I 35 anni di Felì nant’à a scena

Spetaculone… sin’à in Parigi !

Époustouflant ! Felì a offert un grand spectacle au Spaziu Culturale di Biguglia les 13 et 14 mai dernier. Affichant complet sur les deux soirs, il a tenu plus de 2 heures devant un public subjugué pour fêter ses 35 ans de scène. Un Felì nouveau, émouvant, généreux, il a été extraordinaire !

 

 

On connaît l’histoire d’amour entre Arritti et Felì, et plus largement la famille Travaglini, mais au-delà de cet attachement, soulignons la prestation et le talent d’un artiste hors norme.

On aime Felì pour tout ce qu’il est, d’abord un acteur culturel de premier plan, qui a porté l’affirmation de la langue et de la culture corse tout au long de sa vie, en mettant les mains dans le concret d’un investissement permanent aux côtés des plus jeunes générations. Avec la création de Scola in Festa à I Fulelli en 2001, Felì et ses équipes ont formé des centaines de jeunes corses, au chant, à la musique, à la langue, mais aussi au vivre ensemble d’une culture qui se projette dans l’avenir. Il a offert à ces jeunes tous les ingrédients nécessaires à cette affirmation culturelle indispensable à la transmission de l’âme corse.

 

Et puis, bien sûr, il est ce chanteur à la voix puissante et chaude, d’une grande sensibilité, compositeur de grand talent qui a su très tôt s’attacher ceux d’un poète exceptionnel, Ghjuvan’Teramu Rocchi qui l’a formé dans une relation fusionnelle qui dure encore aujourd’hui de par tout l’héritage qu’il lui a légué, lui offrant des textes d’une poésie extraordinaire, taillée pour lui et sa musique. Cette paire a cheminé ensemble jusqu’à la mort du poète et ce fut un coup très rude pour Felì. Mais il a su se réinventer, il chantait déjà d’autres poètes, comme Ghjàcumu Fusina, Patriza Gattaceca, et bien d’autres. Il a pris lui-même la plume, et a su toujours composer avec une fraîcheur nouvelle. Il a partagé avec d’autres grands noms de la culture corse, comme Petru Guelfucci, Antone Ciosi, Canta U Populu Corsu, Jacky Micaelli, Sekli, Ghjuvan’Francescu Luciani, Diana Salicetti… ou d’autres cultures, avec de célèbres duos comme avec l’occitan Nadau, ou le chanteur marocain Aadel Essaadani avec qui il a réalisé un échange inédit avec les enfants de Scola in Festa qui a donné naissance au titre « Mediterraniu » en langue corse, mais qui se déclinera dans d’autres langues du pourtour méditerranéen, français, italien, sarde, grec, espagnol, catalan, occitan, berbère, arabe, turc… pour une inscription au patrimoine mondiale de l’Unesco !

Un autre projet est en cours avec l’Irlande, où dans un exercice nouveau Felì compose la musique du prochain film documentaire de Jean-Pierre Alessandri « Dancing in Corsica : les comédiens » (Ramona Productions) dont la sortie dans les salles est prévue pour la fin de l’année.

 

Pour son exceptionnelle tournée 2024, où il s’auto-produit, il s’est entouré de fabuleux musiciens, trompettiste, pianiste, batteur, guitariste, bassiste, et offre un spectacle grandiose, avec le concours du groupe Isulatine qui apporte un cachet à ce spectacle 2024, avec l’humour et le bel éclat de voix féminines. Et puis bien sûr, la paire complice, avec son fils Stèfanu, dont on ne sait plus parfois qui chante sur scène tant les voix s’épousent et se confondent dans leur puissance et leur ressemblance.

Après Prupià et Bigulia, Felì sera à l’Empire à Aiacciu ce samedi 25 mai, puis il entame une mini tournée sur le Continent, à Aix-en-Provence le 14 novembre (Pasino grand), Hyères le 15 novembre (Pasino), pour finir en beauté au Casino de Paris, le 19 novembre. « Les plus grands artistes – nationaux et internationaux – y sont passés, alors forcément que mon nom se retrouve à côté du leur, ça représente beaucoup pour moi, c’est une sacrée étape »… Un pari prodigieux au regard du parcours de ces 35 dernières années, Felì offre aux Corses de la diaspora et aux amis de la Corse, un rendez-vous inoubliable où il se produira durant 2h40.

Il emmène dans ses bagages ses 25 musiciens et techniciens, le groupe Isulatine qui assurera la première partie, et sa guitare, la toute première, celle qui accompagna ses premières notes et qui aujourd’hui se raconte dans ce spectacle original et émouvant de l’histoire d’une voix bercée aux premières heures du Riacquistu, où il découvrit la scène à 15 ans avec A Filetta ou I Surghjenti avant de se lancer seul sur scène en 1989. Que de chemin parcouru d’un militantisme ouvert et généreux. « La langue corse est un atout extraordinaire dans la quête d’universalité » dit-il. Quel plus bel hommage pouvait-on rendre à cette langue et cette culture que l’on ne veut pas voir disparaître ? Quel plus bel engagement que cette générosité offerte sans compter sur scène et dans sa vie ? À vòline più ! À ringraziati o Felì. •

Fabiana Giovannini.

 

Réservations : www.feli.corsica

Paris : www.casinodeparis.fr