Cari amichi lettori,
Arritti vi augura Pace è Salute per voi è tutti i vostri cari, ch’ellu sìa, 2022, un’annata di libertà è di prugressu pè u pòpulu corsu. Ch’ellu porghji amore, gioia è benestà à tutti. Ùn vi scurdate mai, ch’ellu ci hè stata una manata di Corsi à arrizzassi ind’è l’annate 60 per dì innò à l’inghjustizie chì minnàvanu è cundannàvanu a nostra ìsula è a so ghjente à a sparizione. Ci hè vulsutu omi è donne per testimugnà, luttà, tramandà.
È per scrìvesi ind’è l’avvene, ci vòlenu sempre donne è omi per testimugnà, luttà, tramandà. Dàteli a forza. Sustenite tutti i strumenti di a nostra lotta cullettiva, partiti, sindicati, associi… Frà quessi, ci hè un settimanale, u più vechju di Corsica, natu l’8 di dicembre di u 1966, lampatu cum’un mughju per sveglià e cuscenze : Arritti ! Aiutàtelu à francà st’annu novu, dàteli a forza di migliurassi sempre, abbunàtevi, per quelli ch’ùn l’anu ancu fatta, abbunate amichi per quelli chì ci accumpàgnanu digià. Hè diffìciule di tene arritta una publicazione oghje, sò mondu difficultà, e rete suciale tòmbanu a stampa scritta, ma nisun altru mèdia ùn puderà fà u travagliu fattu da una stampa militente cum’è Arritti.
Eccu quì un strattu d’un artìculu stampatu pè i nostri 50 anni, in u 2016. Hè impurtantìssimu di ramentassi sempre a stòria. Ghjuventù, sì tù l’avvene, ùn ti scurdà di ssu filu di stòria. •
« Il a fallu une sacrée dose de foi en les potentialités de la Corse pour lancer cet appel à la révolte collective il y a un demi-siècle. Arritti ! Debouts ! Un appel à la prise de conscience, lancé comme un cri, un devoir, réagir face à ce qui était pourtant à l’époque difficilement perceptible : la mise à mort du peuple corse, la disparition de sa langue, de sa culture, de ses savoirs ancestraux, de son simple droit de peuple à prendre sa part dans le concert des nations d’Europe. Autant d’aspirations et de périls ressentis, sans pouvoir vraiment les définir, comprendre les mécanismes pervers qui portaient la menace. Car, la notion de “peuple corse” n’était pas connue. Comment pouvait-on craindre la disparition d’un concept qui était encore ignoré ? Il était toujours enfoui dans les malles de nos aïeux aux fins fonds de leurs caves, avec ces bandere more qui y avaient été cachées après la cruelle défaite de Ponte Novu…
Au début, ils étaient une poignée. Des étudiants corses à spalluzzera ou de tous jeunes entrepreneurs. Qu’est-ce qui leur a ouvert les yeux ? Le contraste saisissant entre une nation se hissant à la cinquième place des puissances mondiales, et la façon dont la Corse et les Corses étaient traités. Misère et sous-développement étaient notre lot, vécus comme une fatalité. La sortie, l’avenir, c’était l’exil. Les études sur le continent, puis le travail dans une administration, la police, l’armée, la douane, la poste, l’éducation nationale… Vivre au village ? Vous n’y pensez pas, c’était la solution de l’échec pour une famille. Mais voilà, ces jeunes-là, fils le plus souvent de notables clanistes, avides de tenter leur chance nant’à u cuntinente grâce aux bienfaits de la République, comme on le leur avait inculqué, découvrent à Paris, à Marseille, Lyon ou ailleurs, que même lorsqu’il y avait des difficultés, des handicaps, une société pouvait résister en y mettant tout bonnement les moyens. Subventions, investissements, ressources, et le quotidien pouvait se transformer. Pour eux, c’est un électrochoc. Pourquoi de hautes écoles, des universités, ailleurs, et pas en Corse ? Pourquoi ces grandes ou petites villes, ces campagnes avec leurs infrastructures modernes quand dans nos villages, on peinait encore à trouver l’électricité et l’eau courante ? Pourquoi tramway et autobus quand chez nous les sentiers muletiers restaient le plus souvent le meilleur moyen de relier l’intérieur ? Pourquoi les terres soit disant incultes et les jeunes agriculteurs corses condamnés à gagner la ville abandonnant leur village, quand nos plus belles potentialités étaient confiées avec moult moyens de mise en valeur aux retours des colons d’Afrique du Nord ? Pourquoi les coups de règles sur les doigts lorsque l’on parlait corse dans les cours de récréation alors que dans le monde on vantait les bienfaits du plurilinguisme ? Peu à peu, le sentiment d’injustice se transforme en révolte.
Les premières manifestations, fin des années 50, pour le maintien du train, pour des compensations économiques, pour la défense de l’environnement dans l’affaire de l’Argentella ou des Boues Rouges, pour la réappropriation de la terre, dans le Fium’Orbu… vont vite donner la place à des aspirations plus politiques. Et plus nos jeunes sont confrontés à la différence de traitement selon que l’on vive d’un côté ou de l’autre de la Méditerranée, et plus la lutte murit, se structure, s’inspire des grands combats européens pour le droit à l’autodétermination. Une évidence s’impose de plus en plus au début des années 60 : il faut arriver à faire savoir les choses aux Corses, il faut faire passer l’information. C’est indispensable pour asseoir la revendication. On décide de créer un journal. C’est cher, c’est compliqué à mettre en oeuvre. Le simple militant doit s’improviser “journaliste”, rien d’évident. Le choix est pourtant fait, ce sera un hebdomadaire et son premier numéro est poussé comme un cri : ARRITTI ! “Hebdomadaire de défense des intérêts économiques de la Corse. Seule la Corse et toute la Corse”… Il s’impose à la force du poignet militant qui met aussi la main à la poche. Un engagement qui dure depuis 50 ans !
Il est d’abord publié comme une simple double feuille, on bâtit plus tard une imprimerie militante pour rationaliser les coûts. Autour de sa mission s’active plusieurs petites mains… Avec lui, commence la dénonciation des scandales, la diffusion des idées, la généralisation de la prise de conscience… Elle mettra du temps. Elle réclamera bien des sacrifices. Elle a fait son chemin. Seul média au départ, Arritti est rejoint au fil des décennies par journaux, radios et télévisions qui se tournent vers la Corse… Notre bébé a évolué avec les luttes qui se mènent sur tous les terrains et la revendication qui se structure, avec ses hauts et ses bas, pour devenir aujourd’hui “Arritti, settimanale naziunalistu corsu”. Il a traversé, défendu, diffusé, les idées, les manifestations, les événements, dénoncé les erreurs, vécu les avancées, les défaites, les victoires. Il nait avec un régionalisme hésitant, qui s’affirme d’abord, puis se transforme en nationalisme, de l’autonomisme à l’indépendance, avec toujours le même fil : le droit à l’existence du peuple corse, son droit à maîtriser son destin. À travers ces cinquante années qui défilent sous nos yeux, c’est la renaissance de la conscience nationale qu’Arritti a porté. Certes, pas seul, mais indéniablement il est un acteur et un témoin de ces 50 années de vie du peuple corse. Il aura assisté, parfois participé, à cette évolution, d’une démarche de résistance et de combats, à une démarche d’affirmation et de gouvernance. Il a grandement contribué à ouvrir l’espoir. »
Cari amichi lettori, Arritti hè u vostru settimanale, è a Corsica hà sempre bisognu di a so voce. Sparghjìtelu cù noi, lighjìtelu è fàtelu leghje, abbunàtevi è abbunate parenti è amichi in giru à voi ! Aiò ch’hè ora ! •
Fabiana Giovannini.
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