Ghjuvan’Tèramu Rocchi

Munumentu di a nostra lingua è di a nostra cultura

La mort de Ghjuvan Teramu Rocchi endeuille toute la Corse di u riacquistu, cette génération qui, depuis les premières années du combat culturel, a ressourcé la culture corse, et passé le relais d’une génération à l’autre.

Ghjuvan Teramu Rocchi était un de ces intellectuels de haut vol qui ont survolé le combat culturel durant ces cinquante années, et qui ont redonné ses lettres de noblesse à la culture corse. Il a été à la fois maître pour l’enseignement, maître de poésie et maître en « âme corse », car aucune de ses valeurs ne lui était étrangère.

La force de son oeuvre se mesure à la reconnaissance populaire que ses poésies connaissent, qu’elles aient été chantées par i Muvrini, Canta u Pòpulu Corsu, a Filetta, i Chjami Aghjalesi, et, durant vingt cinq années de compagnonnage artistique, par Felì Travaglini.

Nombre de ces chansons sont désormais des classiques du répertoire corse, que chaque chanteur d’un soir entonne avec entrain. C’est le signe évident de la valeur de son oeuvre, et rares sont ceux qui ont ainsi rejoint Mgr de la Foata, Maistrale, Charles Rocchi, ou les frères Vincenti en donnant à la culture corse des oeuvres magistrales que le répertoire populaire s’est approprié aussitôt.

Nous retiendrons tous de Ghjuvan Teramu son extraordinaire engagement « de vrai militant des justes causes » comme l’a relevé l’hommage que lui a adressé la section corse de la Ligue des droits de l’Homme.

Son soutien constant au mouvement nationaliste a toujours été emprunt d’humanisme et de respect. Trop rares sont ceux qui ont éclairé comme lui le chemin que nous parcourons. Ghjuvan Teramu c’hà da mancà.

 

A lingua

«On en parle du bilinguisme. Il ne suffit pas d’en parler. La charte des langues régionales, elle n’est pas ratifiée. La formation, disparue, ça fait 10 ans. Il y a des carences impardonnables, si on veut continuer à espérer que le corse reste une langue vivante ».

Ghjuvan’Teramu Rocchi

 

Vede vi ingrandà
Andà di passu in passu
Cun voi a mo primura
Avè l’ochji inghji locu
u gestu ch’assicura
U core à batti batti
chì tene caru è cura

È vede vi ingrandà
À ogni passu esse attente
à ciò ch’ellu v’accore
Ùn cuntà nè fatica
nè tempu nè sudore
Rigalà vi a spica
U granu è u so fiore

È vede vi ingrandà
Di u mondu chì vene
Dì vi ne pena è risa
Fà vi lu l’accumpagnu
S’ella hè strada imprecisa
Esse ne à para para
À a minima incisa

È vede vi ingrandà
Ùn cunnoscene bonu
Ch’ell’ùn sia spartutu
Per un nunda d’inciampu
offre un mondu d’aiutu
È po datu vi tuttu
Di nunda ùn m’hè divutu
È vede vi ingrandà.

Ghjuvan’Teramu Rocchi