Mondial de Football

À quand une finale Catalogne-Espagne ?

La finale France-Croatie a finalement tourné à l’avantage du favori, l’équipe de France, sacrée championne devant un milliard de téléspectateurs à travers le monde, audience colossale qui fait du football le seul sport véritablement planétaire. Mais les Croates ont impressionné et donné une image forte de leur nation dont, il y a trente ans à peine, le monde ignorait tout, y compris en Europe-même.

 

Il y a trente ans, à la veille de la chute du mur de Berlin (1989), la Yougoslavie était alors seule reconnue dans le concert des Etats. Sa capitale était Belgrade en Serbie, et l’Etat yougoslave n’était en fait que le paravent d’une domination par la force de la Serbie sur les autres Nations fédérées, Slovénie, Croatie, et Bosnie. Le conflit qui a suivi a débouché sur la naissance de quatre Etats nouveaux, la Serbie, la Slovénie, la Croatie, et la Bosnie Herzégovine, où la guerre fit particulièrement rage jusqu’en 1995. Une décennie plus tard, le Montenegro et le Kosovo se séparèrent à leur tour de la Serbie.

Le fait le plus paradoxal, si l’on se remémore cette période, est que si cela n’avait tenu qu’à l’action diplomatique de la France de François Mitterrand, allié notoire de la Serbie et principal soutien pour le maintien de l’ex-Yougoslavie, ce match de football France-Croatie n’aurait jamais eu lieu en 2018 ! Et la France n’aurait peut-être pas été championne du monde une seconde fois !C’est l’Allemagne, tout juste réunifiée, là encore contre l’avis de François Mitterrand, qui a été décisive pour permettre la révolution politique qui s’est produite dans les Balkans, soutenant l’idée que la seule façon de garantir la paix à long terme était de donner à chaque peuple la libre disposition de son destin. Aussi elle prit d’emblée le parti de reconnaître rapidement les nouvelles autorités slovènes et croates, et les nouveaux Etats qui en ont découlé.

Puis, au fil des ans, la Croatie a pris sa place, intégrant l’Union Européenne quelques années après la Slovénie. La Serbie, qui frappe elle aussi à la porte de l’Europe, tout comme la Bosnie, le Montenegro et le Kosovo, fera à son tour, à court ou moyen terme, partie de l’Union Européenne, comblant définitivement la séparation physique qui éloignait la Grèce du reste de l’Europe.

Vingt ans plus tard, les faits sont là qui donnent définitivement raison à la diplomatie allemande : la liberté des peuples a permis à la paix de s’installer, à chacun de choisir son destin, et d’élire démocratiquement ses dirigeants. La Présidente croate, Kolinda Grabar-Kitarovic, a fait forte impression dans sa tenue à damiers, et le monde a découvert le visage d’une démocratie souriante et chaleureuse, bien loin de l’image donnée par les années de guerre du début des années 90, et, surtout, à l’opposé de la vision « d’apocalypse » que les partisans de la Yougoslavie « une et indivisible », jacobins français ou politiciens madrilènes, prophétisaient dans leurs tribunes de presse.

Ce sont les mêmes qui se déchaînent aujourd’hui contre la revendication indépendantiste catalane. Mais qu’en sera-t-il dans les prochaines années ? Les responsables catalans ont pris la décision irréversible d’y arriver par le dialogue et la démocratie. Ils viennent d’être confortés par la décision judiciaire allemande de rejeter définitivement l’accusation de « rébellion et sédition » portée contre Carles Puigdemont.
Depuis le referendum du 1er octobre 2017, la Catalogne a emprunté un chemin qui ne s’arrêtera pas de sitôt. Il suivra celui de la Croatie, d’une façon ou d’une autre. C’est une question de temps, et de détermination de la part des Catalans.
Et comme les bons joueurs de football ne manquent pas en Catalogne, ils pourraient bien suivre le même parcours que les vaillants joueurs de l’équipe nationale croate !

François Alfonsi.

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