Turquie, Espagne

Un bien maussade dimanche électoral

Turquie

La réélection de Recip Teyyip Erdogan était acquise depuis le premier tour où il avait déjà atteint un score de plus de 49 %. Le ralliement du troisième homme, un nationaliste turc anti-kurde, ne pouvait qu’assurer sa réélection. Finalement il obtient 52,2 % ce qui n’est pas un score flatteur. Mais il est suffisant pour obtenir de rester cinq ans encore à la tête de la Turquie.

Pour son opposant Kemal Kiliçdaroglu, le score final conforte sa démarche d’union démocratique plutôt largement soutenue, avec ses scores les meilleurs dans les régions majoritairement peuplées par les Kurdes. Mais il n’a pas réussi à enrayer la dérive autoritaire d’Erdogan, qui s’est exprimée durant toute la campagne par la monopolisation des médias à son profit, au point de fausser manifestement l’issue du scrutin.

Que résultera-t-il de ce nouveau mandat de cinq ans pour celui qui règne en autocrate depuis vingt ans sur la Turquie ? Sa difficile réélection montre qu’il est en perte de vitesse. Deux réactions sont possibles : le choix d’une certaine circonspection désormais dans les politiques à venir, ou au contraire, la fuite en avant. Ou encore les deux : plus de circonspection dans ses choix économiques qui ont troublé tous les experts internationaux, et causé une inflation extrême, et encore plus de férocité contre l’opposition interne, particulièrement contre le peuple kurde.

Le risque est réel d’une invasion turque dans le Kurdistan syrien et dans le Kurdistan irakien. La solidarité internationale n’en est que plus nécessaire pour sauver ce qui peut encore l’être des droits de l’Homme et de la démocratie au Moyen Orient.

 


 

Espagne

Commençons par la seule éclaircie offerte par les élections qui ont eu lieu dimanche en Espagne, élections régionales dans plusieurs autonomies du pays, et élections municipales. Elle nous vient de Galice où le Bloque Nacionalista Gallego d’Ana Ponton a obtenu des résultats remarquables. Trente mairies ont été gagnées par le parti indépendantiste membre de l’ALE, qui a fait d’importants gains en voix dans toute la Galice. Parmi elles, la mairie emblématique de Santiago de Compostela dont la future mairesse, Goretti Sanmartin, avait reçu notre délégation en septembre dernier avec Pierre Savelli, maire de Bastia.

Au Pays basque, où avaient lieu aussi les élections municipales, les nationalistes ont maintenu leur position dominante sur la scène politique de la communauté autonome d’Euskadi, avec un avantage à EH-Bildu qui a obtenu le plus grand nombre de conseillers municipaux désormais. Mais le PNV résiste bien, notamment dans sa place-forte de Biscaye.

Par contre, en Catalogne, les résultats sont décevants pour le mouvement indépendantiste dont toutes les composantes perdent du terrain. Cependant le coup est beaucoup moins rude pour Junts qui résiste bien, et dont le candidat à Barcelona, Xavier Trias, finit en tête du scrutin, avec une chance d’être élu maire. Par contre, ERC connaît un recul très important, passant de 800.000 à 500.000 voix entre deux scrutins comparables. L’abstention a été très forte, montrant le désarroi du mouvement indépendantiste dans son ensemble.

Autre déception majeure, la défaite du gouvernement sortant des îles Baléares formé par une alliance entre la gauche (PS et Podemos) et les partis de l’ALE, Mès per Majorca et Mès per Minorca. Ceux-ci ont maintenu leurs sièges, mais l’effondrement de la gauche radicale a permis la victoire de la droite Partido Popular allié à l’extrême droite Vox qui progresse aux Baléares comme dans l’ensemble de l’Espagne.

Dans de nombreuses autres régions d’Espagne, la gauche au pouvoir à Madrid a perdu les élections : Pays Valencien, Andalousie, etc. Aussi le premier ministre socialiste Pedro Sanchez a-t-il décidé de convoquer des élections législatives anticipées en juillet, quelques mois avant le terme prévu en décembre.

Ces élections législatives vont être capitales pour tous les partis de l’ALE et les autres partis nationalistes d’Espagne. •

F.A.