Il y a deux façons de perdre en politique : perdre des soutiens, ou perdre ses principes. Mais l’essentiel est de garder ses principes !
Car si, pour garder certains soutiens, vous en arrivez à les perdre, vous perdrez l’essentiel : la confiance des Corses.
Deux élus en vue de la majorité nationaliste l’ont illustré la semaine passée, Jean Félix Acquaviva et Lionel Mortini, le premier à l’Assemblée Nationale, le second dans la polémique qui secoue le monde agricole. L’amendement à la loi des finances que Jean Félix Acquaviva a déposé et fait voter en commission des finances de l’Assemblée Nationale contrarie les promoteurs. Il consiste à « exclure du Crédit d’Impôt pour les Investissements en Corse (CIIC), de manière explicite, la location de meublés saisonnière ». Sa portée est considérable, bien au delà du traitement très restreint qu’en a fait la presse insulaire.
Pour vous en convaincre vous pouvez par exemple consulter ici , un article alléchant ainsi résumé: «Le crédit d’impôt Corse a pour objectif d’aider les particuliers souhaitant acquérir un bien immobilier sur l’île de beauté et le destinant à une activité parahôtelière. En plus de bénéficier d’un crédit d’impôt pouvant atteindre 30% de la valeur immobilière du bien, les investisseurs pourront se constituer un patrimoine immobilier de qualité et profiter de revenus complémentaires. » Cet article l’illustre par un exemple parlant : un bien acquis 530.000 € équipements compris reviendra in fine 336.681 €, soit une subvention de près de 200.000 euros consentie par l’État à travers un crédit d’impôt ! Puis ce bien générera pour son acquéreur de lucratifs revenus locatifs saisonniers chaque été, au détriment des professionnels du tourisme insulaire.
Les bénéficiaires du CIIC corse sont ainsi recrutés massivement parmi les contribuables aisés dans toute la France pour alimenter une activité parahôtelière qui enrichit encore ces contribuables, sans même qu’ils aient besoin de mettre les pieds en Corse. Le mystère de la promotion immobilière qui s’emballe à Aiacciu, Bastia ou Portivechju, sans que jamais les prix ne baissent, est ainsi élucidé : les investisseurs qui en profitent sont subventionnés pour le faire ! Et ils ne sont pas corses, à quelques exceptions près, notamment certains promoteurs immobiliers. Ces exceptions insulaires ne manqueront pas de se plaindre de voir interrompu un business si lucratif pour leurs activités, mais si néfaste pour la Corse. Voilà d’influents et puissants soutiens qui seront probablement perdus. Mais le Crédit d’Impôt pour les Investissements en Corse, qui a été instauré jusqu’à 2020, si bénéfique pour le reste de l’activité économique, en sera conforté et pourra ainsi être prorogé naturellement. Et l’engagement que nous avons pris de soutenir une économie productive, et non une économie résidentielle spéculative, est désormais illustré par une initiative concrète et forte !
S’il y avait besoin d’un dossier pour illustrer l’intérêt d’avoir des élus députés nationalistes, la preuve en est désormais apportée.
Les positions fortes prises par Lionel Mortini dans le secteur agricole lui valent des attaques de plus en plus hostiles, exprimées sur les murs par des bombages, sur les réseaux sociaux, ou par des invectives lors de réunions animées. Il a réagi avec force à ces attaques en tant qu’invité de la rédaction lundi dernier sur RCFM.
Les nationalistes ont été élus pour développer une activité agricole productive, et non pour perpétuer une agriculture parasitaire uniquement justifiée par l’octroi de subventions improductives.
Certains en bénéficient de façon considérable sans rien justifier au plan des résultats économiques. Doit-on les soutenir coûte que coûte, au risque de perdre les moyens dont nous aurons besoin pour aider les professionnels dont les efforts pour développer leur production est réellement créateur de richesses nouvelles pour la Corse ?
C’est en fait tout l’enjeu du débat qui s’ouvre autour des contrôles européens en cours qui vont conduire à remettre à plat les aides aux exploitants lors de la prochaine période de la Politique Agricole Commune. Sans doute la majorité pourrait y perdre quelques soutiens, bien souvent de dernière heure, comme l’a souligné Lionel Mortini sur les ondes de RCFM.
Mais, par ses positions courageuses, elle aura gagné l’essentiel, et mérité la confiance des Corses qui l’ont élue.
François Alfonsi.