Le 9 mai 2023, le Parlement européen a voté à une très large majorité (564 voix pour, 14 contre) le rapport que j’ai présenté qui demandait à l’Union européenne d’activer une stratégie macro-régionale en Méditerranée. Depuis, avec l’appui de Nora Mebarek (rapporteur pour avis en commission Pêche), et de Younous Omarjee, président de la commission REGI qui a porté cette initiative, une démarche chemine pour que ce projet se concrétise.
Première étape en juillet 2023 quand lors d’un voyage d’études à Marseille de la commission REGI, une réunion a eu lieu entre les porteurs du dossier, moi-même, Younous Omarjee et Nora Mebarek, et le président de la région Renaud Muselier.
Rendez-vous est alors pris pour les sixièmes rencontres du réseau « Méditerranée du Futur » organisées à Marseille le 22 septembre 2023, en résonnance avec le voyage du pape François annoncé à Marseille pour porter le message du Vatican sur la tragédie des migrants et lancer un appel à la coopération des deux rives du Mare Nostrum.
L’organisation de ces rencontres avait placé au cœur de ces journées le thème de l’accès à l’eau qui préoccupe tous les gouvernants des deux rives et montre par l’exemple qu’un même problème appelle des solutions collectives. Et comment apporter des solutions collectives sans organiser une réflexion et une action communes ?
Aussi la seconde table ronde organisée l’a été sur le thème de ce projet d’une macro-région en Méditerranée. Il a été plébiscité par les discours des présidents de régions européennes présents, Renaud Muselier pour la Provence, Carole Delga pour l’Occitanie, Nanette Maupertuis pour la Corse, ou représentés, comme Père Aragonès par Meritxell Serret pour la Catalogne, venus avec l’objectif de soutenir le projet. Les présidents d’autres régions étaient représentés (Andalousie, Calabre, Toscane). Ils ont uni leur voix à ce concert européen, tandis que les participants venus de Tunisie, Algérie, Maroc, Liban, Israël ont tous tendu une oreille intéressée. En effet, la stratégie macro-régionale est un outil des politiques européennes qui peut être ouvert aux pays du voisinage non européens. Ainsi en mer Baltique, la Norvège et la Russie participent eux aussi ; dans les Alpes, la Suisse est membre à part entière ; et, en Méditerranée, le projet est d’entraîner les pays et entités administratives du sud et de l’est dans l’action commune.
L’effet de cette rencontre s’est mesuré aux évolutions des déclarations du commissaire européen Margaritas Schinas. Sa présence montrait déjà que la Commission européenne prêtait attention au projet mis en avant au Parlement européen. Le très fort appui des présidents de Région dans leurs interventions a fait évoluer cet intérêt, d’abord exprimé prudemment dans son allocution liminaire, puis qui a évolué en un franc soutien lors de la conférence de presse qui s’est tenue ensuite.
Son discours préparé avait évité de parler de stratégie macro-régionale, tout en soutenant la coopération au sein de l’espace méditerranéen. Son intervention improvisée devant les journalistes en a fait largement état, apportant tout son soutien à la démarche, et un engagement ferme pour la faire progresser.
La Méditerranée fait face à de multiples défis environnementaux en raison du réchauffement climatique qui va l’impacter particulièrement, plus que les autres territoires de l’Union européenne. En prenant l’initiative d’une stratégie macro-régionale en Méditerranée comme c’est sa responsabilité de le faire, l’Union européenne permettrait d’organiser la réponse des collectivités, des États, et des régions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, en anticiper les effets, et adapter les politiques pour répondre efficacement aux défis posés.
Ce 22 septembre à Marseille, quatre mois après le vote du Parlement européen, l’évènement des rencontres « Méditerranée du Futur » a largement contribué à faire avancer le projet. La Commission européenne est un partenaire-clef pour cela et, sous la pression conjuguée des présidents des régions concernées, les États seront poussés à s’y engager eux aussi. D’autres étapes seront nécessaires, mais le projet prend corps. Il a désormais un nom : « Méditerranée du Futur ». •