Cap'artìculu

Calendrier politique chargé dans un climat sanitaire pesant

Nous entrons dans une nouvelle séquence politique à forts enjeux, avec, au bout du parcours, en mai 2022, les présidentielles, puis les législatives. Entretemps auront lieu les territoriales en Corse et les départementales et régionales dans le reste de l’Hexagone, en mars prochain, dans six mois à peine. Au sortir d’un premier semestre « Covid-19 » qui a mis le scrutin municipal sous pression sanitaire, la rentrée politique est encore marquée par les incertitudes liées au virus, en France comme en Europe et dans le reste du monde.

 

 

Aussi, les forces politiques sont comme en apesanteur, à l’image de la traditionnelle enfilade des Universités d’été des partis, en formats réduits cette année en raison de la lutte contre la propagation du Covid-19. Cependant les grandes manœuvres ont commencé, sur la base d’un paysage politique issu des résultats des européennes et des municipales qui ont suivi quelques mois plus tard.

Les grands gagnants de cette séquence ont été les écologistes. Yannick Jadot a démenti les pronostics qui voyaient Europe Écologie Les Verts en force réduite sous les dix pour-cent. Avec 13,5% et treize députés européens sur 79, les écologistes sont certes restés derrière le Front National et le parti macroniste, mais ils se sont incontestablement qualifiés pour la phase finale des futures joutes électorales.

Leur succès s’est largement amplifié lors des élections municipales de mars et juin dernier. Leurs victoires dans les plus grandes villes, de Marseille à Strasbourg, Annecy, Poitiers, Lyon, Besançon ou Bordeaux, et d’autres encore, les ont confortés et même davantage, car ils accèdent ainsi au rang de « parti institutionnel », fort de « grands élus » sur le terrain et donc d’une reconnaissance politique renforcée. C’est désormais autour d’eux que se structure le débat politique pour qu’émerge une force d’opposition à Emmanuel Macron qui s’est très clairement positionné à droite au détriment des formations traditionnelles comme Les Républicains.

Le scénario des présidentielles est simple, avec Marine Le Pen qui stagne dans les pourcentages, mais qui ne recule pas : celui qui arrivera devant les autres sera opposé à la toujours patronne du Rassemblement National au second tour, puis, avec le soutien « républicain » de tous les éliminés du premier tour, il aura les plus grandes chances de l’emporter. Pour ce rôle de « numéro deux gagnant », Emmanuel Macron est en pôle-position, la droite traditionnelle peine à lui désigner un challenger, et la gauche tourne autour des écologistes pour dégager une solution alternative crédible.

L’alliance des élections européennes entre EELV et R&PS nous permet d’avoir une entrée très limitée dans cette recomposition en cours, les partis autonomistes et leur fédération R&PS en étant réduits à un rang d’observateurs tant la présidentielle occupe principalement les esprits. Lors des diverses « journées d’été », il n’a pour ainsi dire jamais été question des régionales et départementales qui auront pourtant lieu un an avant la Présidentielle. L’évolution du Statut de la Corse, et celle plus générale de la France vers un modèle fédéral avec des autonomies réelles pour représenter les territoires à forte identité, ne seront des sujets du débat politique qu’à condition d’avoir dégagé une force suffisante pour les mettre en avant. Pour l’heure, on en est très loin. Et c’est le scrutin de mars 2021 qui sera le tremplin pour y parvenir.

En Corse, l’enjeu est de conserver la tête des institutions dans l’Ile. Pour cela il faudra à Gilles Simeoni surmonter le « seul contre tous » dont les récentes élections aux intercommunalités et au Syvadec ont donné un avant-goût. Mais, en fait, dépassant les calculs politiciens, la question posée au peuple corse en mars prochain sera simple et historique à la fois : souhaitez-vous poursuivre la route vers la reconnaissance du peuple corse et pour son autonomie pleine et entière ?

À nous de convaincre.