Originaire de Vàllica, un petit village niché au cœur de la région du Ghjunsani, Jean-René Castellani, 25 ans, est devenu maire en décembre 2023. Une trajectoire atypique pour ce jeune homme qui cumule les casquettes : exploitant agricole, entrepreneur, et désormais élu local. Rencontre avec un passionné qui incarne un renouveau rural prometteur.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis né et j’ai grandi à Vàllica, un village auquel je suis profondément attaché. Après un baccalauréat STAV (Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant) obtenu au lycée agricole de Borgu, j’ai poursuivi mes études au lycée agricole de Sartè, où j’ai obtenu un BTS en gestion forestière. En 2020, j’ai fait le choix de revenir m’installer au village en lançant mon entreprise de travaux forestiers. Puis, en janvier 2023, j’ai diversifié mon activité en devenant exploitant agricole, avec un élevage de 110 brebis laitières.
Pourquoi avoir décidé de vous présenter aux élections municipales ?
L’idée de m’investir pour ma commune me trottait dans la tête depuis quelques années. La démission de l’ancienne maire, Michèle Antoniotti, en septembre 2023, a précipité les élections anticipées. Le soutien des habitants a été décisif. J’ai senti qu’il était temps de m’engager pour développer Vàllica et en faire un village encore plus dynamique.
Quel était votre rapport à la politique avant de devenir maire ?
Je n’avais aucun lien avec la politique auparavant. Mon engagement est purement local : je veux faire avancer mon village et répondre aux attentes de mes administrés. C’est une démarche de terrain, pas une ambition politique au sens traditionnel du terme.
Votre début de mandature se passe-t-il bien ?
Oui, tout se passe pour le mieux. J’ai la chance d’être entouré par une équipe dynamique et motivée. Nous travaillons main dans la main pour mener à bien nos projets.
Rencontrez-vous des difficultés ?
Pas de difficultés majeures, si ce n’est l’adaptation aux charges administratives liées à la fonction de maire. Cela demande du temps et de la rigueur, mais on s’y fait rapidement.
Le fait d’être dans une commune rurale complique-t-il la tâche ?
Non, au contraire. Aujourd’hui, les mairies rurales sont bien équipées, avec des outils modernes comme la fibre optique. Les défis sont parfois différents de ceux des villes, mais ce n’est pas un frein.
Que diriez-vous à un jeune qui hésite à s’installer dans le rural ?
Je lui dirais de franchir le pas ! Revenir dans son village d’origine ou en choisir un pour s’y installer est une belle aventure. Cela permet de faire revivre les territoires, de valoriser le patrimoine familial et d’y développer une activité économique et sociale durable. Il faut encourager ces initiatives qui sont essentielles pour l’avenir de nos villages.
Comment voyez-vous la Corse d’aujourd’hui ?
La Corse est à un tournant. Il y a des défis importants à relever, que ce soit en matière de développement économique, de préservation de notre patrimoine ou de lutte contre la désertification rurale. Mais il y a aussi un potentiel immense. À mon échelle, je souhaite contribuer à maintenir une Corse vivante, ancrée dans ses traditions mais tournée vers l’avenir.
Un mot pour conclure ?
Soutenir nos villages, c’est soutenir l’âme de la Corse. Je crois en l’avenir du monde rural et en la capacité des jeunes générations à reprendre le flambeau pour perpétuer ce lien précieux avec notre terre. •
François Joseph Negroni.
Avec son énergie, sa vision pragmatique et son attachement à ses racines, Jean-René Castellani incarne une nouvelle génération d’élus locaux, résolument tournés vers l’action et le renouveau de leurs territoires. Une belle leçon d’engagement et d’espoir pour l’avenir de la ruralité insulaire.