Ce mardi au Parlement le vote final pour l’adoption des ordonnances de la loi NOTRe sera acté. La difficulté du parcours, parsemé d’embûches en raison des tentatives d’obstruction de la droite parlementaire, a été surmontée grâce au sens de la réal-politique de le majorité territoriale, et grâce à la détermination du gouvernement, à travers son Ministre délégué Jean Michel Baylet et de quelques autres.
On sait par expérience que le chemin qui mène de l’engagement à la réalisation des promesses d’un gouvernement n’est jamais exempt d’embûches. Un compromis pour deux années avait été conclu entre le gouvernement et la nouvelle majorité nationaliste : la Collectivité Unique serait portée à son terme, et certains dossiers clefs, comme les arrêtés Miot, abordés avec un véritable volonté d’avancer. Ce qui a été obtenu pour les arrêtés Miot. C’est beaucoup plus mitigé concernant le rapprochement des prisonniers, même si la mobilisation de septembre dernier a accéléré bien des dossiers. Sur la langue corse on en reste à un statu quo à peine amélioré à la marge, mais, à cadre législatif constant, il était difficile d’avancer réellement. Sur l’énergie, la volonté d’aller de l’avant a été manifestée lors des déplacements répétés de Ségolène Royal en Corse. Le dossier est de long terme, mais les avancées sont sensibles.
C’est donc le sentiment d’une satisfaction raisonnablement partagée qui domine à l’issue de ces quinze mois de relations entre un gouvernement socialiste qui avait à cœur de laisser une trace positive sur le dossier corse, et un Exécutif nationaliste qui devait démontrer sa capacité à gouverner de façon pragmatique les affaires de la Corse.
Car le terrain était très glissant. Le chemin des ordonnances ouvrait la porte à tous les dérapages en termes de délais. On a vu à quel point le vote final intervient in extremis, à quelques jours près, alors que le Parlement termine sa mandature et que l’incertitude la plus complète existe sur la future majorité politique en France.
Mais la vigilance du rapporteur François Pupponi, intronisé « député corse de Sarcelles », et la mobilisation du Ministre et de ses services, ainsi que l’engagement sans arrière pensée de l’Exécutif de Corse, ont permis que tous les arguments dilatoires de la droite appuyée sur trois des quatre députés insulaires –« il faut un referendum », « il faut se donner plus de temps », « il faut une « loi-cadre », et autres balivernes soient écartés. Le calendrier parlementaire a été mis sous pression, y compris au Sénat où la majorité de droite a pratiqué l’obstruction systématique. Le Ministre y a même fustigé les « faux-culs » en visant notamment une droite insulaire résolue à faire perdre la Corse pour mieux complaire à un hypothétique futur pouvoir de droite.
Mais plus que la fin d’un combat politique qui, pour l’essentiel, s’est joué dans les coulisses, le vote sur les ordonnances marque la fin d’un cycle. Elue pour deux ans, la majorité territoriale était au banc d’essai quant à sa capacité à assumer les responsabilités. Les bilans seront fait dans quelques mois, mais son crédit sort renforcé de cette négociation sur les ordonnances. Le peuple corse a compris qu’il était mieux défendu et mieux entendu avec des élus nationalistes, contrairement à certains préjugés qui avaient cours jusque là. Cette crédibilité renforcée sera précieuse pour améliorer encore nos positions dans les mois qui viennent –législatives-, et lors des élections territoriales prévues en décembre prochain.
Désormais une période de vacance politique s’ouvre. La campagne présidentielle française entre dans sa phase effective, le gouvernement n’a plus qu’à expédier les affaires courantes, et, durant quatre mois, de mars à juin, tout sera focalisé sur les campagnes politiques, présidentielle puis législative.
Qu’en sera-t-il après ? La Collectivité Unique sera un plus car elle enlèvera au camp de la « contre-réforme » l’espace politique des deux Conseils départementaux sur lequel il prospère encore. Un nouveau cycle s’ouvrira, plus long, et bien plus déterminant pour l’avenir car il devra faire avancer le dossier fondamental de l’autonomie de la Corse.
Notre « longue marche » pour l’émancipation du peuple corse continue !
François ALFONSI