« L’histoire de ce film a été imaginée par Alain, Jean-Marie, Ghjilormu, Julien, Jean-Philippe, Raphaël, Emilien, Alain, François, Jean-Paul, Yannis, Thomas et Jérôme. Tous sont détenus au centre pénitentiaire de Borgo en Haute-Corse. Ce film est le leur… » Ainsi se présente dès les premières images le film « Pulsation » de Sébastien Roussin. Une belle histoire au service de la réinsertion carcérale. On la doit à Angels Film S.A. en coproduction avec David Ployer, Florian Chaubet Mazzone, Evelyne Roussin, en association avec la communauté d’agglomération de Bastia, en partenariat avec le centre pénitentiaire de Borgu et le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de Corse, et avec le soutien de la direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP) de Marseille et de la préfecture de Haute-Corse.
Le projet est des plus originaux, il implique des acteurs, mais aussi des détenus et des personnels de la prison de Borgu, improvisés également acteurs dans le film. Laurence Mondoloni-Leonelli qui joue la mère de l’un des premiers rôles, Antoine, interprété par Léandre Bereni-Brière, est dans la vie médecin et elle exerce au centre pénitentiaire de Borgu. Valentine Auléry et Alain Doux sont en liberté conditionnelle. Ils jouent le rôle de détenus dans le film.
Tous trois vont poursuivre l’aventure, puisqu’ils sont au casting du prochain long métrage de Sébastien Roussin. Quand on vous dit que c’est une belle histoire qui en appelle d’autres…
Jean Marie Pittiloni joue également le rôle d’un détenu qu’il est actuellement dans la vraie vie. À noter aussi la participation du rappeur bastiais Allan Romantini qui joue Nicolas, frère d’Antoine, autre rôle important du film, celui d’un délinquant qui se repent à sa sortie de prison, après le drame qui a plongé toute sa famille dans le deuil et la douleur et dont il se sent responsable. Il essaie de réunir sa famille, lui qui a contribué à la briser. Allan Romantini a participé au scénario avec Sébastien Roussin. Et c’est aussi lui qui signe les paroles de la musique du film, interprétée par son groupe Nalla, et composée par Florian Chaubet Mazzone.
Sébastien Roussin, et ça n’est pas du cinéma, est un ancien flic. Il est l’auteur de « L’ultime rivage »* un long métrage dont Arritti avait commenté la sortie en janvier 2023, et qui traite des drames de l’immigration et de l’exploitation de la misère humaine. Jean Max Lhuilier qui jouait alors le rôle d’un mafieux alcoolique lui aussi en repentance, est dans « Pulsation » un surveillant, ainsi que Jean, le patron du bar du village. La production est abondante pour ce moyen métrage, pas moins d’une trentaine d’acteurs jouent dans ce nouveau film de Sébastien Roussin.
Tous ont été réunis le temps d’une fresque qu’on aurait pu imaginer violente, lorsqu’on parle de prison, mais qui est au contraire un moment de vie à la fois pesant et douloureux après le drame qui a touché cette famille, et qui a transformé l’existence d’Antoine, mais aussi tendre, transcendé par la résilience humaine, et l’amour de deux frères. Là aussi, comme cela avait été le cas dans « Ultime rivage », c’est une quête qui est au cœur de l’histoire contée. Celle cette fois du pardon et du droit à se rebâtir que recherche tout détenu.
Une belle leçon de vie, avec un scénario simple, mais efficace. Et qu’elle ait été imaginée en prison, par des détenus, non seulement est une expérience peu commune, mais un beau témoignage qui nous dit qu’il faut toujours tendre la main, ne pas abandonner. C’est ce que font Antoine et Nicolas, porté par l’amour fraternel. Une histoire pour témoigner que finalement quoiqu’il arrive dans la vie, tout repose sur la volonté, la capacité à relever les défis, la force du pardon aussi. Et puis, le droit à une seconde chance.
« Pulsation, pas juste un film, une aventure cinématographique humaine, une tranche de vie de 11 mois, la naissance de liens forts, vrais, uniques… des destins, des âmes qui se sont touchés, la magie du plus beau est à venir, à tous je n’ai qu’une chose à vous dire : merci ! » commente Sébastien Roussin sur sa page Facebook.
« L’important, ça n’est point le triomphe, mais le combat. L’essentiel, ce n’est pas d’avoir vaincu, c’est de s’être bien battu », conclut le film en guise de The End. •
Fabiana Giovannini.
* Lire : www.arritti.corsica/cultura/ultime-rivage-long-metrage-de-sebastien-roussin