Avant d’être Ministre des Affaires Européennes, Nathalie Loiseau, tête de liste La République en Marche aux élections européennes, était la directrice de l’ENA, le saint du saint de la France macroniste et jacobine. L’avoir choisie pour porter le projet politique européen du Président de la République est en soi un signal fort. Après avoir pris position contre la ratification de la Charte Européenne des Langues Régionales, voilà qu’elle s’en prend aux 41 sénateurs qui ont adressé un soutien aux dirigeants catalans emprisonnés. Une caricature de « première de cordée » dont il faut attendre le pire !
Ce week-end, à quatre jours de la venue en Corse d’Emmanuel Macron, sur fond d’Isula Morta pour dénoncer la fermeture totale de son gouvernement au revendications portées par la majorité nationaliste de l’Assemblée de Corse, le « temps fort » de la politique française a été la présentation de la liste du parti présidentiel à l’élection européenne.
Nathalie Loiseau, la tête de liste qu’il a choisie, opposante notoire aux Langues Régionales et soutien inconditionnel de la droite étatique anti-catalaniste en Espagne, donne le ton, ce qui en dit long sur les intentions d’Emmanuel Macron pour l’Europe comme pour la Corse !
La scène se passe sur un plateau de télévision de la télévision régionale de Bretagne, l’équivalent de Via Stella. Le journaliste David Revault d’Allones, éditorialiste du Journal du Dimanche, interroge celle qui est encore Ministre des Affaires Européennes, fin 2017.
Question du journaliste : « pourrait-on imaginer que l’Assemblée de Corse aille directement négocier avec l’Union Européenne sans passer par l’Etat ? » Réponse, sèche et définitive : « Non, on ne négocie pas à la place de l’Etat. »
Le journaliste enchaîne sur les langues régionales. L’accueil est tout aussi glacial : « Ce n’est pas une priorité ». Il insiste, et reçoit comme réponse une diatribe : « quand on est face au changement climatique, quand on est face à la régulation de la mondialisation, quand on est face à la lutte contre le terrorisme, on ne se disperse pas. » Le journaliste reste interloqué : « les langues régionales c’est de la dispersion pour vous ? » Réponse : « dire que c’est le combat que l’on va porter au niveau de l’Europe, la réponse est non ».
Sur la Catalogne, elle a aussitôt appuyé la position de l’ambassadeur d’Espagne, brûlant même la politesse à Manuel Valls, quand 41 sénateurs issus des différents groupes (y compris LREM) ont rendu public un manifeste en soutien « aux 12 dirigeants indépendantistes actuellement jugés à Madrid pour la déclaration d’indépendance du 27 octobre 2017 ». Ce manifeste argumente contre les « répressions dont sont victimes des élus légitimes, représentants élus de la Generalitat de Catalogne, emprisonnés ou forcés à l’exil pour leurs opinions dans l’exercice des mandats que leur ont confiés les électeurs ».
Nathalie Loiseau dégaine aussitôt : « Aucun parlementaire n’a à s’immiscer (…) c’est un sujet qui relève de la responsabilité de l’Espagne ».
On aura compris que le choix de Nathalie Loiseau par Emmanuel Macron n’est pas le fait du hasard : elle est dans la ligne idéologique fixée par le chef de l’Etat qui a déjà fait savoir qu’il entendait lier sa politique européenne à la formation Ciutadanos, la droite dure espagnole, en lien avec l’extrême droite franquiste du groupe Vox avec lequel ils ont déjà fait alliance en Andalousie.
Appliquée à l’Europe, cette ligne idéologique n’annonce rien de bon : renforcement de l’Europe des Etats, et négation de l’Europe des peuples et des Régions.
En Corse, voter pour la liste d’Emmanuel Macron et Nathalie Loiseau, c’est donc directement voter contre la langue corse et contre l’autonomie de la Corse.
Et cela vaut aussi pour tous les territoires qui aspirent à plus d’autonomie et à la fin de la France jacobine.
Les écologistes, depuis de nombreuses années, ont compris que la Corse devait évoluer vers l’autonomie et ils ont anticipé les changements politiques survenus qui ont donné une majorité absolue à Gilles Simeoni aux dernières élections territoriales. D’où l’accord avec RPS et ma présence en position éligible sur leur liste. C’est le seul vote possible pour aller dans le sens de l’avenir de la Corse.
François Alfonsi.