Le 15 juin prochain, si vous téléphonez, envoyez un message ou si vous vous connectez à internet depuis ou vers un autre pays de l’Union Européenne, les frais d’itinérance, ne seront plus surfacturés. C’est une réelle victoire pour le consommateur européen et une vraie réussite à mettre au crédit de l’Europe !
La poule aux œufs d’or
Depuis que la téléphonie mobile existe, les opérateurs téléphoniques européens n’ont cessé de surfacturer les appels, l’envoi de messages (SMS ou MMS) ou la connexion à internet vers et depuis un autre Etat de l’Union européenne, appelés ”frais d’itinérance”, arguant qu’ils devaient ”louer” le réseau du pays voisin et que cela avait un coût.
La réalité est tout autre, car les opérateurs téléphoniques ont menti honteusement. D’une part, il existe de grands groupes (Vodafone qui détient SFR par exemple ou Orange) qui sont présents dans de nombreux pays européens. Autrement dit, ils n’ont pas à ”louer” le réseau dans un autre pays puisqu’ils en ont un.
D’autre part, la surfacturation n’avait rien à voir avec le véritable coût de la location. On connaît l’histoire des textos facturés 15 centimes quand le coût de revient était inférieur à 1c, alors imaginez le coût de la location du réseau bien plus faible !
La surfacturation était, en réalité, la véritable poule aux œufs d’or des opérateurs qui ont pu engranger des profits colossaux, en grande partie reversés aux actionnaires et non aux consommateurs qui continuaient à payer le prix fort.
L’Europe qui régule !
Pendant des années, les opérateurs téléphoniques se sont gavés sur le dos des consommateurs et l’absence de marché unique européen dans la téléphonie mobile a permis de segmenter le marché en 28 marchés différents et d’offrir ainsi aux opérateurs des positions dominantes dont ils ont abusé ou bien s’entendre pour conserver leur précieux trésor. Faut-il rappeler l’amende d’un demi-milliard d’euros infligée à Orange, SFR et Bouygues Télécom pour une entente illicite dans la téléphonie mobile en France ? C’était au nom de la très controversée ”concurrence libre et non faussée” que l’Autorité de la Concurrence qui, appliquant le droit français, lui-même transcription du droit européen, avait sanctionné les 3 opérateurs français.
Et c’est au nom de ce même principe et des droits des consommateurs que Bruxelles a décidé d’agir et d’intervenir sur les frais d’itinérance. En décidant de mettre fin à la surfacturation de l’itinérance, Bruxelles fait ce pour quoi elle est utile et nécessaire : réguler l’économie dans l’intérêt des citoyens et des peuples européens !
Retrouver son espace naturel
La fin des frais d’itinérance est parfois vue comme un truc de ”riches”. Essentiellement, les classes moyennes, les catégories aisées et les cadres supérieurs partent en voyage à l’étranger et ont donc à payer des frais d’itinérance.
Certes, ce n’est pas faux ! Mais combien de Corses partent régulièrement en Sardaigne, en Catalogne, en Italie ou en Espagne pour la journée, un week-end, une semaine, avec l’école ou pour le travail ?
Mais la fin des frais d’itinérance fonctionne aussi dans l’autre sens ! Combien de Corses ont de la famille en Europe ? Qu’elle soit en Italie, au Portugal, en Allemagne ou ailleurs ?
Même si la majorité des communications vers/hors de Corse se fait probablement surtout avec le Continent, il n’y a aucune raison pour qu’un appel de Bastia vers Rome coûte plus cher que celui vers Paris, qu’un texto depuis Sartène revienne plus cher vers Porto que vers Brest, ou qu’un MMS de Bunifaziu coûte plus cher vers Santa Teresa Gallura que vers Lille !
La fin de l’itinérance est une opportunité historique de pouvoir communiquer avec toute l’Europe au même prix et c’est une chance de retrouver notre espace naturel.
La nation corse est à construire et sa place est en Europe et en Méditerranée. Cette décision de Bruxelles est un pas de plus vers notre auto-détermination en Méditerranée et en Europe!
Roccu GAROBY
Vice Président de l’Alliance Libre Européenne-jeune