Enfin !

Femu a Corsica en Congrès le 2 décembre

La discorde au sein de Femu a Corsica est de notoriété publique et elle a déjà provoqué bien des oppositions au sein même du PNC. A tel point que la direction actuelle s’est recroquevillée autour d’une démarche qui a progressivement remis en cause ce qui avait été voté fin 2017, tant lors de l’AG du PNC lui-même que lors de la réunion du 15 octobre 2017 par laquelle avaient été adoptés, par plus de mille militants réunis à Corti, des statuts et une charte éthique pour la création d’un seul « parti de gouvernement », Femu a Corsica, par la fusiondissolution des trois structures préexistantes, Inseme pà a Corsica, Chjama Naziunale et u Partitu di a Nazione Corsa, et par l’accueil des apports nouveaux formant la « diversité du parti ».

Après plus d’une année d’obstruction et de résistance passive puis active opposée par la direction du PNC, ce qui avait gelé de facto la création du nouveau parti pourtant décidée il y a un an, Gilles Simeoni a décidé de passer outre et de lancer un cycle de réunions dans les régions, tout en arrêtant une date définitive, celle du dimanche 2 décembre 2018, où seront installées les nouvelles instances du parti. Depuis le 15 octobre 2017, et la victoire électorale éclatante qui a suivi en décembre, chacun observait les rendez-vous annoncés sans cesse repoussés, et en déduisait que la mise en place effective de ce nouveau parti n’avançait pas. Jusqu’à l’AG du PNC en juin qui a rendu publique une position de blocage, affirmant que la structure PNC devait rester en place et Femu a Corsica demeurer une simple coalition.

Cette position, en totale opposition avec la volonté exprimée par ceux qui avaient adopté les statuts votés en octobre 2017, ne peut être acceptée. La volonté qui doit primer est celle de ceux qui, très nombreux, ont adopté le projet du nouveau parti. Ce nouveau parti peut se faire avec le PNC, sans le PNC ou même contre le PNC. Mais il ne peut pas « ne pas se faire ». C’est ce que Gilles Simeoni avait exprimé dans un courrier adressé au PNC au moment de son Assemblée Générale. Et c’est ce qu’il a confirmé lors de la première étape du cycle de réunions engagé à Aiacciu le 8 novembre. Le scénario « avec le PNC » était celui que tous les militants espéraient. Le scénario « sans le PNC» s’est progressivement imposé après l’été. Va-t-on aller plus loin ?

La direction du PNC a en effet adressé aux militants de Femu a Corsica une « contribution » qui fait peser la menace d’une « crise politique au sein du mouvement national ». Elle argumente sur des questions de pure forme, et de classique mauvaise foi : «pas de concertation », alors que les réunions se sont enchaînées, procès en victimisation et accusation de «manoeuvre unilatérale ». Bref elle développe un arsenal polémique traditionnel, prémisse d’un raidissement qui ne peut conduire qu’à la groupuscularisation.

Sur le fond, la direction du PNC exprime en effet une attitude de refus clairement formulée.

Elle refuse de confronter sa proposition d’une structure « fédérale », maintenant les partis actuels contrairement aux statuts déjà adoptés, au vote des militants. Et elle annonce « une communication dès les prochains jours (…) tirant toutes les conséquences (…) sans la moindre équivoque ». Le scénario qui s’annonce est donc celui de la polémique. La question politique posée par ce refus est celle d’une démarche qui devra malgré tout se hisser à la hauteur des enjeux historiques. Ce qui s’est passé en décembre 2017, 56,5% des Corses apportant leurs suffrages à la liste conduite par Gilles Simeoni, ne doit en aucun cas être relativisé : le peuple corse a repris confiance en son destin collectif et il l’a exprimé par le vote. C’est un événement historique.

L’opposition sournoise de l’État, les pesanteurs d’une société corse en grande partie sclérosée par son passé claniste et parcourue par de multiples conflits d’influence, la nécessité aussi de secouer le conservatisme des structures du mouvement national lui-même, après cinquante années d’un parcours difficile, sont autant de défis qu’il faut relever. Pour cela, il sera indispensable de pouvoir déployer très largement l’immense potentiel que Femu a Corsica peut mobiliser.

Il serait impensable, au regard de l’Histoire de la Corse, que soit remis à plus tard la création du grand mouvement sur lequel nous avons engagé notre crédibilité face au peuple corse. Il en va de l’avenir démocratique du nationalisme corse.

François Alfonsi.

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