Début septembre, on apprend qu’une jeune ajaccienne est la lauréate du prix du premier roman du journal Le Monde. Fierté dans les médias et dans les chaumières, oui c’est comme ça, chaque fois qu’un ou une Corse est récompensé, on le prend tous un peu pour nous. Puis j’apprends que Francesca est la fille de Dédé et Mylène Serra. Forcement ça augmente le potentiel de sympathie et l’envie de découvrir son roman. Je l’ai donc acheté dès que possible mais j’avoue que, impressionnée par le nombre de pages, 470 pas moins, j’ai mis un peu de temps pour l’attaquer.
Je ne vais pas vous raconter l’histoire, une histoire d’ados branchés réseaux sociaux, plus que branchés d’ailleurs, façonnés par eux. Moi, plus ado depuis une paie, je suis rentrée dans l’histoire comme une voyeuse, curieuse de voir et de savoir ce que se disent ces jeunes, ce qu’ils nous cachent, comment ils vivent, comment ils se parlent en abrégé dans les sms retranscrits. C’est assez effarant, faut dire, leur vie et toute leur énergie consistent à se construire une image sur facebook, whasapp’, instagram et autres, une image et une personne qui conviennent au groupe dont ils veulent faire partie.
Mais l’histoire devient dramatique, quand la jeune et belle Garance remporte un concours d’une sélection de mannequinat et devient la victime d’un terrible harcèlement. Et elle va disparaitre.
On rentre alors dans un vrai thriller, bien prenant, dans des séquences temporelles avant/après, savamment dosée qui rythme un récit qui devient de plus en plus inquiétant. Qu’est-elle devenue ? Elle a fugué en fait. C’est la partie la plus fantastique du roman, elle fuit et se perd dans un monde sauvage, dans les forêts, dans les rivières, là où la nature reprend ses droits et Garance en fuite s’y perd physiquement et douloureusement, pour peut-être au final s’y retrouver.
C’est un beau livre, je l’ai aimé, y’a des pages étonnantes de littérature pure je dirais, des paragraphes où on s’arrête et qu’on aime à relire parce que c’est bien écrit, y’a de l’humour aussi, un peu, et des petites trouvailles comme le titre… Elle a menti pour les ailes… la réponse est dans le livre. •
Monique Alfonsi.
« Elle a menti pour les ailes » de Francesca Serra, Paru aux Éd. Anne Carrière