conservatrice) perdrait ses 3 sièges et ne siègerait plus à la Ville de Barcelone. Autrement dit, Valls obtiendrait moins de sièges (7) que les 2 listes de droites en 2015 !
Ce même sondage donne comme grand vainqueur, ERC, le parti indépendantiste de gauche d’Oriol Junqueras et membre de l’Alliance Libre Européenne (ALE). Avec 10 à 11 sièges, contre 5 précédemment, il serait le premier parti à la Mairie de Barcelone. Son candidat, chef de file, Ernest Maragall, ancien socialiste comme Manuel Valls mais ayant choisi le chemin de la démocratie, de l’émancipation et de la justice sociale, pourrait être le futur alcalde de Barcelone.
Barcelona en Comù, le mouvement de l’actuelle Mairesse, Ada Colau, obtiendrait 8 à 9 sièges soit un léger recul par rapport à 2015 (11). Celle-ci, bien que non indépendantiste, a toujours défendu le droit du peuple catalan à disposer de lui-même pourrait, ne pas être reconduite mais jouerait un rôle clé pour former une majorité. En effet, les ponts n’ont jamais été rompus entre ERC et Barcelona en Comù. Rappelons que le 1er octobre 2017, lors du référendum, Ada Colau est allée voter et a assumé publiquement le fait d’avoir participé à cet exercice démocratique. Ainsi, les ponts n’ont jamais été rompus entre ERC et Barcelona en Comù et les 2 chefs de file respectifs, Ernest Maragall et Ada Colau s’apprécient et se respectent mutuellement.
Deux visions diamétralement opposées
Mais, avec 18 à 20 sièges, sur 41, cette coalition n’aura pas la majorité. Il faudrait donc discuter avec d’autres partenaires potentiels. Soit avec le parti de Puigdemont, le PdCat qui obtiendrait 5 sièges, soit 2 fois moins qu’il y a 4 ans (10 élus), soit avec l’extrême gauche, la CUP, qui obtiendrait 3 ou 4 sièges, soit sensiblement le même résultat qu’en 2015, où le parti anti capitaliste avait obtenu 3 sièges ou bien encore avec le Parti Socialiste Catalan qui progresserait en passant de 4 à 6 sièges.
Le bloc républicain mené par Ernest Maragall n’aurait pas la majorité (ERC-PdCAT-CUP 18 à 20 élus) et le bloc monarchiste porté par Manuel Valls en serait encore plus éloigné (13 sièges seulement). Il faudra donc faire des compromis, tenter de nouvelles choses, peut-être normaliser les relations avec des partenaires en Catalogne afin d’espérer une évolution à Madrid.
En tout cas, la ‘‘bataille de Barcelone’’ aura des répercutions au-delà de la ville car c’est l’avenir de la Catalogne, de l’Espagne et de l’Europe qui s’y joue. En opposant un ex-socialiste, sic, devenu le porte étendard des libéraux-jacobins de Ciudadanos à un autre ex-socialiste, devenu le porte-drapeau de l’émancipation des peuples dans la justice sociale, c’est aussi le choc entre deux visions diamétralement opposées de l’Europe qui s’affronteront à Barcelone. Espérons que ce soit la seconde, celle d’ERC et de l’Alliance Libre européenne, qui l’emporte à Barcelone, en Catalogne et dans nos territoires.
Roccu GAROBY