Roberta Metsola

Une conservatrice élue présidente du Parlement Européen

Le 18 janvier, les députés européens ont désigné Roberta Metsola pour succéder à David-Maria Sassoli, mort une semaine plus tôt. L’alliance libre européenne a rendu un hommage au démocrate décrit comme « un président ouvert d’esprit et pro-européen », salué pour son geste envers les députés catalans Carles Puigdemont et Toni Comin reconnus comme députés européens le 6 janvier 2020 malgré les pressions du groupe conservateur. La députée maltaise de 43 ans, jusqu’ici vice-présidente du Parlement, est la troisième femme à présider l’institution européenne après Simone Veil et Nicole Fontaine.

 

Roberta Metsola a remporté l’élection au premier tour recueillant la majorité absolue des voix soit 458 voix sur 690. Candidate du groupe PPE (droite conservatrice) avec le soutien des sociaux-démocrates (S&D) et des libéraux centristes (Renew) selon les accords d’alternance gauche/droite lors des élections de mi-législature, elle était opposée à la Suédoise Alice Bah Kuhnke du groupe Vert/ALE (écologisme/régionalisme) et l’espagnole Sira Rego du groupe GUE/NGL (centre gauche/gauche radicale). Elle a rendu un hommage à David Maria Sassoli en précisant l’orientation de son mandat : « La première chose que je souhaite faire en tant que Présidente, c’est de penser à l’héritage de David Sassoli : c’était un combattant, il s’est battu pour l’Europe et pour nous, pour ce Parlement. J’honorerai sa mémoire en défendant toujours l’Europe, nos valeurs communes de démocratie, de dignité, de justice, de solidarité, d’égalité d’État de droit et de droits fondamentaux. Je veux que les citoyens retrouvent un sentiment de croyance et d’enthousiasme pour notre projet… Nous devons lutter contre tous les discours anti-UE qui s’installent si facilement et si rapidement. La désinformation, qui a pris de l’ampleur durant la pandémie, nourrit le cynisme et les solutions faciles que sont le nationalisme, l’autoritarisme, le protectionnisme et l’isolationnisme. L’Europe représente tout le contraire. Il s’agit pour nous tous de défendre les uns et les autres, de rapprocher nos peuples. Il s’agit de défendre les principes de nos pères et mères fondateurs, qui nous ont fait passer des cendres de la guerre et de l’Holocauste à la paix, à l’espoir et à la prospérité. Il y a vingt ans, Nicole Fontaine a été élue, vingt années après Simone Veil. Nous n’attendrons pas à nouveau 20 ans pour voir une femme dans ce fauteuil. »

Présidente controversée, Roberta Metsola est eurodéputée depuis 2013. Elle présidera les débats du Parlement et devra s’assurer de son bon fonctionnement. Catholique pratiquante comme la majorité des Maltais, elle s’oppose au droit à l’avortement, toujours illégal sur l’île entrée au sein de l’Union Européenne en 2004. Élire une présidente assumant son opposition à l’avortement est un symbole fort dans une Union Européenne actuellement préoccupée par les mesures anti-avortement du gouvernement polonais conservateur, bien que n’ayant aucun pouvoir de remettre ce droit en cause. Elle s’est abstenue lors du vote d’une résolution sur les violences faites aux femmes en septembre 2021. D’autres sujets progressistes comme l’immigration ou encore les droits des LGBT trouvent cependant son soutien et celui de l’aile la moins conservatrice de son groupe. Parmi ses priorités, on compte la promotion de l’égalité Homme-Femme en Europe, la protection de l’environnement avec la compensation des émissions polluantes ou encore l’entrée en vigueur d’un salaire minimum européen. « J’espère que, venant d’un petit État membre, elle œuvrera à la construction d’une Union européenne des peuples et pas seulement des États, d’une Union Européenne et d’un Parlement Européen qui protègent et chérissent la diversité, également en matière d’utilisation des langues » a dit le président de l’ALE Jordi Solé.

Roberta Metsola dirigera le Parlement Européen avec l’aide de 14 vice-présidents jusqu’aux prochaines élections européennes en 2024. n

Pauline Boutet-Santelli