La santé est un secteur extrêmement sensible du bienêtre des populations. Alors quand un groupe comme le groupe Maymard, avec son expérience de 80 ans, son professionnalisme et ses spécialisations, annonce son possible rachat, l’inquiétude peut raisonnablement s’emparer des décideurs du territoire concerné, a fortiori dans une île comme la Corse qui se trouve dans un contexte permanent où l’intérêt public s’oppose à la rentabilité économique du fait d’une démographie fluctuante en fonction des saisons. La Corse ne peut dimensionner tous ses besoins au fait que sa population multiplie par 7 l’été par un apport lié au tourisme ; et pourtant, elle doit veiller aux équilibres suffisants pour ne pas se trouver en difficulté et assurer les besoins de tous. C’est vrai pour d’autres secteurs économiques, comme le traitement des déchets, la dimension des infrastructures, la distribution électrique etc.
Le groupe Almaviva Santé vise au rachat du groupe Maymard. Pour le groupe Maymard, cette opération est probablement vitale, pour assurer une pérennité de son offre de soins et préserver les emplois. Reste que, comme toute situation de ce type, et plus encore lorsqu’il s’agit de santé publique, l’interventionnisme est de rigueur au niveau politique, pour s’assurer que les équilibres indispensables cités plus haut ne seront pas rompus et que le tout aussi indispensable impératif économique ne prenne pas le pas sur ceux-ci.
Un domaine donc où l’impérieux dialogue public-privé doit être de mise pour veiller aux équilibres de l’offre de santé globale.
Femu a Corsica est intervenue en ce sens dans un communiqué. • F.G.
«Le groupe Almaviva Santé, par un communiqué en date du 1er décembre, annonce être entré en négociation exclusive aux fins de racheter le groupe Maymard, premier groupe d’hospitalisation de Corse, qui compte 70 praticiens et 400 salariés.
La famille Maymard et notamment Ivan, récemment décédé, ont marqué l’histoire de l’île, notamment dans le domaine médical. Femu a Corsica salue la mémoire d’Ivan Maymard et réaffirme de façon générale son estime et sa reconnaissance à la famille Maymard.
Il appartient bien sûr aux propriétaires actuels de décider en toute liberté et en leur âme et conscience des modalités de poursuite de l’activité du groupe Maymard. Pour autant, et sur le principe, Femu a Corsica s’oppose avec force à ce qu’un groupe extérieur à l’île, propriétaire de 17 établissements en région Sud, et de 19 en Ile de France, puisse détenir, à travers le rachat projeté, une place majeure dans le secteur de la santé à Bastia et en Corse. Et ce, d’autant plus que cette opération n’est qu’une déclinaison supplémentaire d’une logique prédatrice d’ensemble, mise en œuvre par des grands groupes extérieurs à l’île, et qui menace tout le secteur de la santé, celui du médico-social, et de l’aide en faveur des personnes âgées.
La Corse a vocation à construire un système de santé moderne, performant, où les structures publiques jouent potentiellement leur rôle en faveur du droit à la santé pour tous (y compris à travers la création d’un CHU), et où les structures privées s’inscrivent dans un fonctionnement global cohérent avec la vision d’ensemble d’une société construite autour des valeurs de solidarité, d’entraide, et de justice sociale, pour les salariés et praticiens de ces structures comme pour leurs patients.
Ce combat est essentiel pour la Corse et son peuple. Femu a Corsica appelle la Collectivité de Corse, l’Etat, les structures publiques et privées et leurs institutions représentatives et syndicats à se mettre autour de la table et à poser un cadre global de discussion visant à mettre en œuvre ces principes pour structurer une offre de santé conforme aux intérêts de la Corse et des Corses. Une offre de santé qui doit, pour nous, interdire toute situation risquant de placer des pans entiers du système insulaire entre les mains d’opérateurs extérieurs à l’île et exclusivement guidés par la recherche du profit.
Femu a Corsica demande également que toute opération de rachat d’un établissement exixtant dans le domaine de la santé ou du médico-social par un grand groupe extérieur soit, dans l’attente de la définition de ce nouveau cadre interdite. » •