Europe, Ukraine, Russie

Les conditions d’une nouvelle escalade sont réunies

Manifestation de soutien au peuple ukrainien
Un an après le déclenchement de l’offensive de l’armée russe pour prendre le contrôle de l’Ukraine, la situation reste toujours aussi tendue. Le Président Volodymir Zelenski était en tournée des capitales européennes pour consolider ses soutiens et solliciter la fourniture d’armements plus efficaces contre la puissance de l’armée russe. Devant le Parlement Européen jeudi 9 février, il a harangué l’Europe pour le soutenir jusqu’à la victoire finale de l’Ukraine.

 

 

Avec l’hiver, le front s’est stabilisé là où l’armée russe avait consolidé ses avancées en territoire ukrainien. Défaite lors de son offensive vers Kiyv, repoussée de Kharkiv, de Kherson et de plusieurs villes du nord-Est alors qu’elle y avait établi son occupation, et officialisé l’annexion de ces territoires par une procédure de referendum alibi, l’armée russe, avec le concours des supplétifs du groupe Wagner, a cessé de reculer, et elle engage à nouveau les combats de manière offensive. Après de violents assauts où les mercenaires de Wagner ont été particulièrement engagés, une ville, Soledar, a cédé, fragilisant la défense ukrainienne sur cette partie très dure du front entre les deux armées. Avant que le printemps et la fonte des sols gelés ne s’installent, et alors que le premier anniversaire du déclenchement des hostilités par les russes est imminent, le gouvernement ukrainien s’attend à une nouvelle offensive de grande ampleur.

 

Face à cette armée russe qui reste une armée surpuissante et suréquipée, largement supérieure à celle d’Ukraine en moyens aériens, en missiles de longue portée, et en puissance de feu sur le front au sol, l’armée ukrainienne n’a qu’un objectif : obtenir de ses alliés occidentaux, USA, Royaume Uni et Europe, la fourniture de nouveaux armements capables de rivaliser.

D’où les demandes pressantes du Président Ukrainien pour obtenir davantage de canons de longue portée qui, couplés avec une organisation du renseignement efficace, permettent d’atteindre des cibles militaires éloignées, convois de ravitaillement en armes ou zones de tirs visant les lignes ukrainiennes, ce qui permet au front de tenir pour l’essentiel. Mais la menace d’une nouvelle offensive terrestre appelle la nécessité de disposer d’autres chars de combat que ceux qui ont été laissé en héritage par l’ancienne armée rouge à l’armée ukrainienne, ou ceux récupérés sur les troupes russes lors des précédents combats. Mais chaque nouvelle livraison d’armes occidentale est un pas de plus vers une escalade du conflit, et les coûts, économiques comme politiques, sont de plus en plus élevés.

Sur le terrain économique la guerre à distance entre la Russie et les alliés de l’Ukraine ressemble de plus en plus à un match nul. Privée de gaz russe, l’économie européenne fait front et la montée des prix de l’énergie ne l’a pas affectée outre mesure. D’un autre côté les sanctions occidentales qui étaient présentées comme dissuasives peinent à démontrer leur efficacité. Poutine a trouvé des alliés sur la scène internationale pour les atténuer ou les contourner, et il continue son expansionnisme en Afrique.

 

Au-delà du front militaire où se déroulent les combats, du front économique où s’affrontent la Russie et les alliés de l’Ukraine, le troisième front est celui de la guerre secrète. Plusieurs oligarques en rupture avec Poutine sont décédés de mort subite un peu partout dans le monde, démontrant sa capacité opérationnelle. La cible numéro un du FSB, de Wagner et des autres est bien sûr le Président Ukrainien menacé d’un attentat à tout moment. Ses déplacements largement médiatisés aux États Unis, puis au Royaume Uni et en Europe sont à chaque fois une prise de risque importante. L’autre volet de la guerre secrète, semble-t-il à l’avantage de l’Ukraine grâce à ses alliés, est celles des satellites et des communications qui leur permettent d’anticiper et de frapper en temps réel chaque fois qu’une nouvelle menace se déploie.

Si Zelenski prend des risques en se déplaçant pour mobiliser ses alliés, c’est que la menace lui semble imminente, tandis que Berlin, détenteur des chars qui lui sont nécessaires, Paris qui tergiverse souvent, Washington qui refuse d’être considéré comme co-belligérant si les armes fournies venaient à être utilisé en sol russe ou biélorusse, semblent hésiter encore.

Mais son discours est clair : sans armements suffisants, l’armée ukrainienne perdra la guerre, et l’expansionnisme russe en Europe, ainsi que ses déclinaisons militaristes en Afrique et ailleurs, ne feront que croître et embellir sans plus jamais rencontrer de véritables résistances sur le terrain si l’Ukraine est anéantie.

 

La guerre d’Ukraine entre dans son deuxième acte. Même si le sort des armes lui a été moins favorable que prévu lors de l’acte I, le bilan est là, qui conforte la position de Poutine : l’armée russe a conquis et exerce son administration sur 20 % du territoire ukrainien. Et son intention est bel et bien de continuer une guerre dont l’issue est essentielle au maintien de son statut de « grande puissance ». À l’Europe et aux États Unis d’en prendre acte avant qu’il ne soit trop tard. •

François Alfonsi.

 

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