DSP maritime

Un dossier épineux

L’Assemblée de Corse va se saisir lors de la prochaine session du dossier de la desserte maritime de la Corse à travers l’octroi d’une délégation de service public de 15 mois à peine. C’est là un énième résultat des errements subis depuis la liquidation de la SNCM en 2016, sa reprise par la Corsica Linea avec une DSP transitoire commune avec la Méridionale qui ne pouvait être prolongée au-delà de septembre 2019 sans passer par un appel d’offres en bonne et due forme.

 

L’Assemblée de Corse a voté pour la création d’une compagnie régionale selon le mécanisme des Semop (Société d’Economie Mixte Opérationnelle) qui ne pourra être opérationnel qu’à compter du 1er janvier 2021. La période transitoire 2019- décembre 2020 ne pouvait être réglée qu’à travers un nouvel appel d’offres.

A cet appel d’offres « ligne par ligne », trois compagnies ont répondu : Corsica Ferries, Corsica Linea et la Méridonale.

Ces lignes maritimes sont avant tout tournées vers le fret, le transport de passagers apportant un chiffre d’affaires complémentaire qui génère, selon le rapport de présentation des offres, un « coût net évité » correspondant à l’économie supposée par rapport à des cargos simples transportant la même quantité de marchandises.

La réponse de Corsica Ferrries manifestait l’intention de l’armateur bastiais de se positionner sur un marché jusqu’ici dévolu à la concurrence SNCM/CMN, devenus désormais Corsica Linea/ Méridionale. C’était certainement un lourd pari d’engager une mutation aussi substantielle de son activité pour une période aussi courte de délégation de service public. Mais on ne saura finalement rien de la proposition que Corsica Ferries aurait voulu développer car leur dossier n’a pas franchi le seuil de l’admission à concourir. Le motif soulevé par la Commission d’Appel d’Offres de la CdC, à savoir l’absence d’un support de type clé USB dans la réponse transmise, a été jugé suffisant par les tribunaux saisis par la compagnie évincée.

Les ex-alliés de la DSP sortante, Corsica Linea et la Méridionale, se sont positionnés comme concurrents désormais.

Manifestement Corsica Linea y était davantage préparée que la Méridionale dont l’offre a souffert d’insuffisances qui lui barrent la route des trois lignes finalement attribuées : la desserte du port d’Aiacciu depuis Marseille, celui du port de Bastia, et celui d’Ile Rousse.

 

La principale insuffisance est liée à la proposition faite vers Aiacciu car le navire que la Méridionale voulait engager sur cette ligne était loué à une société de navigation, la Stena Ro-Ro, qui s’est retirée quand il lui a été demandé de confirmer son accord. Ne pouvant confirmer la disposition des moyens navals affichés dans son offre, la Méridionale a été alors écartée du marché.

Sur Bastia et Ile Rousse les offres de Corsica Linea sont ressorties plus performante que celles de la Méridionale du rapport d’analyse des offres, avec d’importantes différences sur les compensations demandées.

Enfin les offres faites pour les ports secondaires de Prupià et Portivechju consistaient pour l’une et l’autre compagnie à doubler la demande de compensation par rapport à celle en vigueur actuellement. Cette dernière partie du marché a donc été déclarée infructueuse.

Dans une enveloppe de continuité territoriale qui a été plafonnée en euros depuis de nombreuses années, et dont le montant s’érode donc chaque année au rythme de l’inflation, le résultat de cet appel d’offres inquiète.

 

Sur les trois lignes retenues, les sommes demandées passent de 49 à 64 M€ annuels. Certes la période retenue compte deux trimestres de pleine saison et trois trimestres de saison d’hiver, ce qui dégrade mécaniquement la rentabilité du service. Mais cela ne justifie pas à lui seul 15 M€ de dérapage.

Et quand on constate que les sommes demandées sur les deux ports secondaires du sud, Prupià et Portivechju, excèdent de 20 M€ au total le montant prévu au regard de la convention en vigueur, on se dit qu’à ce rythme l’enveloppe des crédits disponibles ne pourra plus faire face !

 

F.A

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