Le dernier film de Thierry De Peretti, « À son image », inspiré du roman de Jérôme Ferrari, sortira dans les salles en septembre prochain. Beaucoup ont déjà pu le découvrir à travers les différentes avant-premières, à Bastèlica, à Aiacciu. Il sera également diffusé à Lama le 2 août (Festival), à Portivechju le 9 (Galaxy), à Bastia (Régent) le 18, et pour finir à Paris le 2 septembre (UGC Ciné Cité Les Halles). Arritti en parlait la semaine dernière1. Nous avons interrogé cette semaine Clara Maria Laredo qui tient le premier rôle dans le film qui retrace l’histoire d’une jeune photographe au cœur de la tourmente nationaliste des années 2000.
Elle est par ailleurs collaboratrice d’Arritti, et c’est à l’occasion d’un article où elle rendait compte du précédent long-métrage de Thierry de Peretti, « Enquête sur un scandale d’État » qu’elle relève le pari de répondre au Casting du prochain film. L’occasion aujourd’hui de la présenter à nos lecteurs. Clara Maria est la fille de notre ami Norbert Laredo, disparu il y a deux ans. Jeune femme engagée, révoltée par la montée de l’extrême-droite, elle a signé une tribune avec une amie, Davia Maria Leccia, dans l’entre-deux tours des élections législatives qu’elles ont proposé à la signature de partis politiques, syndicats, associations et personnalités2. Une réaction saine de jeunes corses qui nous laisse des raisons d’espérer en l’avenir.
Pour commencer, dis-nous ce que tu fais aujourd’hui ? Où en es-tu de tes études ?
Aujourd’hui je suis étudiante en sciences politiques, je termine juste ma seconde année de Bachelor.
Surprenante opportunité qui t’a menée au métier d’actrice… comment as-tu vécu cette expérience de faire partie d’une équipe de tournage ?
J’ai adoré, c’était une expérience hors du commun et humaine par-dessus tout. Et puis on a tendance à penser que l’équipe se limite à ce que l’on voit à l’image mais elle est bien plus vaste que ça. Ce qui m’a frappé et plu par-dessus tout, c’est la façon dont les différents postes travaillaient, s’agençaient dans le processus de création.
Ta rencontre avec Thierry de Peretti ?
Nous nous sommes rencontrés lors du 3e tour de casting il me semble. Il m’a fait improviser et il jouait lui aussi ; Julie Allione, la directrice de casting, filmait. Puis nous avons travaillé ensemble pendant 2 ans, il m’a appris énormément et m’a fait découvrir beaucoup de choses dont le jeu.
Le film a-t-il été bien accueilli à Cannes ? Comment as-tu vécu ce moment ?
Oui très bien ! C’était très fort puisqu’il s’agissait de la première projection publique. Pour ma part, j’avais vu le film une semaine avant mais on ne regarde jamais le même film, certainement pas lorsqu’il y a du monde autour. Il y avait quelque chose de très fort dans les réactions des gens, les entendre rire ou bien se taire c’était les entendre recevoir.
Au-delà de ça, c’était aussi les retrouvailles avec une grande partie de l’équipe ! Et puis dans la salle il y avait certains proches présents pour l’occasion ! Tous ces éléments combinés ne pouvaient que donner quelque chose de fort !
Alors que le film commence à être découvert dans les salles, y compris en Corse, te voilà propulsée aussi au niveau médiatique… comment tu gères ?
Je ne saurais pas vraiment répondre je réponds aux questions que l’on me pose lorsque je les juge intéressantes.
Qui est Antonia… qu’est-ce qui te lie à elle pour que tu sois finalement retenue pour le premier rôle ?
C’est plus à Thierry qu’à moi de répondre à cette question. Je suppose que nous sommes toutes deux définitives et catégoriques et on nous accuse toutes deux, à tort, d’être de mauvaise foi.
Tu t’intéresses à la politique, et on vit des bouleversements en ce moment… Les gens doutent, on assiste à la montée des extrêmes, on vit une crise de régime en France et l’Europe vit aussi des crises multiples, la guerre est à nos porte… comment tu vis tout ça du haut de tes 21 ans ?
Je suis très inquiète comme beaucoup, les jeunes et les moins jeunes d’ailleurs sont autour de moi majoritairement dans mon cas. Cette polarisation extrême est très dangereuse pour les minorités, pour la démocratie, pour les gens et pour la Corse. Il ne s’agit que d’une instrumentalisation très adroite de la méconnaissance. Un beau programme aux envergures faussement sociales véritablement dangereuses. Qui loin de venir en aide aux plus défavorisés joue avec la peur pour instaurer le plus autoritaire des régimes démocratiques.
Tu as pris justement avec des amis l’initiative d’une Tribune entre les deux tours des élections législatives. Pourquoi ? Quelle suite attendez-vous ?
Notre tribune avait un double objectif : celui d’informer sur les risques d’une telle élection et ses enjeux, de décortiquer le programme du RN de façon à tenter de conscientiser au mieux. Et celui d’unir en Corse, derrière cette menace qu’est l’extrême droite, le plus d’organisations politiques, syndicales, associatives et de personnalités que possible.
Quels sont tes projets ? Va-t-on te revoir dans les salles ?
Seul dieu le sait… •