par François Joseph Negroni
La théorie des avantages comparatifs de l’économiste britannique David Ricardo a souvent été utilisée pour penser le développement des villes, des régions et des pays. Suivant son raisonnement, un territoire gagne à se spécialiser dans un domaine précis, car il ne peut pas être bon en tout, et à importer ce qu’il ne produit pas. Cependant, cette idée qui peut paraître pertinente, voire évidente, est tout à fait fausse et inadaptée à la réalité.
Ces dernières années, de nouveaux modèles de développement local émergent, comprennent mieux les réalités des territoires, et doivent nous inspirer. Il est ainsi développé qu’à l’inverse de la théorie des avantages comparatifs, une diversité économique est à la fois pertinente en création de valeur, mais est aussi considérée comme un antidote à l’urgence climatique, provoquant un effet multiplicateur qui se résume en trois points.
Tout d’abord, des impacts directs qui est la résultante de la valeur ajoutée du produit ou de la création d’emploi. Ensuite, des impacts indirects, qui regroupent les retombées générées par les achats et investissements du secteur, en direction d’un fournisseur local, par exemple. Enfin, des impacts induits, liés aux impôts et taxes versés du fait de l’activité de l’entreprise. Bien évidemment, pour ce troisième point, cela s’inscrit dans une logique de transfert de la fiscalité à travers un statut d’autonomie.
Seulement, pour espérer atteindre cette prospérité économique, il faut sortir de la logique actuelle, basée sur le tourisme et le phénomène spéculatif. Selon ces mêmes économistes, lorsqu’un territoire accroît ses exportations, son attractivité touristique et résidentielle, il devient compliqué pour lui de maintenir à un niveau intéressant son effet multiplicateur. Ainsi, si nous voulons planifier un avenir économique, qui répond à la fois à nos enjeux sociaux et environnementaux, il faut créer une véritable synergie, où chaque entreprise permet le développement et la croissance d’une autre, dans des secteurs comme les énergies renouvelables ou le numérique. Cela engendrerait de la création d’emplois, de richesses, et un impact environnemental maîtrisé car les importations seraient limitées et les émissions de gaz à effet de serre controlées. Tout doit être pesé, pensé pour créer un écosystème durable, vivable et viable.
Ce n’est pas pour rien qu’un bon modèle économique est souvent comparé à une forêt dense, où chaque arbre se complète avec l’autre pour former un tout. Comme quoi, la nature aura toujours le dernier mot. •